C’est rare, tu ne te rappelles même pas la dernière fois où tu t’es retrouvé… aussi perdu.
Toi qui étais toujours de bonne humeur, souriant et pétillant. Toi qui osais parler à tout le monde, en tout temps. Une curiosité insatisfaite, ou comment créer un vide dans ta poitrine. Ce n’est pas tellement la peur de mourir qui te bloque tant que cela, mais plutôt la peur de te perdre toi-même.
Changer.
Devenir quelqu’un d’autre.
Pourtant, tu meurs d’envie de leur montrer à tous. Ton sourire colgate. Ta joie, ton côté pile électrique, ton rire contagieux. Tu as envie de te rendre utile, protéger ceux qui te sont désormais chers - car oui, tu le ressens au plus profond de toi, sans pour autant les connaître comme tu le voudrais. Le cercle, ta nouvelle raison d’être ; et bien que tu ne comprennes pas bien pourquoi malgré les explications de Mica, quelque chose a changé en toi. Tu n’es peut-être plus aussi imprudent qu’avant.
Peut-être que tu réalises ?
Que la venue de ces grands yeux bleus t’a fait réfléchir ?
Tu n’étais peut-être pas en danger. Ou peut-être que si. Tu n’en sauras jamais rien, et c’est sûrement mieux ainsi. Tu ne préfères rien risquer. Que ce soit pour éviter de te retrouver au commissariat de nouveau ou pour préserver tes… âmes-soeurs, tu seras plus prudent.
Comme quoi, ton cœur prend le pas sur ta curiosité, même inconsciemment.
Mais cela ne t’aide pas à comprendre ce sentiment, ce vide, ce “rien” en toi. Qui te brouille l’estomac, qui te noue les neurones.
Comme s’il te manquait quelque chose.
Ou que tu ne trouvais plus de plaisir dans la vie quotidienne, dans tes loisirs. C’est plus comme avant. C’est plus comme il y a quelques semaines à peine. Quelque chose a changé. Mais quoi ? De quoi as-tu besoin pour retrouver le sourire ?
Assis sur le banc, la tête baissée sur l’écran de ton appareil photo, tu soupires longuement. Au-dessus de toi, sur une branche à quelques mètres de là, un nid d’hirondelles ; et pourtant, tu ne bronches pas. L’objectif te démange, et pourtant, tu restes là, immobile. Pensif.
Comment nous protéger ? De qui ? Quand ? Pendant combien de temps ? Pourquoi ai-je mal ? Qu’est-ce qu’une étoile, réellement ? Comment s’incarnent-elles, et pourquoi, au fond ? Que peut bien faire une luciole face à Dark Vador et ses sbires ?
Au fond du parc, une silhouette attire ton regard. Quelque part, elle te paraît bien plus attrayante que ce nid d'hirondelles. Tu t'armes de ton appareil photo avant de prendre deux ou trois clichés, sans distinguer l'identité ou le sexe de la personne. Mais après coup, tu te rends compte que ce cliché anonyme rendrait parfaitement bien dans ta collection "milieu rural".
* Sympa !
Hé bien, tu ne l'avais pas vue arriver, ni même sentie, tant tu étais plongé dans tes pensées, mais elle s'installe à côté de toi et te gratifie d'un sourire engageant. Tu ne sais pas encore bien faire la différence entre Ange, l'hôte et Cursa, l'étoile, malgré le fait de les avoir croisé deux ou trois fois, désormais.
* Je suis contente de t'avoir trouvé !
Une voix te tire de ta torpeur, tu te retrouves à sursauter. Décidément, tu es à cran depuis quelques jours. Cela ne te ressemble vraiment pas, et tu n’as qu’une hâte : retrouver ton toi, au naturel.
— Ange… ! Cursa… ? Je- ouais… tu baisses la tête, déçu de tes propres capacités d’observation. Tu n’as pas l’air aussi content qu’elle ne l’est, finalement.
Cette confiance en toi soi-disant imperturbable semble, cette fois, perturbée. Culpabilité, peur, incompréhension, le tout à la fois ; tu es quelqu’un d’émotif, et cette vague de sensations te surprend. Tu te retrouves submergé.
— Je suis désolé. Je ne sais pas comment t’appeler, j’ai… encore du mal avec tout ça. J’aurais aimé t’accueillir avec un sourire, au moins. Mais je suis un peu secoué, depuis… tu marques une pause, les yeux rivés sur l’écran de ton appareil photo.
Est-ce réellement prudent de vous montrer tous les deux, comme ceci, en public ? Tu retombes dans tes pensées, peinant à t’extirper de cette impression de vide, si bien que tu en oublies la fin de ta phrase. Lui et ses yeux bleus.
Face au mur, tu regardes tes pieds, incapable de jauger ta situation actuelle. Un palais mental bien sombre, cette fois.
* Nate, je peux te dire quelque chose que je n'ai dis à personne ?
Bonjour voici le palier :)
- Lui dire qu'elle peut tout te dire.
- Flipper.
- Retirer tes mains.
- Lui poser une question avant qu'elle ne le fasse.
Elle saisit tes mains et la chaleur de ses paumes te soulage d’un poids inimaginable. Tu relèves les yeux vers celle que tu considères désormais comme ta protégée… et ta maison à la fois. Finalement, tu te perds dans ses prunelles et t’autorises à reprendre ton souffle pour la première fois de la journée.
Le ton de sa voix est si doux malgré elle, tu retrouves le sourire, un sourire angélique, aussi doux que la forme de ses mots.
— Bien sûr, tu peux tout me dire ; je serai toujours là pour t’écouter quoiqu’il arrive, lui réponds-tu avec bienveillance.
Une lueur d’inquiétude brille dans tes iris verts émeraudes, tu viens resserrer doucement l’étreinte de vos mains, espérant qu’elle n’ait pas elle aussi rencontré des… “problèmes” comme tu as pu en rencontrer aujourd’hui. Tu te demandes si elle va bien, réellement bien… puisque si une étoile est capable d’émotion aussi fort qu’un humain, elle doit se sentir quelque part coupable de mettre en danger tant de gens qu’elle considère comme ses protégés. Ce doit être un enfer à vivre et tu n’imagines même pas le poids qu’elles portent, comparé au tien.
Ton regard s’adoucit davantage alors que tu patientes sagement, tentant de ne pas perturber sa confession.
Choix : Lui dire qu'elle peut tout me dire
Puis, elle recule, un air coupable au visage.
* S'il te plait, n'en parle à personne, je ne pense pas qu'ils soient prêt à l'entendre pour l'instant.
L’expression sur son visage te fait fondre d’inquiétude et d’empathie à la fois. Tu aimerais l’aider, là, tout de suite, et la libérer de ce qui pouvait bien lui faire cet effet. Tu comprends qu’elle te ressemble beaucoup dans sa façon d’être ; tu comprends que vous êtes bien plus similaires que tu ne le pensais initialement.
Alors qu’elle se penche pour te murmurer quelque chose au creux de l’oreille, tu demeures droit et peut-être légèrement perturbé ; bien sûr, tu ne souhaites aucunement être un poids pour elle et tu feras tout pour préserver l’équilibre du Cercle, quand bien même tu n’es pas sûr de comprendre en quoi cet équilibre consiste réellement encore. Tout pour le bien de ta… nouvelle famille. C'est encore tout nouveau pour toi et tu n'es pas sûr de bien comprendre l'ampleur de la situation. Tu hésites, ne sachant pas quoi répondre au départ... vraiment ?
— Je… Tu peux compter sur moi. Je ne ferai rien qui pourrait leur nuire. Je suivrai tes directions ; je garderai tout ça bien au chaud, ne t’en fais pas. Tout va s'arranger, tu verras, tu la gratifies d’un sourire des plus rassurants, resserrant davantage l’étreinte de vos mains. On est là, quoiqu'il arrive.
Tu débordes de tendresse pour elle comme pour les autres, et si elle juge qu’ils ne sont pas prêts à entendre ceci, tu la crois sur parole.
Et puis tu l'entends. Sa voix.
* Je jure que je ferai tout ce qu'il faudra pour vous protéger.
Douce, un peu plus grave que celle que tu avais entendu jusqu'ici, elle n'a rien à voir et pourtant tu sais qu'elle l'a imité à la perfection jusque là. Elle te voue une confiance sans faille.
Elle sanglote dans tes bras, tes pommettes rougissent et pourtant, tu la serres contre toi, imperturbable. Ta volonté est plus puissante que tout en cet instant précis ; tu te sens plus fort, comme soulagé d’un poids. Qu’importe les réponses que tu attends et que tu n’auras peut-être jamais, tout ce qui compte désormais… c’est elle, et eux.
— On se protégera mutuellement, je t’en fais la promesse. Tu n’as rien à craindre. Je ne saurais comment le décrire mais… je le sens. Tout va bien, crois-moi. C’est encore tôt pour moi, mais je le sais. Pour le moment, notre priorité est d’échapper aux gens comme… ce garçon aux yeux bleus… ensemble, ajoutes-tu, légèrement pensif sur la fin.
Il t’a marqué, ce brun. Tu as peur, peu à peu, de comprendre à quoi, ou plutôt à qui, tu avais à faire. Tu n’as pas encore toutes les pièces du puzzle, et à vrai dire tu n’en n’as pas vraiment besoin, mais tout commence à se dessiner doucement dans ta tête.
Tu resserres ton étreinte, imaginant cet homme apparaître - tu ne le laisserais pas la toucher, jamais. Qu’il en vienne des centaines, tu la protégerais de ton corps. Jusqu’à ton dernier souffle, s’il doit en être ainsi.
* Je sais que je peux compter sur toi Nate, tu es bien plus fort que tu penses l'être. Je sais que tu as les épaules pour les soutenir.
s'il devait m'arriver quelque chose
* Je sais qu'ils peuvent compter sur ta présence. Tu as un rayon de soleil, pas vrai ?
Elle te gratifie d'un sourire, ébouriffe tes cheveux.
* Tu devrais passer chez Mica, peut-être que tu pourrais l'aider pour quelque chose ?
Tu rouvres finalement les yeux, la laissant s’échapper peu à peu de ton étreinte, pour observer ce regard qui semblait de nouveau… lointain. Tu hoches la tête, pris de quelque rougeur nouvelle ; ce ton te perturbe, désormais, et tu sais qu’elle veut paraître forte… alors tu ne la contredis en rien. Mais au fond, tu ne te sens pas aussi fort qu’elle ne le prétend.
La mention de Mica te fait comprendre que depuis ces révélations, tu n’as pas vraiment eu l’occasion de penser à autre chose que tout ça. Et peut-être qu’elle a raison, peut-être devrais-tu te rapprocher davantage de ton cercle.
— Sûrement, oui. C’est vrai que j’ai été assez distant depuis le début, entre les prédateurs qui tentent de m’assassiner en plein McDo et mes réflexions incessantes… je devrais rester auprès d’eux. Plus souvent, je veux dire. Et toi, alors ? Que dirais-tu de m’accompagner ?
Oh, Nate, tu tenterais tout pour lui remonter le moral. Elle est aussi démunie que vous, après tout, et elle porte beaucoup trop de poids sur ses épaules ; tu te sens responsable, quand bien même tu n’as aucune idée de pourquoi. Ces derniers temps, tu as simplement trop tendance à culpabiliser.