Il n’y a rien à dire, c’est bien une soirée de merde. On s’emmerde autant que dans un carrousel qui fonctionne pas. D’habitude c’est pas trop ton genre les soirées style projet X où il y a plein de bordel jusqu’au bout de la nuit. T’es plutôt soirée chill dans ton canapé à boire des coups avec tes potes.

Mais bon. Eh. De temps en temps, ça fait du bien de sortir un peu. T’es là, assise sur une commode, bière à la main, à regarder ces deux abrutis faire un concours de « qui à la plus grosse » au bière pong et tu ne pouvais t’empêcher de juger leur niveau exécrable. Au moins, il y en avait un des deux qui se démerdait à peu près bien, mais ça restait pitoyable. Mais bon. C’était la seule vraie animation de la soirée.


Toi t’étais là par un pote d’un pote qui t’avait invité à la soirée de son frère, un plan un peu foireux à la base, mais pourquoi pas ! Au final, t’avais posé ton cul sur la première commode que t’avais croisé pour t’assurer un siège et t’avais enchaîné les verres qu’on te proposait. Tu sais que tu tiens pas trop l’alcool en plus, pourquoi tu t’obstines à boire ?


Oh, je sais, tu n’as pas l’alcool violent ou même dépressif, mais t’es plutôt mélancolique quand t’es bourrée. Enfin… je veux dire, plus que d’habitude. Et du haut de ton perchoir de fortune, tu ne peux t’empêcher de juger les gens. Des gens complètement bourré qui dansent n’importe comment sur une musique de merde et parmi eux, ces deux loustiques qui se lancent des baballes dans leur verres.

MAIS ! Le grand dadet là, complétement arraché, ben, il a perdu comme un looser. Cependant, sa tête te dit quelque chose. Ça doit être un mec connu. Tu sais plus d’où mais ça te rappel un truc. Bwah, entre l’alcool et la vastitude du monde d’internet, ça pourrait être n’importe quel influenceur random, qui jongle entre célébrité et drogues. Histoire d’entretenir tous les clichés.


Ce mec-là, le gars connu là, il se barre, il en a marre. Il a pété un plomb. En même temps, ça fait, je ne sais pas combien de lancer qu’il foire. Il est peut-être juste nul ? L’alcool n’excuse pas tout. Tu sais même pas quelle heure il est, mais en tout cas, ça te rappel que tu t’emmerdes ici. Casse-toi de cette soirée de looser. Tu le suis, tu enfiles ta veste en jean complétement usé en vérifiant que t’as bien tous tes papiers dedans et tu lui emboîte le pas. Tu lui demandes s’il est nul ou bourré, mais c’est un zombie shooté à l’adré’ & l’alcool.


Donc tu le suis, pas vraiment discrètement, t’es juste derrière lui, il est grand, il marche vite.


- C’était une putain de soirée de merde.


Tu lui mets une main sur l’épaule et tu lui tends un briquet. T’es pas totalement débile, un mec bourré énervé, tu vas peut-être éviter de lui parler de sa performance médiocre.

- Eh mec, je crois que t’as fait tomber ça en sortant.

Il est vraiment atteint. Il tangue à droite et à gauche, mais ses phrases sont cohérentes. Ça doit être un gars qui a l’habitude de se foutre dans des états pareils. En même temps, pas étonnant pour un mec connu. Tu ne sais toujours pas qui c’est, mais t’es vraiment persuadé d’avoir vu sa gueule quelque part.


Du coup, tu le suis, tu marches assez facilement à côté de lui vu ses petits zigzags qui l’empêchent de faire une ligne droite. Il est encore bien énervé le loustic, tu le sens au travers de ses questions. T’es du genre assez provocante sous les effets de l’alcool, mais ton cerveau te signale que ce gars fait au moins quinze centimètres de plus que toi et a l’air bien plus costaud que ton petit corps. Musclé certes, mais petit quand même. Si lui pouvait être aisément comparé à une armoire à glace, toi t’es plutôt genre lampe de chevet quoi.

- Je me barre de cette soirée de merde. Et il se trouve que c’est le même chemin que toi.

Hey Hizzie. Tu sais qu’il caille dehors ? Je sais que t’es pas trop frileuse, mais essaye au moins de fermer ta veste ou finir ta bière encore fraiche. Tiens en parlant de bière, tu sors une deuxième encore fermée que t’avais dans ta poche…. Au cas où.

-Tiens t’as soif ? J’en ai une en trop.

Du coup, tu lui tends la bière et tu lui fais un signe pour trinquer au cas où qu’il la prenne. Il va la prendre. Il a une tête de mec qui ne refuse jamais une bière. Dans le vent frisquet de la nuit, vous continuez à marcher en parfait inconnu alors que vous empruntez le même chemin. Mais moi sa tête me dit un truc.

-T’as une tête de mec connu. Qu’est-ce que tu foutais à une soirée à l’Octant ?  

Vu la gueule de son briquet qui doit coûter autant que ton compte en banque pourtant bien rempli, ça doit être un mec des clématis qui passe son temps dans des soirées de luxe ; avec toutes les consommations nécessaires et de bonne qualité…

Eh bah putain. Si tu t’attendais à voir le chanteur de Destiny dans une soirée comme ça. T’aimes bien ce groupe, tu l’écoutes de temps en temps. Sa tête te disait effectivement quelque chose.

Tu souris.


- Bah super. Rien à foutre, je voulais juste être sûr que ma tête ne faisait pas n’importe quoi, mais tant mieux pour toi. Et t’en avais réellement rien à faire, que ça soit une star internationale ou juste le petit dealer du quartier, peu importe. Tu ne supportais juste pas cette sensation de déjà-vu. J’ai jamais vu une soirée de merde comme ça. Surement un gars qui s’est chauffé et qui a rien compris à la vie.


Et toi, Hizzie, qu’est-ce que t’as compris à la vie ? Bah rien non plus. T’es juste une plume qui se fait balader par le vent. Toi non plus tu ne sais pas comment tout ce merdier fonctionne. T’aimerais savoir. T’aimerais tout savoir. Mais au fond, tu t’en fous. Tu veux juste qu’on te laisse tranquille, pénard, dans ton coin.


T’es bourrée, fatiguée, et grave saoulée alors quand mister rockstar te propose de te poser, tu acquiesces. Tu ne sais pas où il veut aller, il n’y a pas de spot ici. Du moins, pas à ta connaissance. En voyant la ruelle sombre mener vers un bâtiment tout aussi louche, tu hésites une seconde. Tu as vu bien trop d’histoire tragique à la télé de meuf qui sortent de boite et qui ne rentrent jamais.

- Aller, j’te suis

Tu regardes ta bière, elle est quasiment vide. Tu aurais dû en prendre une troisième apparemment. Tu ne sais même plus à combien t’en es. Tu bois rarement comme ça. T’avais juste envie de te vider l’esprit, mais au final… Ça t’a juste rempli la tête de pensée à la con.

- Moi, c’est Hyzma au fait. Au moins, t’es au courant, au cas où tu veux me trancher la gorge. Tu ris. Moi, j’ai peur soeurette. J’espère qu’on pourra se poser dans ce batiment en ruine là. Doit bien y avoir un spot sympa.

Ce n'est pas vraiment un bâtiment en ruine. C’est un squat. Et les paroles de ton nouveau pote de soirée le confirment. Tant mieux, au moins ça t’évitera de te fracasser le crâne en tombant dans un trou à la con. Faut faire attention, c’est vrai, mais si des gens s’en servent comme coin où se poser, c’est que c’est sûr. Faut pas sous-estimer l’ingéniosité des gens à trouver des endroits au calme.


Tu le suis en faisant attention à tes pas, il est loin le temps où tu te baladais en ranger et où tu vadrouillais dans des bâtiments comme ça. T’es plus à l’école ma grande. Heureusement pour toi, t’es sportive et quand même connaisseuse de ce genre de merdier, donc t’évite de marcher sur les trucs chelou au sol.


C’est un grand mec, il se pose facilement dans les marches un peu hautes dues à leur état délabré. Tu jettes un œil un peu autour en essayant de deviner un autre chemin pour le rejoindre, mais apparemment, il n’y en a pas. Bon bah go hein. Tu sautes un peu pour t’assurer l’accès et tu y arrives assez bien en te rattrapant facilement.


Tu lâches donc ton emprise sur ton corps et le rend à la Sainte Gravité. Tu laisses tomber tes jambes dans le vide, d’un coup d’œil, tu regardes le fond qui semble si loin vu l’obscurité ambiante. Vous n’avez qu’une lueur de lampadaire, ici, qui se mêle aux faibles rayonnements lunaires. Tu souffles. Fais attention à toi... S’il te plaît. Ce type…Tu laisses tomber ta bouteille qui s’écrase quelque mètre plus bas. Tu veux remplacer la question de Neven par ce bruit de verre. Mais c’est trop tard.

- Je fais rien. Je réfléchis. C’est une occupation à temps plein.

T’es à un stade où même ta mélancolie n’est pas assez forte. T’en as rien à foutre.

- Et toi alors ? Qu’est-ce qu’une super rockstar vient foutre dans un squat de l’Octant. T’as pas des milliers de fans et autres lèche cul à dispo pour te fournir tout ce que tu veux ? T’es nostalgique de tes débuts dans ce genre d’endroit ?

C’est cool. Le mec ne se fout pas de ta gueule. Il aurait eu mille fois le temps de rire. Réfléchir ce n’est pas un métier, idiote.

T’es là, tu t’adosses aux marches qui suivent ton assise, toujours les jambes dans le vide. Tu ne le regardes pas, tu préfères la beauté de la nuit. Est-ce que même t’a regardé sérieusement un mec depuis lui ? T’es encore plongé dans les abysses de ton esprit. Tu te noies dans ton propre esprit. Tu ne sais pas où tu vas, t’avances pas à pas dans un obscur futur.


Tiens. Une rockstar qui ne fait pas tout ça pour la drogue et les putes ? Ça te fait sourire. Ça change un peu des clichés habituels. Même si le coup du « je suis une star malgré moi » c’est un peu ringard. Calme-toi Hizzie. T’es qui pour juger ?


Mais Neven est un peu touchant. Il te rappelle un peu toi. Tu le regardes en tournant légèrement la tête. Si différent et pourtant ? Il est paumé aussi. Voici une deuxième plume.

- C’est parce que je me cache pas derrière un masque. Trop la flemme. Les gens te jugeront toujours, même si t’as l’air aussi heureux qu’un bisounours sous LSD. Tu sors une pièce de ta poche et tu la lance…. Face. Je suis paumée. La vie c’est qu’un labyrinthe de merde…

Tu t’arrêtes. Tu regardes le toit désastreux de ce bâtiment. Ça te rappel l’état de ton cœur. Tu réfléchis quelques secondes.
Tu inspires.
Tu expires.

… Un mec. Et puis… Tu t’arretes. Tu lui tends la pièce. Et toi alors, qu’est ce qui te fait sentir bien. Je veux dire, vraiment bien. Pas en facade.

Visiblement, vous avez tous les deux accepté de jouer votre conversation de ce soir au lancé de pièce. Les règles sont cachées mais implicites. Chacun accepte le sort du Destin de cette petite pièce si ridicule.


Tu l’écoutes. Ça devient intéressant. Ce n’est plus les connards bourrés qui parlent. Ce sont les cœurs. Les esprits s’ouvrent et se libèrent au grès ou non d’une pièce aussi ridicule que la vie. Tu es attentive à chacun des mots de ton interlocuteur. Il a une vision totalement opposée à la tienne. Après tout, il vit dans un autre monde aussi.

- Non merci, je fume pas. Tu fumes pas, mais l’odeur du shit ne t’as jamais dérangé. Au contraire, t’aimes plutôt bien. Tu ris. C’est mon ex. Il supportait plus ma perdition. Il est parti.

Tu lance la pièce. Pile.

- 10 ans de mariage.

Tu hésites à finalement demander un joint. Après tout, c’est peut-être le moment de tenter un nouveau truc ? Mais tu réfléchis. Ta rationalité l’emporte et t’empêches de faire une connerie.
Hizzie. Ce mec. Il me dit un truc. Souviens toi. J’ai peur pour toi, soeurette.

-C'est un bon moyen de se perdre ça, l'anarchie.. Tu lui redonnes la pièce. - Alors Neven. Est-ce que l'anarchie t'as fait faire des trucs qui te hantent?

Tu le taquines en souriant tandis que la brise s’engouffre de temps en temps parmi les ruines de votre spot de fortune. Vous êtes si seul. Ça fait du bien d’être seul mais à deux.

Tu humes l’odeur de la brise nocturne. Elle est comme t’aime. Fraiche. Tu prefères la nuit. Elle est plus calme… plus reposante. Les gens parlent avec leur cœur et pas avec leur cerveau. Ils ont beaucoup plus tendance à refaire sortir leur vrais « eux ». Et toi Hyzma ? Est-ce que tu fais sortir ta vraie toi ? Tu t’es jamais caché. Tu as toujours été authentique. C’est ce qui t’a valu la plus grosse perte de ta vie.

Peut-être que t’aurais dû te cacher ? T’es peut-être trop toi ? Au fond tu te hais. Ton cœur saigne parce que ton esprit ne cesse de le poignarder.

Tu regardes le plafond.
Hyzma. Fuis.
Tu penses à lui.
Hizzie. Pars, s’il te plait.
Tu ne penses pas à toi.
Soeurette. Ce gars est un danger.

Tu sens que Neven est bizarre. Il rumine. Il pense. Tu sais reconnaitre quelqu’un qui se plonge dans les tréfonds de son être. Tu ne l’as que trop fait. C’est une habitude. L’alcool et la drogue doivent rendre cette descente aussi facile que dans un toboggan. Tu te demandes pourquoi t’a jamais essayé la drogue ? Il y en a des bonnes… Non. Rien n’est bon. Et tu penses que ton état est bon ? Reveille toi.

Arrête de faire de la merde.

Ce gars-là. La rockstar bizarre. Il se tourne vers toi. Il n’est pas bizarre. Il est juste lui. Il se tourne vers toi. Il te regarde. Tu le regardes. Tu ne souris pas. Ce n’est pas un moment à feindre un sourire.

- La vie est une pute.

Tu soupires. Tu le regarde dans les yeux. Il est plus jeune que toi, bien plus. Mais tellement plus costaud. Tes pensées sont fragmentées, tu ne réfléchis plus aussi vite lorsque tu es sous l’effet de l’alcool. Tout ton être te somme de fuir. Je te somme de fuir.
Mais tu ne m’entends pas. Tu ne m’écoutes pas. Je ne suis pas réel. Je ne suis plus réel.
Tu as débranché ton cerveau pour ce soir. Ça ne sera que ton cœur qui guidera ton corps.

- Qu’est ce qu’on fout dans la vie si on ne vit pas ? Tu te caches derrière ton masque. Je me terre dans mes pensées. J’ai peur de moi. Tu te tournes entièrement, en tailleur, face à lui. Et toi, de quoi t’as peur ?

En le regardant, des souvenirs te remontent. Des photos. Des membres de Destiny. C’était un dossier intitulé « Destiny – Groupe de ….. » sur le pc de ton frère, tu sais plus le nom complet. C’était il y a un bail.
Tu ne te rappel plus. Alcool de merde.

T'es face à lui. Ça fait longtemps que t'avais pas pris le temps de regarder en détail un mec. Il est plutôt beau gosse. En même temps, c'est une putain de rockstar. Il est pas la où il en est juste pour sa musique.
Comme beaucoup de star musical...

Tes yeux bleu. Ses yeux vert. Vous vous regardez. Vous ne prenez pas en compte le vide qui vous accompagne.

Aux paroles de ton compagnon nocturne. Tu regardes les marches a gauche, puis le vide a droite. Tomber... Vivre ?

- Est ce qu'on tombe a la fin de la vie ? Ou est ce que toute notre vie n'est qu'une chute?

Tu as dis ça en regardant le trou à vos côtés. Tu as posé la main sur l'épaule de Neven et tu as feins de le pousser. Tu n'as mit aucune force. De toute façon tu n'en aurais pas assez ?

- Peur que mon esprit ne continue de ramer.

Tu replonge ton regard dans les siens. Comme pour sonder son âme. C'est peine perdue. Tu n'es pas une magicienne ou quoi que ce soit. Abrutie.

- Trouver sa place. Tu t'esclaffes. C'est toute ta vie. Une quête sans fin. Mec. On est des putain de paumé. Tu reprends ton souffle en redonnant ton sérieux C'est quoi qui t'as fait te sentir le plus vivant ? Perso, c'était pendant une sacré ligne droite, pied sur l'accélérateur pendant un putain de solo de guitare.

Vous êtes vraiment deux grosses merdes.

C’est peut-être l’alcool qui te dit ça. C’est peut-être la vérité ? Qui sait ? Qui t’es ?

Mais là. Quand tu t’es perdu dans l’incendie de son âme qui se reflète dans ses yeux, tu le sens. Cette flamme qui brule. Cette femme qui le brule. Tu ne sais pas. C'est surement l'alcool qui te fait sentir des choses débile. T'es plus vraiment là. Débile. Te laisses pas avoir par l'alcool.

Tu te laisses faire. Trop déchirée par l’alcool que tu ne supportes pas. Tu es consciente de tout ce qui se passe. Tu n’en as plus rien à foutre. Totalement désinhibé, tu lâches prise. Tu le laisses se rapprocher de toi. Tu sens son souffle près de ton oreille. Tu sens son odeur. Un mélange d’alcool, de transpi et de shit. C’est ça le parfum d’une rockstar ?

Tu fuis la réalité. Tu te déconnectes. Tu repenses à cette nuit-là. Cette pluie à l’intérieur de la maison. Les alliances au sol. Oubliées et coulant petit à petit. Elles sont restées combien de temps immobile ? Une semaine ? Deux… Non. Trois semaines ?
Tu ne sais plus.
Il pleuvait trop. Putain de fuite d’eau.

Tu frissonnes. Si proche… C’est le vent ? Oui, on va dire que c’est la fraîcheur nocturne. Hizzie. Pars. Fuis. Saute. Cours. Rentre chez toi.
Tu regrettes de ne pas avoir une autre bouteille. T’es pas du genre à te murger la gueule, mais là, tout ton être en as besoin. Pour oublier. Pour parler.
Tu ne sais plus.
Tu repenses à celui qui t’a quitté. Tu repenses à moi. Tu ne penses pas à toi. C’est à cause de lui.
Trop de perte que tu t’en es perdu toi-même ?
Alors tu joues. Ton esprit n’est plus le maître ce soir.
Tu t’approches de lui, tu attends. Tu murmures.

- Qui sait… Tu ris. Tu te refugie dans le déni. Encore.

Tu te recules, tu t’adosse à la rampe fracassée de l’autre côté. Tu es « loin » de lui maintenant. Plus loin encore. Pars.

- Et toi. Est-ce que tu as connu la Mort ?

Ton cerveau éteint. Ton cœur déchiré. Tu regardes ce badboy. Tu inspectes ce paumé. Tu juges ce looser. Toi au moins tu ne te caches pas. Tu aimerais te cacher. Mais c’est plus fort que toi. T’es aussi paumée que lui.

T’es bourrée. Tu fais plus attention à toi. Toi qui étais si prudente, si intelligente, si minutieuse. T’as toujours eu ce côté borderline. T’aimes ça les limites. Ça te fait vibrer. Tu sais plus ce que tu dis. Tu sais plus ce que tu fais. Tu entends une musique dans ta tête. Elle te donne une bonne vibe. Tu te laisses porter par la mélodie inexistante.

Ton pote-là, Neven, il est bien plus torché que toi, il commence à ne plus être trop cohérent ni présent. C’est pas grave. Ça te ramène des années en arrière, avec tes potes dans des squats. Tu souris. T’aimes bien cette soirée. Elle est plus aussi merdique qu’avant. C’est cool.

- Ouai. Mon frère. Il a été retrouvé fracassé dans une ruelle il y a quelques années.

T’en a plus rien à foutre. Tu ne sais plus ce que tu dis. Tu ne sais plus ce que tu penses. Peut-être que tu viens de signer ton arrêt de mort ?
Ça fait longtemps que t’es passée à autre chose. Ou alors que tu y es coincée ? Hizzie. Oublie-moi. C’est mieux pour toi

T’as la tête posée sur la rambarde rouillée, tes cheveux tombent sur ton visage, t’es mal coiffée ma grande. Tu passes ta main dans les mèches rebelles et tu les remets en place. Tu regardes ce gars-là. Le mec en face de toi, que tu ne connaissais pas il y a une heure. Ou peut-être deux ? Tu ne sais toujours pas quelle heure il est. Tu t’en fous. Ce soir, pour une fois, tu veux juste t’oublier.

- Mec. Tu laisses tomber une jambe dans le vide T’es une rockstar, mais au final t’es juste Neven. Un paumé, comme tout le monde.

C’est un malade. Fuis Hyzma. Laisse parler ta peur.