Accueil
Dernières images
Rechercher
Membres
Groupes
S'enregistrer
Connexion
L'art d'éclairer ta lanterne ✍︎ Nate
La lumière…
Nate est notre dernier éveillé, celui qui complète le cercle, le referme sur lui-même. Ça fait longtemps que nous n'avons pas été huit autour de Cursa. Je me demande même si c'est déjà arrivé depuis mon éveil… Nos rangs changent si vite – j'en ai le sang glacé. Mais il faut se concentrer sur le présent. Sur notre cercle complet, solide, équilibré. Il y a quelque chose de rassurant à le sentir ainsi. Je me demande si cela change quelque chose pour Cursa, si elle-même se sent plus soutenue, plus sereine. Plus forte.
Nate, c'est Mica qui l'a trouvé. Moi je ne l'ai pas vu très souvent, juillet a été chargé. Et Nate a le don de la lumière. Un pouvoir élémentaire, comme moi, avec lequel il n'a pas l'air très à l'aise. Et c'est pour ça que je lui ai donné rendez-vous ici, devant l'une des nombreuses entrées des souterrains. Nous y serons loin des regards et au cœur de l'obscurité.
Re: L'art d'éclairer ta lanterne ✍︎ Nate
Tu n’es pas spécialement rassuré par ce rendez-vous. Tu as conscience de l’importance du lieu, car il te permettra sûrement de mieux reproduire les conditions initiales et ainsi, peut-être, raviver cette… chose. Celle qu’ils appellent « pouvoir ». Et bien sûr, tu as bien fait le tour de la mauvaise entrée avant de te rendre compte qu’il t’attendait ailleurs. Tu n’as jamais eu un sens de l’orientation très pointu, c’est même plutôt l’inverse.
Mais finalement, tu as fini par retrouver ton chemin. Ou du moins, trouver l’un des chemins menant au point de rendez-vous. Tu as dû tomber une ou deux fois entre temps, à force de te retourner au moindre craquement de pierre.
Le voilà enfin. La pression monte. Tu te sens… redevable. Tu déglutis discrètement avant de t’approcher doucement, t’annonçant à l’avance pour ne pas le surprendre.
— Kees… désolé, je suis en retard, j’ai pas l’habitude de… ce genre d’endroits. Un soupir de soulagement t’échappes, alors… par quoi on commence ?
Au taquet, comme toujours. Parce qu’il n’y a plus une seconde à perdre. Tu en as marre d’être un noob.
Re: L'art d'éclairer ta lanterne ✍︎ Nate
Je l'accueille avec une chaleur véritable. C'est un soulagement de voir sa petite tête blonde, d'entendre sa voix. C'est un soulagement de ne plus être seul avec mes souvenirs, avec mes doutes et mes angoisses. Ce garçon-là porte son cœur sur la manche et ses émotions sur son visage, j'y lis l'inquiétude et l'impatience et la gravité et j'aurais envie d'en rire si malheureusement les prophéties fiévreuses qu'Andrea tisse autour d'elle (comme un cocon, comme un bouclier) ne résonnaient pas à mes oreilles.
– Y a pas de soucis. C'est pas comme si les souterrains avaient un plan! J'aurais pu choisir un autre endroit, mais ici on a plus de chances d'avoir de l'obscurité et de la tranquillité.
Sa motivation à vouloir en savoir plus – sur qui nous sommes, sur qui il est, sur ce qu'il peut faire – a quelque chose de rassurant. Si j'avais été comme lui, lors de mon éveil, le cours des événements aurait-il changé? Si je n'avais pas fui, si j'avais passé plus de temps avec le cercle, si j'avais apprivoisé plus tôt mon pouvoir… Est-ce que Madison et Leith seraient toujours là? Est-ce qu'Andrea serait en sécurité entourée de sa famille?
– Tu me montres ce que tu sais faire?
Re: L'art d'éclairer ta lanterne ✍︎ Nate
Ok, Nate, c’est ton moment là. Donnes tout c’que t’as. C’est-à-dire pas grand-chose, mais essaie quand même. De toutes tes forces. Allez, ça fait un mois que tu galères, un mois que tu donnes tout pour réussir à le contrôler, ce truc. Plus qu’un mois, non ? Deux, presque. Alors c’est pas le moment de chômer.
— Ok… ok ! Prépare-toi à fermer les yeux, au cas où, ça peut être plutôt aveuglant si ça fonctionne... tu te concentres, tu souffles un bon coup, tu fermes les yeux et gigote des mains : tu les secoues, comme pour te vider de toute cette pression.
Tu te crispes, la concentration est à son maximum et…
(23) Tu relâches. Comme une expiration, ta lumière transperce ton corps et se déverse au-delà des limites que tu te connaissais jusqu’ici. Une explosion de lumière, presque aussi étincelante que celle que tu as laissée échapper lors de ton éveil. Par réflexe, tu fermes toi-même les yeux, te rappelant que trop bien de l’aveuglement des dernières fois… une fois, tu as bien cru ne plus jamais pouvoir retrouver la vue. Comme quoi, chaque pouvoir a ses défauts.
Tu es fier, très fier de toi. Cet entraînement fait en cachette, dans ta chambre d’appartement sous la couette, ou dès qu’un petit coin d’obscurité s’offrait à toi a certainement fini par porter ses fruits. Tu arrives à contrôler l’apparition de cette lumière, et tu penses avoir compris le truc. Tout est dans la respiration, pour toi.
Tout est dans la volonté de te surpasser.
D’avancer. De t’améliorer. De persévérer. De briller, en somme.
Alors tu vérifies que Kees va bien et lui offre ton plus beau sourire. Toutes tes dents sont de sortie, cette fois ; peut-être qu’elles s’avèrent être moins éblouissantes que ton pouvoir, mais on s’en rapproche plutôt pas mal.
Re: L'art d'éclairer ta lanterne ✍︎ Nate
Le jour s'est levé dans les galeries souterraines, le soleil s'est glissé là où il n'a jamais été convié. Ça n'a été d'abord qu'un scintillement discret, une brume claire sous sa peau. Puis: fiat lux. Derrière mes paupières j'imagine sans peine la qualité de son or, sa chaleur d'été italien, sa franchise qui transperce l'air, altière et pleine. C'est une lumière que je pourrais toucher, à laquelle je pourrais venir puiser, les mains en coupe et la lèvre sèche, pour m'y nourrir et m'y baigner. J'imagine que Cursa devait émettre une clarté semblable, là-haut dans les cieux, avant de tomber parmi nous.
L'éclat se fait lueur et je rouvre les yeux. Nate me sourit, nimbé de gloire sauvage. La joie et la fierté inondent son visage et je ne peux que sourire en retour, émerveillé comme un enfant qui voit la mer.
– Geweldig… Ton entraînement a porté ses fruits, on dirait. Tu as pigé le truc?
Re: L'art d'éclairer ta lanterne ✍︎ Nate
Tu hoches affirmativement la tête, bien que légèrement hésitant.
— Je crois ! Ça fait un moment que je tente des trucs et là… je crois que c’est lié à ma respiration. J’ai réussi quelques fois à lancer l’étincelle, mais c’est la première fois qu’elle est aussi forte - presque autant que la toute première fois. Mais… j’aimerais pouvoir contrôler d’où ça vient, surtout. Si je pouvais faire briller le creux de ma main, pour commencer…
Tu dis tout haut ce que tu pensais tout bas. Car oui, tu as longuement réfléchi à toutes les façons d’user de ton pouvoir : lampe-torche vivante, brûlage de rétine, briller volontairement d’une partie précise de ton corps, tant de choses que tu aimerais accomplir en si peu de temps. Et tu comptes sur Kees aujourd’hui pour t’aider à trouver quelque chose, n’importe quoi, qui pourrais te faire avancer davantage.
Aujourd’hui, tu veux contrôler l’intensité et la localisation de ta lumière.
— Ou réussir à ne pas me brûler la rétine, ça serait cool. Mais je sèche…
Re: L'art d'éclairer ta lanterne ✍︎ Nate
Plongé dans mes réflexions, je modèle une bulle d'eau entre mes doigts. Elle grossit petit à petit, nourrie de l"humidité ambiante. La lumière qui continue à sourdre de Nate y ricoche et c'est comme si j'avais un soleil miniature dans le creux de ma main.
– C'est là que nos pouvoirs diffèrent. Finalement, tu ressembles plus à Danh.
Je me souviens de la stupeur de le voir changer sa main en sable et la recomposer comme si de rien n'était. L'eau m'obéit, mais je suis incapable de devenir comme elle, de lui emprunter sa fluidité pour outrepasser les barrières de mon corps.
– Mais la respiration, c'est déjà un bon début! Moi aussi je l'utilise pour contrôler l'eau. C'est comme quand on peint: le souffle doit rythmer les gestes de la main.
La bulle se mue en serpentin qui suit le mouvement de mes bras. Après tous ces mois, elle est devenue comme une extension de moi-même, un membre supplémentaire, versatile et polymorphe, capricieux.
– Est-ce que tu ressens la lumière, d'une façon ou d'une autre? La manière dont elle s'allume, dont elle circule en toi, dont elle s'éteint?
Re: L'art d'éclairer ta lanterne ✍︎ Nate
Tu acquiesces, obnubilé par sa prestation ; ta bouche s’ouvre d’elle-même, comme pour mimer ton adoration face à ce spectacle merveilleux. C’est fou, tu n’es pas encore habitué à tout ça. Ca te paraît encore irréel.
Tu suis des yeux le serpentin liquide qui entoure désormais le bras de Kees. Quelque part, tu as l’impression de ressentir toute la scène : l’eau et son cheminement, son obéissance. Tu ressens le contrôle que Kees a sur tout ça. Et finalement, tu replonges dans ton esprit, cherchant la lumière où qu’elle soit.
— Je dirais que… c’est comme un endroit, dans ma tête, où je me sens bien. Et quand j’arrive à l’atteindre, tout devient plus facile, ma respiration ralentit, je me sens bien, j’ai l’impression d’avoir toute la force du monde entre mes mains et de pouvoir tout surmonter. Quand elle explose, c’est comme le reflet de cette volonté. Un coup d’adrénaline, soudain, presque dévastateur… et quand elle s’éteint, j’ai envie de la retrouver. J’ai l’impression de ne jamais la perdre, et que si je le voulais, je pourrais la trouver en continu. C’est comme une rivière dans mes veines, elle est partout. Je sais pas si tu vois ce que je veux dire, ça paraît abstrait, tout ça ?
C’est compliqué d’expliquer ce ressenti. Et comment te concentrer sur un point précis quand ce flot te submerge entièrement ? Trop de réflexion, tu as remarqué que plus tu te prends la tête, moins tu arrives à faire quoique ce soit.