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j'ai (35M) un petit creux
Winchester Nova a tout essayé.
oui, vraiment, tout.
il y avait cette sensation horrible de démangeaison permanente, au point de l'empêcher de dormir, lui qui avait pourtant l'habitude de s'effondrer d'épuisement à chaque fois qu'il daignait rentrer au Motel. mais non, ça n'allait pas, ça n'allait plus, et pourtant rien n'a changé. (il t'a dit de revenir) se faire cogner par Richard Breckenridge n'a pas vraiment fonctionné (il t'a dit de revenir) Lysandre Hydra a été parfait, comme toujours, mais n'a pas su soulager cette douleur là (il a dit qu'il te ferait à manger)
l'invitation enfouie au fond de son crâne. entre les quatre murs, il y a presque un mois, il n'y avait que Lui. mais une fois reparti, tout le reste est revenu. le travail, la douleur, l'enquête, les plaies, le cercle, le sang, l'étoile.
le Sous-Lieutenant Nova n'a pas le temps de faire ce qu'il veut.
pourtant, il y pense. dès qu'il est laissé seul avec ses pensées, exercice toujours un peu douloureux, il doit se forcer à ne pas penser à Lui. c'était... quelque chose, oui, mais il est reparti, la porte s'est fermée, il faut passer à autre chose. mais allez le dire à cette tête de mule, qui reste bloquée sur l'idée d'avoir rencontrer quelqu'un qui le comprend enfin. quelqu'un qui lui a fait mal, mais l'a laissé lui faire mal. qui l'a cherché, même.
qui lui a parlé presque tendrement.
(tu aimerais bien qu'il redise "███ ██████" de sa voix un peu trop grave)
à force d'y penser,
ses pieds ont décidé de l'emmener devant le restaurant horrible, malgré ses protestations. vilaine mutinerie, mais il a du mal à rester contrarié. pourtant, il hésite, planté devant la porte un peu trop longtemps. pas de meule de fromage géante en vue, il semble y avoir de la lumière à l'intérieur, les horaires collés sur la vitrine indiquent la fermeture, dans une minute. mais est-ce qu'il est là ? est-ce que ce sera bien Lui, derrière le comptoir ?
Winchester Nova ne se dégonfle jamais longtemps. pire, il pousse toujours trop, espère regretter plutôt que d'avoir des remords en trop,
alors il entre.
il Le voit, au fond, et ça le rassure tout de suite, un peu trop vite, d'ailleurs, non ? pourtant, quelque chose qui lui donnait envie d'arracher tout le papier-peint de sa chambre du motel semble enfin se calmer. juste à sa vue ?
il ne préfère pas y penser. il ne veut pas y penser.
il s'avance, et n'y pense pas. il fixe les yeux clairs, y cherche des réponses qui n'existent pas. ses propres yeux noirs toujours un peu vides, son corps fatigué et agité. mais docile, ce soir.
j'ai faim. (tu as promis)
Re: j'ai (35M) un petit creux
You’re wound up too tightly
Lorsqu’était venu ton tour de quitter le Cheesy Going, exsangue et contrarié par la douleur, Alec s’était montré on-ne-peut-plus compréhensif. Il serait raisonnable d’assumer qu’il te craignait, et en conséquence, hochait la tête à toutes tes lubies quitte à se rajouter du travail ; la vérité, c’est qu’Alec appartenait à cette catégorie de personnes qui t’éludaient complètement : celles à la bonté naturelle, tout le contraire de vous Giesler qui deviez l'entretenir en vous piquant sur les épines.
Il te souhaita de bien récupérer, qu’il expliquerait tout au patron (ce même qui ne pouvait rien lui refuser dès qu’il enlevait le costume) et promit qu’il veillerait sur le Cheesy jusqu’à ton retour. Comme si il pouvait s’y passer quoi que ce soit, sans toi au comptoir…
Mais tout de même. Ça méritait d’être réitéré autant de fois que nécessaire : cette meule n’était pas seulement une meule. C’était aussi un grand homme.
Le fromage se réjouit sincèrement de ton retour. Ça n’avait pas arrêté sans toi pour décourager les gens d’entrer et lui n’avait pas accepté ce travail pour, hé bien, travailler, mais gigoter devant la devanture.
Et ainsi la vie reprit son cours. Il en fallait plus pour la bouleverser, plus qu’un petit blond qui débarquait un soir pour t’aboyer dessus avant de disparaître dans la nature.
(tu ne le perdras jamais de vue.)
Et pourtant les jours t’effritaient, toi et ta patience. Tu blâmais d’abord ton épaule douloureuse, jusqu’à ce qu’elle guérisse un peu trop vite, alors tu blâmais ton mal de dos, la température, Biscuit qui t’avait ignoré lorsque tu l’avais invité d’une main pourtant si amicale, la flaque dans la salle de bain que tu avais piétiné à chaussettes.
Même quand la journée se passait bien, elle se passait mal.
Tu avais faim.
Pourquoi ?
De quoi ?
De qui ?
(Et l’autre petit con, c’est vrai ça, il attendait quoi pour repasser ?)
Tu t’affairais au restaurant sans Biscuit pour te tenir compagnie. Longue et douloureuse histoire qui commençait par inspection et se terminait par d’hygiène. Ici ? Au CDC ? Quelle blague. Tu blâmais un hypothétique concurrent de la rue, même si tu concevais difficilement quelle clientèle vous pouviez bien voler à qui que ce soit.
Ça ne changeait rien à la tragédie de ton après-midi. Tu avais dû embarquer ton chien sous le bras et courir au Lucky Cat le confier à la pire personne et meilleure personne que tu connaisses du quartier.
Même tes titres préférés, qui s’enchaînaient sur les enceintes du restaurant, ne parvenaient pas à te rendre de meilleure humeur. Ainsi lorsque la cloche du Cheesy tinte en dépit de l’heure, en dépit de l’heure elle tinte, encore un de ces connards de client qui s’imaginait qu’il pouvait débarquer la bouche en coeur et chouiner que l’établissement fermait dans une minute donc ça allait non, oui ça allait, une minute c’était tout ce qu’il te fallait pour casser une gueule -
Tu te retournes, les yeux sombres, prêt à mordre.
Mais lorsque tu trouves Winchester Nova dans l’entrée, la colère s’apaise, comme si elle n’avait jamais été là.
Le remarquer te déplait profondément.
— Ah. C’est toi.
C’est un constat. Pourtant, il t’arrache un sourire de travers lorsqu’il explicite les raisons de sa visite - celles qu’il se raconte, en tout cas.
— Je t’ai planté pour ces mots exacts, la dernière fois. Si tu tiens tant à réitérer l’expérience, commence par me rendre mon couteau.
Et cette fois, Alec ne serait pas là pour vous arrêter. Mais tu dis la chose sans sérieux, tu dis la chose comme on dit bonjour, ce n’est ni une promesse ni une menace. De toute façon, tu n’as pas qu’une parole, contrairement à ce qu’il parait s’imaginer : tu en as autant que nécessaire pour te tirer d’affaire.
Tu jettes un coup d’oeil aux fourneaux derrière le comptoir. L’idée de devoir les rallumer ne te ravit pas.
— Je veux voir ta plaie. Montre-la moi.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Winchester Nova se sent un peu mieux, étrangement.
il ne cherche pas à comprendre, il ne veut pas comprendre. il se contente de sourire, oui, c'est lui, on lui a proposé de revenir, alors il revient, toujours, comme les maladies infectieuses.
il est à moi, maintenant, il annonce tranquillement, presque fièrement. il l'a bien mérité, ce couteau. la lame est toujours dans sa poche même s'il a changé d'uniforme. la fille de l'inventaire n'était vraiment pas contente de le voir rendre un autre uniforme abîmé, et puis elle s'est ravisée en voyant la grande déchirure bordée de rouge au niveau du ventre. il a repris un nouvel uniforme propre, et c'est celui qu'il met. (la coupure est encore là en dessous du tissu)
Garance Giesler sourit aussi, et à chaque pas vers le comptoir, vers ce léger sourire un peu tordu, Winchester Nova se rappelle comment respirer.
qu'est-ce que ce sera, aujourd'hui ? encore de la douleur ? il a déjà terriblement mal partout, pourtant, mais ce n'est pas sa place de choisir ou de décider. il acceptera ce que lui réserve l'Autre. il est juste... content ? de se tenir là. pour le reste, il est prêt à accepter son sort. il est là.
il jette un regard aux alentours, il ne voit rien venir dans ses pattes, et suppose que le chien n'est pas là. (rassuré ? personne pour voler l'attention ?)
sale mioche pourri qui ne veut pas partager le regard de l'Autre,
il écoute l'ordre,
et s'exécute sans protestation.
ah ? juste étonné. le Sous-Lieutenant s'avance encore, passe de l'autre côté du comptoir, presque à portée de main, assez proche pour voir les traits tirés de l'Autre, mais il n'ose pas lui dire qu'il a une sale gueule. il doit être bien pire, après tout, avec son œil au beurre noir. il oublie sa pudeur, pourtant, et ouvre sa veste pour soulever sa chemise, montre la plaie qui n'a pas si mal cicatrisé. Winchester Nova n'est pas stupide, il ne mourra pas de septicémie. il y a encore les cicatrices causées pas les balles, qui ne sont plus si moches, plus si vives. et puis toute une nouvelle constellation de bleus que l'on devine sur son abdomen, la pluie d'étoiles filantes de ce connard de Breckenridge. il ne le cache pas, pourtant.
il s'est fait casser la gueule, oui.
mais il ne vient pas pour se faire plaindre.
non, il a juste faim. son ventre gronde, son cerveau surchauffe, ses yeux essayent d'avaler Garance Giesler, de ne pas louper une miette de cette entrevue, de peur de se faire chasser. quelques traces de son sourire fier encore accroché à ses lèvres.
docile, la bête montre son ventre, doux comme celui d'un poisson face à un couteau.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Pulling on your own strings
You’re unraveling
Tu t’appuies contre le comptoir et le fixe de haut en bas. Un peu à ton image, on dirait que les choses se sont empirées pour lui, depuis la dernière fois. Pourtant, alors qu’il se tient à un pauvre mètre à peine, il te paraît presque heureux, comme un homme assoiffé à qui l’on propose un peu d’eau. Une sale gueule, oui, mais ça ne pourrait qu’aller mieux maintenant.
Tes yeux se posent sur la tâche sombre qui lui meurtrit le visage. Tu as un énième de ces regards immobiles pour une, deux secondes, et tu te reprends aussi vite. Le silence a grondé avant de promptement se retirer comme un courtisan de cour qu’on congédie. Tu avais eu mal là aussi.
— Vraiment ? Et de quel droit ?
Tu bouges comme un serpent lorsque tu t’approches de lui, avec la voix aussi mielleuse, presque taquine.
— Je t’ai blessé avec, alors ça t’appartient ? Tu t’arrêtes à côté de lui, le fixant de sous tes cils de par votre différence de taille. Tu m’as blessé, toi aussi. Avec tes mains. Tu t’en souviens ? Tu poses la paume sur ton épaule pour lui rappeler, cette même où il avait planté ses griffes dans un accès de colère. Ça veut dire que tu m’appartiens, alors ?
C’est une question rhétorique. Et pourtant, tu tiens absolument à ce qu’il y réfléchisse. Tout pour le distraire, même ça.
Tu t’abaisses lentement lorsqu’il te dévoile sa plaie. La cicatrice est belle, du joli travail, vraiment, mais ce n’est pas le problème. Autour d’elle, des bleus violacés décorent la toile qu’est sa peau. Elle invite le couteau du peintre.
Le silence craque, comme le tonnerre. Une ombre sévère passe derrière le bleu profond de tes yeux, léviathan sous la surface, puis disparait aussi tôt.
— Qui t’a fait ça ? À quand est-ce que ça remonte ? À quand, Nova, à quand ?
Tu l’observes avec le souci d’un proche inquiet alors que tu remontes encore sa chemise, un peu à la hâte, comme pour témoigner des autres blessures de son corps. Finalement, d’où tu te tiens, ce n’est pas bien compliqué d’apercevoir le début d’une morsure près de son épaule. Là aussi. C'est une preuve suffisante.
Tu restes calme, bien sûr.
Tu es tout doux ce soir.
Tu es tout doux lorsque tu te penches vers lui, comme si tu allais l’embrasser à ce même endroit où un autre l’a mordu. Tout doux lorsque tu l’entoures d’un bras comme pour le réconforter de tous ces mauvais, terribles moments qu’il a dû passer. Tout doux comme tes cheveux qui doivent lui chatouiller la peau, qu'il oublie simplement que tu es entre lui et la sortie, désormais.
Et tout doux lorsque d'une main de vipère, tu tires le couteau à ta ceinture.
Tu es moins doux, en revanche, lorsqu’il s’agit de le lui mettre sous la gorge et le serrer contre toi pour l’immobiliser. Sans méchanceté. Sans violence. Mais tu dois te montrer ferme. C’était capital qu’il t’accorde ce moment.
— Shh, shh, shh. Ne bouge pas. Je détesterai te faire du mal.
Tu n’as plus besoin de le charmer, de le distraire - tu pourrais l’étriper si l’envie te prenait, qui irait le chercher au fond du caniveau ? - et pourtant tu es véritablement soucieux lorsque tu l’avertis. Tu es sincère. Tu détesterai lui faire du mal, pas comme ça, pas comme ça.
Alors qu’il ne se débatte pas, même si parfois cela te plaisait. Ce n’était pas le propos. Ce n’était pas le moment. Tant qu’il te restait dans les mains, il serait en sécurité.
— Et je ne vais pas te faire de mal si tu restes sage. Je te le promets, Winchester Nova.
Tu appuies sur chaque syllabe de son nom de façon si obscène. Autant lier l’utile à l’agréable.
— C’est juste une précaution. Dis moi seulement pourquoi j’ai eu mal sans raison à ces mêmes endroits où on t’a blessé. Comme si on me rouait de coup… Et comme si on me mordait.
Et pourquoi, Winchester Nova, lorsque je te touche, je vais mieux ?
Re: j'ai (35M) un petit creux
Winchester Nova se fige, la proie perd ses moyens devant le fauve. obligé de lever la tête pour ne pas manquer de respect à Garance Giesler, pourquoi est-il aussi grand ? il se dit un instant qu'il pourrait sûrement le maîtriser encore plus cruellement que Breckenridge, mais repousse cette pensée au fond de son esprit embrumé. il est presque prêt à dire à dire oui à cette question terriblement tentante, il lui faut toute sa volonté pour réprimer un hochement de tête.
(vraiment ? c'est ça que tu veux ? c'est ça que tu viens chercher ?)
Winchester Nova se fige, quand il sent les bras qui l'enlacent. il a un sursaut de conscience, c'est vraiment ça qu'il veut ? mais c'est déjà trop tard, le piège se referme sur lui trop vite, la lame menace déjà sa gorge.
son cœur s'emballe.
il n'a qu'une envie, c'est d'être sage. il ne demande que ça, en fait, il en est persuadé en entendant son nom complet rouler ainsi sur les lèvres de Garance Giesler. (encore) pour une fois, il n'a pas honte d'être un Nova. il n'ose pas mettre un mot sur le frisson qui descend le long de sa colonne vertébrale. il se sent délicieusement ancré dans la réalité, pour une seconde qui s'étire en une éternité.
il est exactement là où il a besoin d'être,
il le comprend maintenant.
lysandre hydra, c'est quelque chose, c'est une certaine dévotion sur laquelle il ne recule pas, qu'il ne reniera jamais. mais à cet instant il se dit qu'il veut GARANCE GIESLER, sans même réaliser ce que cela veut vraiment dire. il a promis de ne pas lui faire du mal, le couteau pressé à la gorge, et Winchester Nova le croit sur parole. il déglutit, sent la pression de la lame, lève les yeux pour se perdre dans ceux de l'Autre. les pupilles dilatées, il n'a plus que deux puits sans fond.
il aimerait tant avoir la réponse. la bonne réponse. oh, tu n'es pas un très bon élève, mon pauvre, tu comprends si peu de chose, pourtant tu aimerais expliquer cette douleur qu'il a ressenti, cette morsure, miroir de la tienne, souvenir chéri de ce moment où Richard Breckenridge a montré son vrai visage. mais c'est toi qu'il a mordu, pas Garance.
il dit avoir mal, mais sa peau n'est pas marquée comme la sienne. la tentation est là, trop forte pour résister, le Sous-Lieutenant sent sa main remonter, cette fois elle ne désobéit pas, ses doigts osent effleurer la marque, plus violacée, comme si elle avait eu plus de temps pour se soigner. est-ce que ça fait encore mal ? il réprime un sourire, parvient à arracher ses yeux de la peau qui l'envoûte. son regard ne sait plus où se poser. je... le moindre mot prononcé appuie le métal froid contre sa gorge, la sensation glaçante l'encourage à parler. ... je n'en sais rien. je me suis battu il y a quelques jours avec le patron du Lucky Cat, Breckenridge. je ne pensais pas que... qu'il souffrirait aussi. que c'était même possible.
il est sincèrement confus et gêné de ne pas avoir de réponse.
ce n'est pas un intellectuel, il ne l'a jamais été, il ne le sera jamais.
c'est si dur de se concentrer avec ce bras qui continue de serrer son corps contre le sien... il abandonne, tant pis si cela ne satisfait pas Garance Giesler. il ne sera pas méchant, pas trop, il en est sûr, après tout
Winchester Nova est si sage ce soir.
Re: j'ai (35M) un petit creux
With no outside threat
Just a fire in your chest
La lame toujours sous sa gorge, tu poses un regard approbatif sur Winchester Nova. Tu pensais qu’il ne t’écouterait pas, qu’il se débattrait, qu’il te fuirait de n’importe quelle façon, à n’importe quel prix, mais il reste sage, d’une docilité presque alarmante. Il te fait penser à ces petits animaux qui se figent face au danger dans l’espoir que l’immobilité les camoufle. Ou peut-être pensaient-ils que leur prédateur se lasserait ?
D’un côté, cela t’arrange.
De l’autre, cela t’inquiète.
Comment avait-il pu survivre si longtemps avec pareil caractère, s’il abandonnait dès que la situation tournait ouvertement en sa défaveur ? Car tu pourrais le tuer. Un mouvement un peu vif de ton poignet et ça en serait fini de lui - et en plus, tu aurais bon pour devoir repasser un coup de serpillère.
Tu as un sourire mauvais lorsqu’un frisson le secoue - ce que le désir pouvait rendre bête. C’était donc ça ? Il se laisserait tuer par soif de tes mains sur lui, peu importe leurs intentions ? Quelle chance que ce soit sur toi qu’il soit tombé. Toi à cet âge, avec cette envie de jouer à l’humain.
Tu le laisses sagement effleurer la trace de crocs à ton épaule - car c’est comme la douleur, la douceur doit être rendue elle-aussi. Si ça lui fait plaisir… Finalement, il parle, il s’explique, et tu te figes un instant avant de battre des paupières.
Tu étais prêt à toutes les explications, tous les patronymes, mais pas celle-ci ni celui-là. Breckenridge ? Qu’est-ce qu’il venait faire là dedans ? Qu’il prononce ce nom là avec le regard rivé sur ta marque, cela te donne envie d’exploser de rire. Si l’ironie pouvait tuer, le comble vous aurait proprement décapité.
— Breckenridge ? Richard Breckenridge ?
Cette même personne chez qui tu avais couru dans l’après-midi pour lui confier Biscuit, la prunelle de tes yeux ? La conversation que vous auriez lorsque tu passerais récupérer ton chien promettait d’être édifiante.
— Pourquoi tu t’es battu avec lui ? tu demandes d’un ton dubitatif.
(Non pas que tu doutais de lui : tu trouvais seulement la chose d’une stupidité sans nom. Pas étonnant que vous ayez dégusté de la sorte, tous les deux.)
Tu espérais sincèrement que ce n’était rien de grave. Tu commençais à apprécier le policier et ce serait dommage s’il venait à lui arriver quelque chose, de ta main ou de celle de Richard.
Une pause. Sans pour autant baisser ta lame ou le libérer, tu le gratifies d’un :
— En tout cas, je te trouve très sage. Quel bon garçon tu fais.
Mieux valait le préparer pour la suite. Rien de bien méchant, mais si ton intuition était juste cela le surprendrait sans doute. Disons que tu trouvais sa réaction à la nouvelle de votre douleur partagée, hé bien, véritablement inexistante. N’importe qui d’un tant soit peu normal t’aurait demandé de quoi tu parles, juste pour être sûr de bien avoir compris ce que tu racontais. Mais pas lui.
Ainsi tu resserres ton étreinte pour la dernière question de ton interrogatoire et lui murmure près de l’oreille :
— Dis moi. Les étoiles, ça te parle ?
Tu prends pitié. De cette même que tu n'as pas.
— Hoche ou secoue la tête si c'est tout ce que tu veux me dire. Ça m'ira.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Garance Giesler est vraiment quelqu'un de parfait, se dit Winchester Nova.
assez brisé pour le comprendre, mais encore assez fort pour lui tenir tête et le briser un peu plus. cette possibilité là est parfaite à imaginer. il se réjouit de tout ça, de la lame contre sa gorge, et de ce bras qui serrent leurs corps, il n'a pas le droit de fuir.
il cède joyeusement ce droit.
il n'y a même pas de reproche sur l'identité de son agresseur, non, une simple question, presque sans jugement. (il comprend !) Richard Breckenridge est un fils de pute, il explique simplement. et lui aussi en est un sacré. c'était évident qu'il y allait avoir quelques étincelles entre eux. il ne s'était juste pas attendu à quelque chose d'aussi... violemment satisfaisant. (ne t'inquiètes pas, j'ai préféré notre rencontre)
le compliment qu'il reçoit le fait presque ronronner, il se sent si léger et souple, sous la contrainte de l'arme. (il ne faut pas que ça s'arrête) l'étreinte se resserre (il faut que ça dure, pour toujours) la voix dans le creux de son oreille le secoue d'un nouveau frisson (j'ai trouvé ma place) si seulement... si seulement il n'avait pas posé cette question. le Sous-Lieutenant écarquille les yeux, hausse les sourcils, GARANCE GIESLER EST AU COURANT ?
AU COURANT DE QUOI ? DE TOUT ? EST-CE QU'IL EST IMPLIQUÉ ? vision d'horreur. non, ça ne peut pas. déjà Richard Breckenridge... mais lui avait été surpris. lui en avait voulu. Garance Giesler... le prend bien. sa peau le démange et le picote de partout, il veut bouger mais il ne peut pas. la situation est terrible. terriblement ridicule. ça lui arrache un rire, un rire franc, hilare, qu'il réprime quand le couteau appuie trop sur sa gorge.
hahahaha, hahahahaha !
les lèvres toujours étirées en un sourire infernal. hahaha, ha... ha, putain... quelle merde. toi aussi ? il demande, mais n'en doute pas. question assez vague pour simplement demander s'il est au courant, mais il l'imagine aussi impliqué que lui. seulement...
pas dans le même camp, sinon, il le saurait déjà.
PUTAIN DE MERDE.
il fallait... il fallait que ce soit lui.
(il est content de ne pas avoir dit qu'il acceptait de lui appartenir, maintenant que deux étoiles contraires se dressent entre eux. il déteste déjà de ton son corps cet autre qui ordonne Garance)
c'est décevant. son regard se perd dans le vide, que doit-il faire ? il veut que quelqu'un prenne la décision pour lui. il ne veut plus décider de rien. il devrait suivre les ordres de lysandre hydra, et tuer garance sur le champ, mais il se contente de le fixer à nouveau, confus.
(dis moi ce que je dois faire, s'il te plait,
je le ferais,
je ne te tuerai jamais, ou en tout dernier)
Re: j'ai (35M) un petit creux
All over everything
Tu dois le reconnaître : Richard Breckenridge est un beau fils de pute. Ainsi lorsque Winchester Nova se justifie en soulevant ce simple état de fait, tu penches la tête à droite, puis gauche, et hausses les épaules, bien obligé de te rendre à l’évidence - tu ne pouvais pas le contredire à ce sujet. En revanche…
— Un fils de pute, oui, mais un fils de pute dangereux.
Tu comprenais le besoin de te jeter sur toutes les enflures inciviles de la planète mais pareille audace, mêlée à la violence, pouvait coûter très cher. Qui plus est, tu préférais ne pas avoir à revivre une autre soirée à déguster des coups que, pour une fois, tu ne méritais pas. Pas alors qu’il y avait tant d’autres choses pour lesquelles on serait justifié de te punir.
— Tant mieux s’il t’a laissé partir. Je lui parlerai.
Et juste comme ça : le sujet était clos.
Richard était un fou, mais un fou avec lequel on pouvait raisonner. Un fils de pute et un bon gars. Cela t’attristait presque, ces dissensions entre eux.
Quant à l’épineuse question des étoiles, hé bien elle pique. Aux rires de Winchester, tu souris toi aussi, jusqu’à montrer les canines - mais au fond les choses ne sont pas si graves, ou peut-être que tu n’y comprends tout simplement rien. Peut-être que ça n’a pas d’importance. Peut-être que tu ne peux rien y faire, de toute façon. Tu n’allais pas tuer le garçon blond : tu l’aimais bien. Alors tu le protégerais si c’est ce qu’on exigeait de toi.
Lorsque Winchester te retourne la question, tu t’abaisses encore jusqu’à ce que ton souffle lui chatouille le creux du cou.
— “Parler” est un grand mot, mais elles sont plutôt bruyantes ces temps-ci.
Ton couteau est collé à sa gorge. Tu en fixes l’acier, puis lui, dont tu fais remonter la mâchoire avec le tranchant. Un instant de silence où le doute plane puis tu éloignes la lame que tu ranges à ta ceinture d’un geste fluide. Ton étreinte s’allège elle aussi, jusqu’à ce que tu le libères entièrement.
Interrogatoire terminé.
Tu ne mentais pas : tu ne voulais pas lui faire de mal.
À quoi bon, de toute façon, sinon te blesser aussi ?
— Merci de tes réponses, Winchester Nova.
Tu l’aimais bien, ce nom de famille. Ça roulait sur la langue.
D’un coup de paume sur les fourneaux, tu bascules le petit bouton rouge de “0” à “I”, de même pour la friteuse, et te tournes vers le petit policier.
— J’ai encore une question pour toi. Qu’est-ce que tu veux manger, mon garçon ?
Celle-ci était sans pression, comme toutes celles que tu lui poserais ensuite.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Winchester Nova se demande s'il mérite vraiment Garance Giesler.
il est trop... compréhensif. lui qui manie si mal les mots, se contente d'en baragouiner quelques uns, et l'Autre comprend, tout de suite, et ne juge pas. il admet que Richard Breckenridge est un connard, et c'est tout. il n'avoue pas exactement d'implication avec les étoiles, mais il sourit, c'est un beau sourire carnassier, le genre dont on ne se lasse pas. les choses sont comme ça, et c'est tout. il comprend que ce n'est pas tout à fait quelque chose dont ils sont responsables, donc pas quelque chose dont il faut se soucier. (il est bien meilleur que toi, il est trop bon pour toi)
le remerciement le sonne presque, il sourit sans pouvoir s'en empêcher, il a bien fait, il est heureux, c'est là sa récompense, ces quelques mots, et il en veut plus. il se promet de bien se tenir pour continuer d'en entendre, ce n'est pas suffisant, juste cette fois. il se répète les mots dans sa tête, ils pourraient presque le consoler de
la fin de leur étreinte tendue.
non. non, non.
quelle.
déception.
(c'est nul, ça me démange à nouveau, reviens, reviens, reviens)
le contact lui manque, cruellement, et si Winchester Nova n'était pas tant dans le déni à propos de ce qu'il ressent, il se serait immédiatement collé à Garance à nouveau. mais il n'est pas comme ça. et puis, qu'est-ce que ça veut dire, ce genre d'envies ? alors il reste sagement là où il est, l'air déçu, mais ne dit rien. son ventre se tord, mais ce n'est pas juste à cause de ses regrets. après tout, c'est vrai qu'il a faim. et oh, on lui demande ce qu'il veut, comme si c'était quelque chose d'important, comme si on devait prendre ses envies en compte...
(il est bien meilleur que toi, il est trop bon pour toi)
ce que tu veux. il hausse les épaules, ne sait réellement pas choisir. il est même gêné qu'on lui demande son avis. il préfère que ce soit Garance qui choisisse, comme il a choisi de se laisser tirer dessus, comme il a choisi de le laisser le brûler, comme il a choisi de l'inviter ici. ce que tu préfères ? il recule pour s'appuyer contre le mur, pour fixer Garance Giesler, sans trop s'éloigner. (chaque pas de plus est dérangeant)
la première fois qu'il était entré ici, leur première rencontre, il n'était pas vraiment venu pour manger quelque chose. cette fois, si, il a faim, mais il n'arrive plus à penser à quoi que ce soit d'autre que la façon dont l'Autre a prononcé son nom. il a été coupé par leur éloignement, n'a pas pu assez profiter de la mélodie de son nom prononcée comme il l'a fait. il ne l'a pas craché comme une injure. il a rendu ça si agréable, comme s'il avait vraiment eu envie de le dire.
son regard se perd un peu dans le vide, avec ses pensées,
ce n'est peut être pas si grave de n'être jamais devenu un Colt.
Re: j'ai (35M) un petit creux
you’re endlessly racing towards Pavlov’s reward
(Quelle réponse prévisible.)
(“Il y avait un but. Ça n’était pas gratuit.”)
(Et regarde où te mène cette éducation.)
(À moi. Ici. Quel sale travail, vraiment.)
Appuyé contre le comptoir, les bras croisés maintenant que Winchester n’y était plus, tu l’observes du coin de l'œil, amusé par son expression défaite.
(Hé bien, mon petit policier ?)
(Elle était si engageante que ça, la lame que je t’ai mise sous la gorge ?)
Mais tu dois admettre que le pauvre mètre de distance entre vous te dérange, toi aussi. Rien d’insurmontable, c’est à peine quelque chose qui se remarque si près l’un de l’autre, mais il était juste là. Pourquoi persévérer au frais avec la cheminée à côté ? Tu n’allais pas en mourir, mais tu pouvais aller mieux, immédiatement.
Le silence s’installe entre vous - pas pour longtemps, mais tu devais réfléchir.
Tourner autour de la question comme un chat près d’un oisillon échoué du nid ou, dans son cas, un rat gris qui traînait la patte. Tu pourrais l’avaler, oui. Comme il te serait facile, d’encourager ses plus bas instincts, de lui passer la laisse pour mieux le surveiller, après tout de sa sécurité dépendait la tienne et tu ne t’abaissais pas devant toutes les mains.
Mais l’idée te laisse un goût amer en bouche.
Tu n’étais pas ton père. Parfois pour le pire. Souvent pour le meilleur. Ce n’était pas bien compliqué au vue du personnage.
Tu t’en défendras comme tu peux. Prétendras que c’est par goût du défi, que le briser, ah, ce serait trop facile, et puis le travail avait déjà été fait à ta place par la personne à la cigarette baladeuse. Tu mettras la pitié qu’il te manque dans un tiroir, loin de tes yeux, mais elle sera toujours là, elle et sa lumière fugace. Et comme Friedrich Giesler est parti, il y avait cela des dizaines d’années, malgré toi, appuyé contre sa voiture, lui ordonnant de rester, qu’il ne pouvait pas te laisser seul ici (et moi, et moi, pourquoi ta femme et tes enfants et pas moi ?), toi, tu resteras.
— Je n’ai pas besoin d’un autre chien, tu sais.
Tu as un rire grave et court, et lui tires sur le bras pour le faire trébucher loin du mur, jusqu’à toi. Lorsqu’il est à ta hauteur, tu l’attrapes d’une main ferme pour l’installer contre ton torse, son dos frôlant ta poitrine et poser ton menton sur sa tête.
Ça n’allait pas arranger tes maux de dos, mais au moins tu pourrais t’en plaindre auprès de Breckenridge plus tard.
— Ce que je préfère, c’est que tu me répondes. Qu’est-ce que tu veux ? Choisis.
Tu lui dis sans sévérité, avec la même voix que lorsque tu prononces son nom, pour l’encourager. Vous aviez partagé la douleur d’être humain, à la chair fragile. Vous partagerez aussi la douleur d’être humain, les dieux loin de vous, et les maîtres aussi.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Winchester Nova n'a pas envie de réfléchir, et pourtant il pense. à comment l'Autre l'appelle, se demande d'ailleurs comment il s'appelle, et pourquoi ce quelques pas de recul lui donnent déjà envie de se rapprocher à nouveau. il pense à tout cela, et puis à chaque pas que Garance fait vers lui, sa tête se vide un peu plus.
jusqu'à le sentir contre lui.
c'est plus fort que lui, ce contact le soulage si rapidement qu'il se laisse aller dans l'étreinte sans y penser. il s'appuie un peu plus, il n'a plus envie de bouger.
ça le terrifie, d'être attaché aussi vite, il ne comprend pas, pourquoi le manque devient physique avec lui ? pourquoi il ralentit même sa respiration pour ne pas trop bouger, pour rester plaqué contre son torse ? ça ne lui semble pas normal, mais il n'arrive pas complètement à paniquer, pas quand il se sent à l'aise, juste là, entre ses bras. il n'a même pas la force de répondre méchamment, et rétorque juste pour la forme.
va te faire foutre, je compte pas être ton clébard. si. oh, si, bien sûr que si, il aimerait tellement ça, il n'y aurait plus rien à faire, juste rester proche et ne pas être trop méchant, peut être. ce serait bien mieux. il n'aurait plus à décider de ce qu'il doit faire, et quand il serait trop énervé, il mordrait juste assez pour se faire remettre à sa place. mais Garance Giesler n'est pas assez clément pour l'accepter, ou peut être qu'il l'est trop pour le voir détruire ce qui lui reste d'humanité.
alors il doit choisir. tout ça pour une connerie de plat, il le dirait presque, il se débattrait presque... (ses bras sont trop confortables) ça n'est pas juste une histoire de ce qu'il va manger, n'est-ce pas ? au fond, il le sait, mais il préfère faire l'idiot. est-ce qu'il veut vraiment faire ses propres choix ? comment on fait ça, même, en disant juste ce que l'on veut ? c'est vraiment comme ça que les autres font ? mais comment ils savent ce qu'ils veulent ?
(elle est là, ma place... ? quand l'autre connard me démolit, quand Lui me tient contre lui ?
...
c'est ça que je veux ?)
il lève le bras un peu au hasard vers les plats affichés au dessus du comptoir, quelque chose avec de la viande, car il a faim, faim, toujours trop faim, son ventre gronde toujours et encore plus maintenant, ça. il finit enfin par répondre. (pour lui faire plaisir)
il se demande s'il a un plat préféré. il n'a jamais vraiment choisi, à la caserne, on mange ce qu'il y a dans l'assiette, et c'est tout. il tourne la tête, essaye de voir Garance, sans grand succès, curieux. c'est quoi ton plat préféré ? pas ici, juste... en général.
Re: j'ai (35M) un petit creux
A true hedonist indeed
Il était à sa juste place et toi aussi.
Voilà ce que veut bien prétendre la chaleur confortable qui vous anime lorsque vous êtes l’un contre l’autre. Elle n’est pas normale, tu en as la certitude, pas normale comme votre lien, pas normale comme la douleur qui t’avait brûlé la peau sans que tu puisses t’en défendre l’autre soir.
(Ou peut-être que ça fait seulement longtemps.)
(Mais pas tant que ça, au fond, hein, Breckenridge ?)
Tu souris, d’un sourire qui ne veut rien dire, tu montres les crocs au monde et toutes ces choses que tu ne comprends pas. Si tu ne peux rien y faire, il serait de ton bon droit d’au moins profiter de ce que le destin place sur ton chemin, non ? C’est ainsi que tu as toujours vécu : comme un chien à qui on jette des os.
Lentement, tes yeux tombent sur Winchester, en dessous de toi, son oreille, puis son cou, sa clavicule, sa nuque.
Tu le pourrais, oui.
Tu le pourrais.
Tu le peux.
Tu le peux, lorsque son insulte t’agace autant qu’elle t’amuse, qu’un des bras qui l’entouraient se délie, que ta main cherche sa mâchoire puis descend sur sa gorge. D’abord avec l’index que tu glisses le long de son cou, jusqu’à sa pomme d’adam, puis la paume qui s’y colle et les doigts qui s’y referment comme les crocs d’un canidé. Tu la serres doucement, cette main, puis un peu plus fort, pour expérimenter.
— Lorsque tu parles comme ça, j’ai envie de faire de toi ce que tu détestes.
Il en tirera les conclusions qu'il souhaite.
Tu abandonnes ta main là, présente mais pas inconfortable ni étouffante, comme on laisse sa main sur une cuisse ou un dos pour rappeler qu’on est là.
Tu hoches la tête à son choix. Ce n’en est pas vraiment un, c’est le hasard qui décide pour lui, c’est toi au fond, ce que tu décideras d’interpréter comme ce qu’il te montre. Mais ça te va, c’est un début, puis tu peux bien le laisser tranquille pour cette fois avec ce que tu comptes lui faire subir ensuite.
Pourtant sa question te déconcentre.
Il voulait apprendre à te connaître ? Comme c’était mignon.
Tu ris, à peine une pauvre expiration, baisse la tête avec un hmmm pensif, pèse le pour et le contre de tous les plats que tu as mangé dans ta vie.
— Je n’en ai pas.
Mais la réponse est un peu facile, n’est-ce pas ? Presque expéditive. Tu reprends, par souci d’honnêteté.
— J’en ai plusieurs. Je ne peux pas choisir.
Tu sais qu’il va te demander des détails alors tu poursuis.
— Il y a l'omelette aux cèpes que je prenais au restaurant avec - Ma femme. … Une personne importante pour moi. Celle pitoyable que ma nièce essaie souvent de cuisiner pour me faire plaisir, quand j'ai eu une longue journée.
Tu considères la question, dans le lointain.
— Hm... Le barbecue que je peux manger avec ce qu’il me reste d'amis. Le dibbelabbes que j'aidais ma mère à préparer quand elle se souvenait encore de moi. On peut dire que j'aime bien ce qui peut se partager.
Le goût t’importait peu. Tu voulais le symbole et le sens.
— Toi, tu n’en as pas, je suppose ?
De quoi est-ce que tu parles ? D’un plat préféré, ou de souvenirs heureux autour de la table ? Même quelqu’un avec ta gueule en possédait quelques-uns. Et lui alors ?
Re: j'ai (35M) un petit creux
Winchester Nova est un petit con, oui. il ne sait faire que ça, énerver les autres, pour qu'on lui prête un peu d'attention, et oh, il sait toujours très bien comment attirer l'attention des autres.
cette main qui l'étrangle, c'est une victoire, une récompense bien méritée. il ne peut pas s'arrêter de sourire quand il est là où il devrait être, et qu'il reçoit ce qu'il demande. Garance Giesler le comprend trop bien, il en piafferait presque, pourquoi a-t-il attendu aussi longtemps avant de revenir... ? il s'en veut d'autant plus quand les menaces sont juste un défi très tentant.
il a poussé Richard Breckenridge à bout, et quel plaisir. (à quoi tu ressemblerais, toi ?)
mais il faut savoir être patient, pour ce genre de mets. alors il écoute sagement les histoires d'omelettes, de viande grillée et de plats aux noms inconnus. est-ce que c'est bon ? raconté comme ça, ça a l'air.
il est bien pitoyable, en comparaison. mais la pique fait mouche, inévitablement, il se doit de répondre. la bouffe de l'armée, c'est dégueulasse, mais quand tu rentres de mission et que tu vides les placards avec ton escouade, ça devient bon... mais ça n'est pas suffisant, il le reconnait lui même, ça restera quelque chose d'immonde et sans goût. il faut qu'il trouve mieux, il faut qu'il prouve... il ne sait pas, mais il n'a pas apprécié la supposition. alors il réfléchit, et trouve quelque chose, quelque chose qu'il aimait bien manger. ... quand on partait chasser avec mon père, on campait le soir et on mangeait toujours du chevreuil braisé, ça, c'était bon. (tu trouves vraiment ça bon, ou vous en mangiez car il trouvait ça bon ?)
ça suffit, c'est une bonne réponse, il en est sûr.
(pas de réprimandes pas de reproches pas de drôles de regard)
de toute façon, quelle importance ? est-ce qu'il en remangera ? c'est trop gros pour en manger seul, même à trois la carcasse dépecée de la bête restait des jours dans le congélateur. (est-ce que tu en mangerai avec moi, toi ?)
et puis, peu importe, vraiment, il n'est pas dans les bois, et il ne sait pas quand il y retournera.
ce qui compte, c'est qu'il est là, dans ses bras, et il ne veut pas en partir, pour aucune raison, tant pis pour les bois, les ruisseaux et les montagnes. il a déjà du s'arracher de l'étreinte de Richard Breckenridge et maintenant qu'il a enfin trouvé quelque chose qui soulage sa haine, il ne veut pas que ça s'arrête trop vite. son corps n'est pas tout à fait de cet avis, pourtant, et il le sent se tordre. pas d'émotions conflictuelles, enfin, si, toujours, mais surtout la Faim qui l'a amené ici, la vraie, pas juste le désir de revoir l'Autre.
coup de coude dans son ventre, brusque, mais pas très fort. tu m'as attiré avec de fausses promesses pour me regarder mourir de faim ? sur son visage, un large sourire qui découvre ses canines. il sait très bien ce qu'il fait là.
c'est très bien, de l'emmerder.
ça permet de ne pas penser à tout ce qu'il risque de dire, s'il se laisse trop aller. ... ou tout ce qu'il risque de faire.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Just to come back
On dirait bien que tu as touché une corde sensible : Winchester Nova se défend de sa solitude comme il peut, comme si dans ton estime il monterait ou baisserait en fonction du nombre de repas chaleureux partagés avec autrui. Il te fait sourire, à réfléchir, aboyer, gesticuler et s’empresser de te prouver que si, si, avec lui aussi on a rompu un pain joyeux.
Sa première anecdote te fait tout de même hausser les sourcils, quoiqu’elle explique beaucoup à son propos. Ainsi il était dans l’armée ? Un soldat, puis policier. Toujours entouré de code de conduite ou de supérieurs à tous les échelons. Pas étonnant que vous vous compreniez si naturellement.
Quant à la chasse, ah, tu ne peux qu’approuver. À croire que c’est le propre de tous les pères trop autoritaires d’y initier sa progéniture. Le tien vous y emmenait aussi, jusqu’à ce que tes frères et sœurs partent, petit à petit, et qu’il ne reste plus que toi. Dès lors avec lui, tu filais les chevreuils, les faisans, et parfois les humains, le fusil à l’épaule.
— Tu ne m’aides pas beaucoup, mon garçon.
Parce qu’au demeurant, il ne t’indique pas de vrai plat préféré à ajouter à la longue liste dans ta tête, si d’aventure il -
Si d’aventure quoi, d’ailleurs ?
Si d’aventure rien. C’était une simple question comme ça, parce que tu voulais un peu mieux le connaître toi aussi, appréhender ses goûts pour la prochaine fois qu’il passerait au Cheesy Going. Ça t’éviterait un énième abruti qui reste la bouche ouverte devant tous les choix de la pancarte, et te fait perdre ton temps.
Un coup de coude dans ton ventre.
Tu te crispes puis te relâches - il est presque joueur dans son geste, ce n’est pas une vraie attaque. Qu’est-ce qui lui prenait ? Finalement il s’explique, et tu éclates de rire, le ventre le torse et les épaules qui se secouent et se pressent contre lui. C’est un rire franc, et pire que cela : c’est un rire magnifique, de ceux que tu n’as jamais mais qui ferait rougir plus d’une demoiselle si elle l’entendait.
— Si pressé que ça de quitter mes bras ? Tu me brises le cœur.
Tu te penches près de son oreille et lui murmures, la voix grave :
— Tu avais l’air de bien t’y plaire, pourtant.
Mais soit, s’il faut le libérer…
Après tout hors de question de cuisiner avec quelqu’un contre toi : c’était une affaire que tu prenais très au sérieux. Tu regretterais presque que vous soyez ici plutôt que chez toi, avec tout l’équipement nécessaire et tes ustensiles favoris et familiers. On mangeait bien au Cheesy Going, pour peu que le cuisinier daigne faire un effort, mais on mangeait encore mieux chez les Giesler, tant que tu éloignais Gentiana des fourneaux.
Un rapide tour dans l’allée du comptoir et voilà son steak haché sur le feu. D’une main assurée, tu prépares le nécessaire, le pain à burger que tu partages en deux, le cheddar que tu installes dans un coin dans l’attente de son heure, le cornichon que tu découpes, la feuille de salade iceberg que tu tires, les tomates que tu ignores parce qu’il ne fallait pas déconner non plus ça gâcherait la texture à toutes les bouchées, et tu te permets même une petite folie en rajoutant deux tranches de poitrine fumée sur le grill.
Et pour les oignons, hmm… En confiture sur le pain inférieur, et dans la sauce.
Tu lances les frites aussi vite et te tournes vers lui avec une petite courbette dramatique.
— Voilà pour monsieur.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Winchester Nova voudrait ne jamais avoir à quitter les bras de Garance Giesler, il le sait déjà, mais quand il lui fait remarquer ainsi... c'est encore plus dur de s'éloigner. il a senti son rire tonner contre son dos, ça lui a même arraché un sourire, fier de lui. est-ce que...
est-ce que Garance Giesler ne veut pas le lâcher non plus ? est-ce qu'il ressent le même besoin... physique, instinctif, d'être au plus proche de lui ? ... est-ce que c'est normal ?
beaucoup de questions, pendant qu'il fait son deuil de son torse collé contre lui et de ses bras qui l'enserrent et le menace. beaucoup de questions sans réponses, alors qu'il le regarde cuisiner, intrigué. il s'approche, pas trop, pour ne pas se faire engueuler, mais simplement pour voir ce qu'il fait. (pas trop proche du grill) ça sent bon, et sa faim se réveille un peu plus, oui, il a hâte de manger, mais ne dit rien. il n'a pas une réelle idée du temps de préparation, il ne cuisine jamais. donc il observe, curieux, les ingrédients, les ustensiles, le couteau, tout.
de temps en temps, les bras de l'Autre aussi, ses doigts, ses mains... pourtant il refuse de s'avouer qu'elles lui manquent déjà. il reporte son attention sur le burger, qui prend forme, les frites qui viennent l'accompagner sur le plateau. ça n'a vraiment pas l'air mauvais, il pense en s'installant à la table la plus proche, l'Autre en face.
Winchester Nova voudrait commencer de manger,
mais,
ça ne va pas tout à fait.
il est là, assis, prêt,
mais pas assez près.
ça le démange encore, ça l'agace, ça le déconcentre.
par pure vengeance, ça commence par un coup de pied dans le tibia de l'Autre, pas plus méchant que le coup de coude, mais le Manque est si fort, ça ne soulage pas assez.
il laisse sa jambe là, contre celle qu'il vient de frapper.
collée là.
contre Lui.
ça va mieux... ?
il peut manger.
le chronomètre est alors lancé. Winchester Nova mange vite. trop vite, habitué à ne pas avoir le temps. peut être par crainte qu'on lui retire son assiette avant d'avoir fini, ou que l'on ose piocher dans sa nourriture.
(la Guerre, ce sont toutes les nouvelles recrues qui partagent une gamelle ; tous les gamins qui poussent du coude à la table de l'orphelinat)
il tient fermement le burger dans ses deux mains, ouvre grand la mâchoire, il prend à peine le temps de mâcher, la bouchée est avalée et prestement remplacée par une autre. ses canines déchiquètent la viande si facilement, si vite. ses yeux restent fixés sur son plateau, sur sa nourriture. il ne relève pas le regard une seule fois, et prend à peine le temps de respirer entre chaque morceau avalé. il ne mange pas salement, il ne se tâche pas, ne laisse pas des miettes voler partout, non, il fait attention dans son empressement de tout terminer le plus vite possible. de temps en temps, il rajoute une frite à sa bouchée, et quand il ne restent plus qu'elles, il les enchaine une par une.
en quelques minutes à peine, il ne reste plus rien.
rassuré et repu, il se redresse, s'appuie contre le dossier de sa chaise, et se rappelle qu'il n'est pas seul. c'était... c'était quoi ? a-t-il vraiment eu le temps de goûter quoi que ce soit ? pourtant, il reconnait très bien ce qu'il appelle la bouffe dégueulasse, et là, ça n'avait rien a voir. rien du tout. c'était bon. il a gagné du temps, mais il cherche quelque chose qui diffère de ce qu'il mange d'habitude. ah oui, normalement il n'aime pas les oignons, mais là c'était... presque sucré ? c'était pas mal, oui. j'ai bien aimé les oignons. merci.
il en restera là pour la critique culinaire. il remarque aussi enfin qu'il est le seul à avoir mangé. t'as pas faim ?
ce qu'il dit n'a aucune importance, il pense juste à sa jambe collée à la sienne.
Re: j'ai (35M) un petit creux
You ask the wrong questions but
want the right answers
Un peu de paprika sur les frites, le burger que tu montes d’une main de maître, et le dîner est servi. Il serait tout à sa place sur une grande affiche de l’Octant tant l’assiette est jolie mais tu la déposes plutôt sur la table d’un restaurant minable des CDC, pour un garçon que tu ne comptais même pas faire payer.
Tu t’assoies face à lui avec l’intention de lui piquer une ou deux frites et te détendre, alors qu’il cherchera sans doute à te faire la conversation, mais voilà qu’il te tape un peu dans le tibia. Tu as à peine un sursaut, puis un rire soupiré alors que tu hausses un sourcil amusé dans sa direction. Vraiment ?
Tu poses le coude sur la table pour te pencher un peu vers lui, fainéant, et ton autre main à son bord. Quant à ta jambe, tu la gardes collée contre la sienne. S’il voulait tant te sentir contre lui, alors soit.
Puis il commence à manger.
Cette main sur la table s’avère en fait être une brillante idée parce que tu la serres jusqu’à ce que tes phalanges blanchissent, que les veines sur ton bras se tracent. Si tu l’avais abandonné sur sa jambe, nul doute que vous auriez dû vous presser aux urgences. Qu’est-ce que c’était que cette façon de manger ? Cette vitesse ? Est-ce qu’il y avait un putain d’incendie chez lui, est-ce qu’il avait omis de t’informer au sujet du train qu’il comptait prendre tout de suite après son repas ?
C’était trop gros pour qu’il se paie seulement ta tête - il ne te jetait aucun coup d'œil moqueur, ne cherchait même pas à vérifier si son petit spectacle faisait son effet.
En fait, le choc mêlé d’horreur t’abasourdit tout simplement.
Lorsqu’il termine et relève le nez comme si les ??? dernières minutes ne s’étaient pas déroulées, tu te redresses toi aussi, et sa conclusion te laisse pour ainsi dire pantois.
— Ah bon. Tu demandes, d’un ton plat.
Tu n’es même pas en colère. À ce stade il ne te reste que la curiosité d’un anthropologue qui porte un regard sans jugement sur une pratique à des années lumières de sa propre culture.
— Ah bon, tu répètes, lorsqu’il te remercie pour les oignons. Je suis étonné que tu aies eu le temps d’en… remarquer l’existence.
Ta main, encore accrochée au rebord de table, s’en décroche comme une serre.
Lorsqu’il te retourne une question, tu es secoué d’un autre rire grave, tes yeux quittant les doigts que tu te dégourdissais pour se plonger dans les siens. Tu ne lui donnes aucune réponse alors que tu quittes le dossier de ta chaise pour te pencher vers lui, que ton autre main se porte sur sa jambe collée à la tienne et que tu lui presses brièvement le genou.
Là voilà, sa réponse.
Tu te relèves pour filer derrière le comptoir et ranger rapidement ce même désordre que tu avais mis un peu plus tôt. De toute façon, inutile de s’éterniser sur le ménage vu le peu d’usage que vous feriez de la cuisine au lendemain.
— Je te ramène, tu annonces, encore dos à lui.
Il y a la nuit et son silence et le grésillement de l’ampoule au-dessus de vous.
Un papillon de nuit gaspille ses heures éphémères à la poursuite de sa lumière.
Finalement, tu jettes ton chiffon dans un coin, ranges tes affaires et l’invites d’un geste vers la porte à sortir. Ce n’est pas ta plus belle fermeture, mais franchement tu t’en moques. Alec ne te ferait aucun reproche, et pareillement pour toi. Les lumières éteintes, tu fermes la porte, d’abord à la main, ensuite à clé, et jettes un coup d'œil en coin à Winchester.
Cette fois, lorsque tu tires une cigarette de ton paquet, tu lui en proposes aussi une.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Winchester Nova n'est pas mécontent.
le ventre plein, un bras par dessus le dossier de sa chaise, ses yeux se perdent dans le regard de Garance Giesler, fixent un instant les mains crispées sur la table mais reviennent toujours à Ces yeux noirs,
leurs jambes collées,
leurs jambes collées,
leurs jambes collées,
leurs jambes collées,
(leurs jambes collées)
ce n'est pas assez ce n'est pas assez ce n'est pas assez ce n'est pas assez
Winchester Nova ne voit même pas la déception ou le dégout de l'Autre, il n'y pense même pas, il n'y a rien, rien, juste leurs jambes collées, et ce rire ! ce rire qui le tuera. ce rire qui ne doit jamais se taire. ces yeux qui le transpercent, ces yeux qui comprennent, ces yeux qui savent sans qu'il ai besoin de dire.
ces yeux.
et cette main, qui lui coupe le souffle. qui s'en va si vite, trop vite, qui laisse à peine le temps d'en profiter, qui ne soulage cette sensation horrible qu'un trop bref instant. oh, il se sent si bien, pendant ce court moment, mais quelle cruauté de s'éloigner aussitôt, quelle cruauté de s'arrêter de rire, quelle cruauté de lui tourner le dOS ET T'ÉLOIGNER, GARANCE GIESLER ???
ce n'est pas assez ce n'est pas assez ce n'est pas assez ce n'est pas assez donne m'en plus j'en veux plus je t'en supplie donne moi plus que ça jusqu'où ta main peut remonter s'il te plait s'il te plait s'il te plait
il se relève lentement, sans rien dire, essaye de cacher une nouvelle fois sa déception. le regarder nettoyer, ranger, préparer ses affaires... il est si proche, et pourtant si loin, c'est peut être encore pire que toutes ces semaines à se sentir si mal sans comprendre pourquoi. comment il est censé rentrer chez lui, maintenant ? pourtant il obéit sans protester, sort du restaurant et fixe Garance Giesler, espérant quelque chose qu'il ne comprend pas.
il prend la cigarette généreusement offerte, repense à la première qu'ils ont partagé, et ses doigts frôlent une seconde de trop la main aimable,
ce n'est pas assez ce n'est pas assez ce n'est pas assez ce n'est pas assez
il allume sa cigarette et tend son briquet vers celle de Giesler. il n'a toujours rien dit. la première bouffée d'habitude si rassurante ne fait plus rien, il est trop proche et pas assez. il ne sait pas ce qu'il est censé dire, pourtant...
il faut qu'il le dise.
il va se haïr, oh, si fort, mais il doit le dire,
il n'arrive même plus à dormir depuis des jours,
et il se tient juste là,
il faut lui dire,
pourtant il hésite. ouvre la bouche, la referme, refait ce petit manège quelques fois de plus. les yeux rivés au sol, il trouve pourtant la force de les relever. si je te propose de venir avec moi, il hésite encore, une seconde de plus, mais il décide finalement de plonger au fond du trou qu'il a commencé de creuser. tu me réponds quoi ?
ce ne sont pas ses mots ce ne sont pas ses mots mais qu'est-ce que ce serait, ses mots ? il ne sait pas parler il ne sait pas demander il ne sait que
désirer désespérément en silence
Re: j'ai (35M) un petit creux
You worked it out that night
Under the tungsten light
La cigarette coincée entre tes lèvres, tu te penches vers lui, la paume à plat sur le mur derrière vous et les yeux posés sur sa peau tandis qu’il cherche bien serviable à l’allumer pour toi. Lorsqu’il y parvient, tu ne te redresses pas immédiatement - à force c’est presque devenu un jeu que de le torturer avec cette proximité à peine suffisante entre vous - et ce que tu lui infliges t’aide à oublier comment le même besoin de se tenir près de lui te démange, toi aussi.
Les cicatrices à ses bras t’obligent tout de même à te reculer un peu, quitter ton appui pour te tenir bien droit avec ta grande figure sinistre. L’idée d’approcher trop proche de sa peau ta clope incandescente te déplaisait franchement.
Les questions avec lesquelles Winchester Nova est aux prises t’échappent complètement. Tu n’as d’yeux que pour la ruelle mal éclairée qui se prolonge devant vous, avec ses murs sales, ses lampadaires grésillants, l’air du soir qui la traverse et te rafraîchit les poumons - cette nuit là est frisquette, comme les nuits d’avant, avec le goudron encore un peu humide de la pluie qui est tombée toute la journée.
Tu t’apprêtes à faire crisser tes semelles sur le trottoir direction la voiture, le garçon sur tes talons ou en tout cas tu penses, mais il t’arrête lorsqu’il élève enfin la voix. Dos à lui, tu te retournes, curieux, éloignant ta cigarette de tes lèvres un instant, et sa question te déconcerte tellement qu’elle reste ainsi suspendue entre ton index et ton majeur une, deux, trois secondes, avant que tu ne te souviennes que tu étais en train de fumer.
Tu inspires une grande bouffée de nicotine, jettes un coup d’œil au lointain comme si la réponse à tes propres questions s’y trouvait, puis demandes :
— Avec toi ?
Tu n’as aucune idée d’où il veut en venir, ou de pourquoi il enfonçait avec une telle hésitation une porte déjà grande ouverte.
— Monter chez toi, tu veux dire ?
La subtilité n’était pour ainsi dire pas ton fort, et tu avais l’impression de t’être montré suffisamment transparent vis à vis de -
Ah.
— Ah.
Ah.
Non, tout de même pas ?
Tu as un sourire tremblant qui te démange les lèvres, que tu cherches en vain à contenir derrière ta cigarette avant de capituler.
— Ahahah.
Tant pis s’il pensait que tu te moquais de lui. À vrai dire tu étais encore partagé entre le trouver franchement désespérant ou plutôt attendrissant, lui et ce qui ressemblait à de l’innocence.
— Je t’ai dit que je te ramenais, pas que je te raccompagnais à la sortie.
Tu lèves les yeux au ciel. D’accord, donc être explicite ne suffisait pas, il fallait se montrer très explicite. Tu prends une dernière bouffée de cigarette avant de l’écraser sous ta chaussure avec une pensée automatique pour Gentiana, envers laquelle tu t’excuses mais il n’y avait pas de cendrier à 10m et puis au moins tu n’étais pas un de ces énergumènes qui crachaient dans la rue.
Un petit soupir amusé, et on reprend.
— Je vais être au plus précis, Winchester, comme ça il n’y aura pas de malentendu entre nous. Tu fais un pas vers lui puis t’arrêtes. Je vais te ramener chez toi. Puis, si tu le souhaites et que tu me le demandes gentiment, je monterai chez toi. Et, toujours si tu en as envie, on ira dans ta chambre, ou ailleurs, et je te ferai l’amour.
Une pause. Tu guettes chaque expression de son visage pour être absolument certain qu’il a bien compris.
— On peut aussi discuter autour d’un café si tu veux. Tu dis ça, pour une fois, sans un monceau d’ironie. Je ne t’obligerai jamais à rien. Pas sur ça. D’accord ?
Ce n’est pas l’envie qui te manque d’effleurer sa joue d’une main, pour le simple plaisir de le voir se coller à elle comme si ta peau était la meilleure chose au monde, mais tu t’obliges à le laisser tout seul, sans influence, pour cette décision là.
— Je dois faire un crochet au Lucky avant, pour récupérer mon chien. Tu parlerais à Breckenridge demain, peu importe. Ce n’était pas la distance qui vous écrasait, de toute façon, ou en tout cas pas géographique. Ma voiture est par là.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Garance Giesler peut être un sacré fils de pute.
il comprend, il fait attention, il se penche même gentiment pour ne pas trop ridiculiser Winchester Nova qui doit un peu trop lever le bras pour allumer sa cigarette. il lui fait à manger sans trop de remarques, il le menace avec un couteau, il le laisse le brûler sans broncher. il lui dit de revenir, et tient ses promesses. il continue de rire, quel rire, oui, il rit.
et puis il dit des choses h̵o̸r̵r̴i̷b̶l̸e̴s̸.
il gâche tout.
il ruine tout.
par réflexe, le Sous-Lieutenant recule d'un pas. les sourcils froncés, il n'est plus amusé. et ce putain de pas de plus qui les éloigne et le gratte encore le fait encore plus détester cet espèce de connard. il hésite à repartir à pied comme il est venu sans rien dire de plus... mais maintenant qu'il a été si proche de lui, il ne sait même pas s'il supporterait encore une telle distance entre eux. est-ce que c'est cette dépendance qu'il déteste ? l'autre ? lui même ? ce qu'il essaye de contenir au fond de lui ? ou un mélange confus de tout ça, qu'il refuse d'examiner.
il refuse de mettre des mots dessus, surtout pas ceux de cet enculé.
pourtant il a besoin d'être près,
il a envie d'être près.
alors pourquoi est-ce qu'il faut tout pourrir en sortant de telles saloperies ? ce qu'il dit, ça ne se fait pas. enfin, si, ça se fait, mais ça ne se fait pas. il ne sait pas exactement ce qu'il attendait de Giesler, mais surtout pas une invitation à se vautrer dans la boue, il en est certain.
instinctivement, il avait reculé, mais ses mots mettent du temps à suivre, il écoute le reste, essaye de savoir ce qu'il peut répondre. il n'arrive pas à tout refuser en bloc, mais il n'arrive pas à se retenir de cracher sa colère. ferme ta gueule, je veux juste dormir une putain de nuit sans que ça me démange. il ne veut pas entendre parler de discussion il ne veut pas entendre parler de café il ne veut pas entendre parler de
dégouté, il jette son mégot par terre sans même l'éteindre, et s'éloigne encore un peu, vers la voiture qu'il lui a montrée. déformation professionnelle ou simple envie de distraire son esprit qui s'énerve un peu trop, il note le numéro de la plaque d'immatriculation avant de monter dedans, non pas sans intimer à Garance Giesler de se grouiller le cul pour l'ouvrir. il donne l'adresse du motel, et ne dit plus rien du trajet, trop occupé à fixer la route et à insulter l'autre dans sa tête.
(pourquoi tu as dit ça ? je te déteste je te déteste je te déteste je te déteste)
Winchester Nova parvient enfin à regarder son conducteur quand la voiture s'arrête à côté du motel. viens et reste à côté, c'est tout ce que je demande, pas... pas ça pas ça pas ça pas ça putain. il claque la porte derrière lui.
sans un regard derrière lui, il se dirige vers la porte de sa chambre, doit fouiller de trop longues secondes au fond de ses poches pour retrouver la clé, et quand il fait enfin un pas à l'intérieur, il s'arrête. hésite. se retourne enfin vers Giesler, et pointe du doigt la petite bête trop enjouée qui les a rejoint en cours de route. s'il lui prend l'envie de pisser sur le tapis, tu connais le chemin pour dégager.
est ce que c'est une erreur, de le laisser venir ? mais Winchester Nova va devenir fou s'il passe encore une nuit à se retourner sans trouver le sommeil. alors il allume la lumière, peste contre l'ampoule qui clignote et que les propriétaires n'ont toujours pas changé. la chambre... est probablement une des meilleures que ce quartier peut offrir, un prix ridicule pour un salaire de flic presque gradé, mais ça ne rend les autres chambres que plus inquiétantes. il y a tout de même un semblant de coin """ salon """, un canapé et une table basse, le lit est plus au fond collé à un des murs défraichi. malgré la lumière défaillante, la pièce reste sombre, le plafond noirci par des générations de fumeurs.
pas besoin de retirer ses chaussures, ce serait beaucoup trop d'honneur pour le gérant. on avance presque facilement, depuis sa rencontre avec Lysandre Hydra, il a rangé progressivement son trou à rat, il ne reste que quelques vêtements tâchés étalés sur le sol, vers le lit, et quelques autres qui débordent de l'armoire et tentent de s'en échapper. mais il s'en fiche, il se dirige immédiatement vers le meuble minuscule qui prétend être un frigidaire, sort une bouteille de whisky onéreuse à peine entamée, qu'il pose sur la table basse à côté de deux verres abandonnés, mais propres.
il regarde Garance Giesler.
on va boire un coup, et dormir.
ce n'est pas une question, ce n'est pas une invitation.
c'est un ordre.
Re: j'ai (35M) un petit creux
Of freedom outside
Tiens donc.
Est-ce que tu t’étais mépris ? Winchester Nova te fait un peu penser à un chaton qui ronronne sous les caresses, cherche la main humaine, avant de la mordre sitôt que l’envie lui prend pour s’y frotter de nouveau l’instant d’après.
— Oh ?
Et qu’est-ce qui te démange, Winchester Nova, tu lui demandes sans même ouvrir la bouche.
Il suffit que tu te penches un peu vers lui, avec toujours ce sourire aux lèvres, et les yeux qui ne le quittent jamais. Tu le vois enfin pour ce qu’il est, comprend le sens de sa pudeur et de son innocence, et ça te donne envie d’éclater de rire.
Oh, ce que tu aurais aimé entendre les mensonges dont il s’est nourri lorsqu’il a frissonné sous ta lame, s’est réfugié dans tes bras et collé sa jambe contre la tienne comme si s’éloigner pour le plus traître des instants était la pire torture qui soit.
Tu le vois enfin pour ce qu’il est, et tu ne peux plus détourner le regard.
Tu ne te dépars pas de ta bonne humeur, bien au contraire.
Ce moment où il t’insulte mais file droit jusqu’à ta voiture, c’est comme découvrir que le jouet en piteux état déniché à une brocante est en fait une pièce de collection. Tu le suis avec toujours ce sourire, ce sourire mauvais, et les yeux qui dévorent la moindre de ses expressions pour avaler goulument son conflit intérieur et les vulgarités dont tu sais qu’il t’accable.
(Qu’est-ce qui te démange, Winchester Nova ?)
(Je veux que tu le nommes.)
Biscuit est une aparté bienvenue.
Biscuit est la meilleure chose sur cette terre, à vrai dire.
Tu abandonnes le garçon dans la voiture avec ses désirs et ses peurs pour toquer chez Breckenridge chez qui tu ne restes pas longtemps. Oh, s’il savait qui tu avais dans ta voiture. Car c’était ses dents, n’est-ce pas, qui marquaient l’épaule de Winchester ?
(Certaines choses ne changeront jamais.)
(Est-ce que vous n’avez vraiment fait que vous battre, tous les deux ?)
(Et moi alors, Richard ?)
Tu ne peux pas t’y éterniser alors tu ne dis rien.
Mais voir sa tête de con, entendre sa voix insupportable, après avoir témoigné de toutes les traces qu’il a si impunément dépeintes sur la peau de ton petit policier, ça attise ta faim, ta soif, et autre chose que tu n’avais pas ressenti depuis longtemps.
(Qu’est-ce qui te démange, Winchester Nova, qu’est-ce que Richard Breckenridge n’a pas suffi à rassasier ?)
(Je te le donnerai au centuple.)
Biscuit te fait la fête.
Tu l’installes sur tes genoux lorsque tu prends le volant et il reste sage.
Quant à ta conduite, hé bien - tu conduis comme quelqu’un qui dit qu’oh ça va, de toute façon il n’y a personne sur la route lorsque son passager s’accroche crispé à sa ceinture, sa vie, et découvre la religion sur son siège. Tu conduis comme un criminel qui sait exactement quelle règle briser, pourquoi et quand, sans jamais déplorer le moindre accident.
Vous arrivez vite devant chez lui.
Winchester Nova retrouve enfin la voix. Lorsqu’il exige ta compagnie malgré ce que doit lui murmurer son bon sens, tu as envie de l’attraper par son col et l’embrasser ici-même. Si ce n’est que les mots qui le gênent, si ce n’est que lui rappeler ce qu’il désire au fond, ce n’est pas un problème. Tu peux la fermer, ta gueule, si on t’en donne une bonne raison.
Tu le talonnes lorsqu’il sort de la voiture, ton chien dans les bras, et t’appuies l’épaule contre le mur lorsqu’il se débat avec ses poches pour vous ouvrir. Et vous voilà à la maison. Tu as vu pire (regardez, il a un sommier, c’est pas beau ça quand même ?) et beaucoup mieux aussi. Mais tu te moques de la déco ou du rangement, c’est lui, lui que tu regardes toujours, sauf quand tu poses Biscuit sur le sol pour le laisser gambader un peu.
Il ne se laisse pas dépayser et va gaiement renifler tous les coins de ce nouvel endroit à explorer.
Toi, tu continues de suivre Winchester que tu observes s’accroupir près du frigidaire pour en tirer du whisky. C’est donc ça qu’il lui faut, du courage liquide ? La soirée n’était pas terrible au point de devoir immédiatement en abandonner les souvenirs au fond du verre, tout de même ?
Tu songes à lui poser la question, puis te ravises parce qu’il ne voudra sans doute pas penser à cette réponse là non plus.
Comme tu es délicat, ce soir.
Tu ne prends même pas ombrage de son injonction C’est rare qu’il soit si certain de quelque chose, ce petit policier, alors tu veux laisser durer le moment, comme la flamme d’une bougie que l’on protège de ses deux mains face au vent.
Lorsqu’il sert vos deux verres, tu prends le tien que tu termines vite, sans même t’asseoir, pour lui faire plaisir. À ton âge, on se couchait tôt et on se levait aux aurores, et puis tu vivais bien avec toi-même. Tu t’endormais vite, sans réel besoin de t’enivrer comme une béquille à ton sommeil, et sans non plus penser à des centaines de choses lorsque tu fermais les yeux en plein silence.
Finalement tu reposes ton verre sur la table basse, jettes un dernier regard à Winchester et t’avances vers le lit au fond de la pièce, déboutonnant ta chemise sur le chemin. Tu défais ta ceinture, enlèves tes chaussures cirées, abandonnes ton pantalon et tes chaussettes, avant de ranger le tout précautionneusement à côté du lit. Quant au cran d’arrêt dont tu ne te séparais presque jamais, tu le places au-dessus des tissus comme si ensemble ils formaient un beau coussin de velours.
— J’espère ne pas choquer ta pudeur, tu lâches finalement en t’asseyant au bord du lit, les yeux braqués sur lui. J’aurais pris un peignoir, tu penses bien, si j’avais su pour notre petite soirée pyjama.
Comme si tu en possédais un.
Lorsqu’on toquait chez toi, tu préférais mille fois ouvrir la porte à moitié nu et regarder les démarcheurs aussitôt se décourager.