Ah mais voilà qui est formidable. For-mi-dable. Putain.
Une forêt sombre au milieu de la nuit, des aboiements dans le lointain, de la pluie au clair de lune; très gothique comme ambiance pour une putain de Chasse à la con. Il m'a pas fallu longtemps pour comprendre, j'ai eu l'occasion de parler de celle de Halloween avec Graham et Niels quand on gardait Brocyon. Bah tiens, les voilà à côté de moi les deux cons, tout aussi trempés et boueux que moi – et la fête n'a même pas encore commencé. Ignorant superbement Sa Majesté Bjortamère, je me tourne vers Graham.
– Bon. C'est quoi, le modus operandi, messieurs les vétérans?
J'espère seulement que Numa va bien.

Ah non.
Ah non, non, non.
Quand Graham ouvrit les yeux, il resta allongé par terre quelques secondes, les bras en croix, les yeux levés vers le ciel chargé de pluie. Il avait un goût de déjà-vu dans le fond de la bouche, et la sensation était amère. La situation était familière, trop, les souvenirs douloureux... et le visage de Niels le fit audiblement grogner. Oh, super. Vraiment, incroyable.
La vue de Ruben le calma un peu ; au moins un visage n'était pas totalement antipathique, ce soir.
Un seul conseil : ne tire pas sur les chiens, ne fais confiance à aucune porte. Il tourne le visage vers Ruben, se désintéressant de Niels aussi rapidement qu'il était humainement possible de montrer son dédain. Pour le reste... tâche de rester en vie ?
Et Bjorntvedt s'en va. Et ça, c'est inacceptable. Et t'avances où, grand génie ? Te perdre ?

Et Niels se barre. De mieux en mieux.
– Vous aviez pas des instructions et des flingues, la dernière fois? Parce que perso, on m'a rien dit et rien donné.
Forcément moi j'allais pas avoir droit à la formule all inclusive, faut que je me tape l'option camping en communion avec la nature. Pas cool, Brocyon, pas cool du tout.
– Hey, Bjorntvedt, ramène ton cul ici avant de te prendre un arbre. On devrait pas plutôt suivre les aboiements? Les chiens c'est nos potes, non?

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TL;DR – Choix 2, suivre les aboiements

A la question de Ruben, il plissa le nez. Effectivement, il leur manquait le plus crucial - de quoi se défendre, et Graham n'avait pas bien progressé dans la maitrise de son pouvoir (pas le choix, c'est dangereux, on ne peut pas, on l'a interdit). J'ai même pas une clope sur moi et ça risque d'être un gros souci pour mon futur plus ou moins proche, donc j'avoue que je trouverai difficilement de quoi me battre. Je sais rien de plus, cette fois c'est le néant total. Il jeta un coup d’œil dans la direction de Niels, et esquissa un sourire qu'il ne chercha pas à cacher. C'était eux deux contre lui, et ça lui faisait bien plus plaisir qu'il n'aurait osé l'avouer à voix haute. C'est ce qu'on veut, tu nous suis ou pas, je m'en fous. Il reporta son attention sur Ruben, et d'un geste du menton, il lui indiqua les aboiements au loin, en une invitation à s'en rapprocher.

HRP – Choix 2, suivre les aboiements

Ça me frappe et me cloue sur place. Y a quelques secondes je jurais dans ma barbe en essayant de pas glisser sur cette putain de pente boueuse de mon cul pleine de racines à la con et de pierres à la con et puis, pan!
Impossible de bouger.
C'est trop, d'un coup, ça gueule dans mon crâne, ça me choppe à la gorge et l'air devient épais.
– Les mecs…
C'est la première fois que ça m'arrive, la première fois que je comprends à quel point ces liens qui nous unissent sont puissants. Bordel. C'est Brocyon qui ressent ça?
– Les mecs, qu'est-ce qu'il se passe?…

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TL;DR – Choix 1, se questionner sur l'état de Procyon.

Et soudain c'est le lien qui se tord, qui se crispe, qui hurle en son être tout entier. Jamais il n'avait été traversé par de telles émotions, jamais il n'avait ressenti pire animosité ; il était traversé par tout ce qu'il semblait pouvoir vivre de pire.
Son souffle se fait lourd, comme s'il reprenait sa respiration après un coup au ventre, et il se sent pâlir. Il n'est pas... Il y a... Instinctivement son regard cherche celui de Niels, parce que Niels sait, Niels avait vécu la douleur avec lui, Niels connaissait Procyon, Niels savait que ce n'était pas normal. Que ce n'était pas comme ça qu'il se comportait. Graham ressentait la haine et la peur de Procyon, il ressentait celle de Niels, toutes ces émotions trop vives qu'il ressentait toujours trop fort, et il sentait aussi... que tout n'irait probablement pas aussi bien qu'il l'espérait. Même s'il n'osait pas se l'avouer encore. J'ai l'impression que ça pue pour lui. Et pour nous, du coup, répondit-il finalement, un peu pâle encore.
Il se tourna vers les deux autres, le visage barré d'un pli soucieux.
Et maintenant ?

HRP – Choix 1, se questionner sur l'état de Procyon.

Bordel mais fermez vos gueules.
Arrêtez ça.
Faites que ça s'arrête.
Putain. PUTAIN.

Je sens la panique m'envahir et ni Niels ni Graham m'aident à la maîtriser, au contraire. J'essaye de me concentrer sur Numa, Numa toujours calme, toujours froid, qui se foutrait de ma gueule si il me voyait dans un tel état.

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TL;DR – OK OK IL CÈDE À LA PANIQUE OK.

Tout aurait été plus simple sans le lien. Réfléchir aurait été plus simple sans le lien. Garder contenance aurait été plus simple sans le lien.
Mais ce lien, Graham le ressentait fort, c'était son fléau, il avait toujours ressenti tout trop fort, et présentement
il ne ressentait
que la panique
qui grandit
l'engloutit
Sa respiration se saccade alors qu'il essaye de la contrôler pour se calmer, des exercices de respiration, c'est ce qu'il fallait faire, mais il n'y arrivait pas.
Il ne sentait que la panique de Procyon, la panique de Niels, celle de Ruben, la sienne, tout se mélangeait dans sa tête et grandissait dans son ventre jusqu'à l'en étouffer.
Il s'accroupit et serra ses bras autour se des genoux ; rester debout lui semblait impossible.
La panique grandissait, l'angoisse également, il ne savait pas comment reprendre contenance.
Il pensait à Fubuki, il pensait à Minuit, il pensait à la douleur

(la mort)

de la dernière fois, il pensait à tout ce qui pourrait se passer de mal.
Il ne pouvait pas s'en empêcher.
Il n'y arrivait pas ; il avait toujours été en proie à ses propres émotions.
Il aurait aimé s'excuser, leur dire qu'il savait ce qu'il leur infligeait ; il n'y arrivait pas.

Il jeta un coup d’œil à Niels.
fais quelque chose. n'importe quoi.
fais quelque chose.
aide-moi.
aide-nous.
fais quelque chose.

HRP – il cède à la panique

Graham devine la fuite de Ruben plus qu'il ne la voit.
S'il avait pu utiliser ses jambes, peut-être qu'il se serait enfui aussi. S'il n'était pas devenu une boule d'angoisse, peut-être qu'il aurait fait quelque chose. Mais non. Il était resté là. Et Niels était là aussi.
Un arrière-goût de déjà-vu, encore. C'était il n'y a même pas un an, ils s'étaient retrouvés tous les deux, seuls. Ils se retrouvaient à nouveau tous les deux, seuls, et la haine qu'ils éprouvaient pour l'autre n'en était que plus tenace.
Mais Niels était resté quand même, c'était curieux ; peut-être qu'il n'avait pas eu envie de courir après Ruben. De salir ses chaussures trop propre parce que, bien sûr, il était en costume, ce con.

Quand il s'accroupit en face de lui, Graham trouva la force nécessaire pour lever le visage. Pile à temps pour se faire engueuler comme un gamin. Super. Quel plaisir. Ouais, parce que j'adore ce qui est en train de se passer, t'as raison. Quel égoïste je fais. Il ferma les yeux un instant, et continua à prendre de longues inspirations... jusqu'à-ce que la panique diminue.
Elle était encore là, mais elle devenait gérable. Elle avait laissé place à l'agacement de Niels, à la fatigue qui reprenait ses droits sur son corps. Si tu me touches, je réponds plus de rien. Il lui fit un geste de la main pour l'inciter à se décaler, et se releva tant bien que mal, dégueulassant définitivement ses paumes et son pantalon. Super.

Debout, il se tourna vers Niels, ouvrit la bouche
et la ferma aussitôt. Il avait failli le remercier d'avoir tenté de le calmer. Quelle drôle d'idée. Plus jamais.
Il s'en voulait d'avoir cédé à la panique ; il espérait qu'il n'y plongerait pas une deuxième fois. Bon. Et maintenant ? On a perdu Ruben.

HRP - se calmer (24)