Et pourtant, ses gestes ne font pas écho à ses pensées. Parce qu’à aucun moment Niels ne laisserait Procyon seul une nouvelle fois. Quand bien même sa vie - survie - à lui passe avant tout (et par extension, celle de Graham aussi…), maintenant qu’ils se retrouvent en compagnie de leur Étoile, les choses sont un brin différentes. Alors, Niels fait face à l’unique entrée - et sortie - du manoir. Parce que, si maintenant, la galaxie entière sait ou ils se trouvent, au moins, quand quelqu’un se pointera, ce quelqu’un ne pourra pas bénéficier de l’effet de surprise. Enfin, il faut espérer.
HRP › Lui demander de se taire.
Mais ce chien.
Vraiment, là, c'était la goutte.
Il voulait bien être tolérant, aimant, à l'écoute, patient, tout ce que tu voulais. En temps normal, à l'hôpital, il était tout ça et plus encore - ça faisait partie du métier, c'est ce qu'il aimait, ce en quoi il excellait.
Mais là.
Au milieu de la nuit, au milieu de la pluie, entouré de dangers mortels (sans le moindre doute), alors qu'il était à deux doigts de se chier dessus d'angoisse, tendu comme jamais il ne l'avait été avant (et ce n'était pas une heureuse découverte du tout), stressé de ne pas pouvoir l'ausculter convenablement alors qu'il était peut-être en grave danger, bref, en résumé, pas vraiment un mood brunch en famille.
Et cet enfoiré se mettait à hurler.
Graham aurait été incapable de lui faire le moindre mal.
C'était impensable pour lui de lever la main sur quelqu'un d'autre, et le seul accès de violence de sa vie (le seul, du moins, qui n'avait pas été dirigé contre son frère, à une époque révolue, mais c'est encore une autre histoire) était encore gravé dans ses rétines, l'empêchant parfois de fermer l’œil, assourdi par le coup de feu comme s'il le revivait encore et encore.
Graham n'était pas violent, au contraire, et il se rassurait en se disant que ce n'était pas une faiblesse, loin de là. La vie humaine était bien trop belle et importante.
Mais là, il l'aurait bien étranglé de ses propres mains.
Il caressa l'idée, un quart de seconde, avant de se rendre compte avec horreur ce qu'il était en train d'envisager.
Non, Graham ne tuerait personne (à part Niels, peut-être... mais ça, il n'en avait plus vraiment l'occasion), son Étoile encore moins, même s'il était à deux doigts de lui faire sortir les yeux de ses orbites tant il faisait grimper sa tension un peu plus chaque seconde.
S'il mourrait, ce serait d'un arrêt cardiaque, ce qui, à son âge et en parfaite santé, était tout de même parfaitement nul.
Il fallait qu'il ferme sa gueule.
Pas un milliard de solutions ; l'assommer n'en était pas une, parce qu'il ne voulait pas lui faire de mal, on y revient (et en même temps, est-ce que ça ne lui permettrait pas de surveiller ses blessures plus facilement ? Il laissa flotter l'idée dans son esprit quelques secondes.).
Il se leva donc, se glissa dans le dos de Procyon, glissa un bras autour de son ventre pour l'immobiliser, et l'autre autour de sa bouche pour le faire taire.
au moins s'il me mord, ce ne sera pas la main
Maigre consolation s'il en était, mais c'était sans doute mieux que rien.
- Chhht, du calme, tout va bien, Procyon, tout va bien, chuchota-t-il, en espérant que ça le calme un tant soi peu.
Car tout n'allait, heu... pas bien, c'était un fait.
HRP - Le faire taire.
Quelle surprise pour vous de voir débarquer un grand gars comme lui, Niels, Graham ! Et pourtant il ne vous calcule pas, ou pas autrement qu'en vous repoussant brusquement de Procyon.
* Procyon, Procyon je suis là. Je suis là. Tout va bien. Je suis venu te chercher.
Puis il gronde tout bas, et vous ne comprenez pas mais devinez qu'ils communiquent.
VERONICA & MINUIT :
- Le suivre en essayant de se faire discrets.
- Le suivre en lui hurlant après.
- Attendre dehors en silence.
(Les choix pour Niels et Graham se feront via Procyon.)
La silhouette du manoir se dresse devant vous et Veronica a la sensation d'être aux prises dans un cauchemar, prisonnière d'une boucle la ramenant à son point de départ. Elle s'arrête aux côtés de Minuit alors que Sirius se précipite à l'intérieur du bâtiment.
Elle a des mots au bord des lèvres, je l'ai abandonné mais rien ne vient. Aucun reproche, aucune question ni réponse ne pourront apaiser la douleur qu'elle ressent.
Difficile de savoir à qui, d'entre les trois, elle en veut le plus. C'est Sirius qu'elle voudrait accuser, qu'elle voudrait détester. Mais elle l'a suivi, c'est elle qui l'a abandonné, parce que la peur de perdre son étoile à nouveau était plus forte.
Plus forte que tout.
Elle prend son pistolet et avance. Juste avant d'entrer, elle jette un regard à Minuit.
Mérite-t-il encore sa place à ses côtés ?
Le sang de Lycaon est sur ses mains, bien frais, un poids sur son coeur, une culpabilité qui l'étouffe, celle de l'avoir abandonné, celle d'avoir abandonné Graham et Fubuki, de leur avoir à peine donné de nouvelles.
Minuit croise le regard de Graham et baisse les yeux, craintif
Il va se poster à l'entrée des ruines, comme pour monter la garde, les pensées ailleurs, emportée par les premiers rayons de l'aube.
Procyon se calme immédiatement lorsque son frère le rejoint. Ils communiquent, et la luminosité nouvelle vous permet de voir qu'il est dans un triste état, clairement cette fois-ci. Epuisé, il s'affale contre son frère, dans ses bras, ferme les yeux.
Il respire encore.
NIELS & GRAHAM:
(Niels) Demander à Sirius qui il est.
(Graham) Rejoindre Minuit.
- Paniquer en voyant Procyon fermer les yeux.
- Observer le lever du soleil.
Sur l’instant, son premier geste fut de s’approcher des deux. Prêt à réagir si besoin - mais réagir à quoi ? Avant qu’il comprenne assez vite qu’il n’y avait rien à craindre de cet inconnu. Qui est-il ? Il n’en a aucune idée, mais est-ce vraiment important de le savoir, quand visiblement, Procyon semble le connaître et qu’ils semblent communiquer ? On va dire que non.
Ils sont deux à être entrés après l’homme. Niels suppose qu’ils ne représentent pas non plus des dangers. Enfin, il vaut mieux penser ça, parce que si c’est le cas contraire, eh ben ma foi, bien joué à eux, ils ont gagné. Et puis, il y aussi l’état de Procyon. Le manque de lumière ne lui avait jusqu’alors pas permis de voir dans quel état se trouvait son étoile. C’est… C’est en réalité bien plus douloureux de le voir ainsi qu’il n’aurait pu se l’imaginer. C'est en réalité être dépassé par la situation, ne plus savoir sur quel pied danser, et pour autant, ne pas vouloir se laisser submerger par ses émotions, c'est... Trop. Alors bon, il préfère détourner le regard, parce que… parce que… ah tiens, mais c’est pas le soleil qui se lève par là-bas ?
HRP › Observer le lever du soleil.
Même dans les moments les plus sombres, on finit toujours par trouver une petite lueur, quelque part.
C'est ce que je me suis toujours forcé à me répéter.
Éternel optimiste, complètement désillusionné, à côté de pompes, il y a mille et une façons de le décrire, et ça revient un peu au même, au final. Tu choisis ce qui te convient le plus. Mais j'ai raison. Aujourd'hui, j'ai raison.
Aujourd'hui, cette nuit, tout aurait pu tourner mal.
Parce que j'ai encore en mémoire la dernière Chasse, avec toutes ses horreurs, sa douleur, ses morts en mémoire, et l'angoisse de cette nuit n'avait fait que renforcer cette idée qu'il allait se passer une catastrophe.
Une tragédie.
Quand cet homme a débarqué, pendant un instant j'ai bien cru que c'en était fini de nous. Que c'était l'heure de tirer un trait définitif à cette histoire, que j'allais mourir là, dans un vieux manoir abandonné, loin de tous ceux que j'aimais.
Je ne me suis jamais demandé comment j'allais mourir. J'ai toujours considéré que je verrais ça au moment venu. Je ne crois en aucun dieu, mais j'ai prié très fort pour que ça ne soit pas cette nuit. Pas ici, pas maintenant.
Par pitié, pas maintenant.
Mais rien ne se passe. Seul Procyon compte, manifestement, les Liés peuvent bien aller se faire foutre.
A deux doigts de nous renvoyer à une condition de chair à canon.
Mais même dans les moments les plus sombres, il y a toujours une lueur quelque part, et ma lueur est entrée à la suite de l'homme, timide, effacée, ma lueur que je connaissais par cœur et qui évitait soigneusement mon regard.
Honteusement ?
Tout le reste, là, maintenant, je m'en fous.
Procyon, Niels, l'homme, la femme qui les suit, je m'en fous.
Ça n'a plus d'importance depuis que Minuit est entré, éclipsant le reste du monde.
C'était comme si je le voyais pour la première fois à nouveau.
Il m'a manqué. il m'a tellement manqué.
Je vois flou.
C'est peut-être la pluie accumulée dans mes cheveux qui coule dans mes yeux.
C'est peut-être mes larmes.
C'est sans doute mes larmes.
J'ai jamais été du genre à les retenir.
Il y a Minuit, que je n'ai plus vu depuis ce qui me semble être une éternité, qui se cache presque, Minuit que j'aime plus que tout au monde, Minuit vivant, là, juste à côté.
Mes jambes se mettent en marche sans que je n'aie besoin d'y réfléchir - ma place est à ses côtés.
J'ai retrouvé Minuit, et qu'importe la distance dans son regard.
J'ai envie de me jeter à son cou, je ne le fais pas parce que je sais qu'il déteste.
Il y du sang sur sa main que j'attrape, je me fiche d'à qui il peut bien appartenir.
Il y a du sang sur mes mains aussi, celui de Procyon - ami, ennemi, le sang a toujours la même couleur.
- Je suis content de te voir, c'est tout ce que j'arrive à lui dire.
J'espère qu'il sait à quel point je l'aime.
Dans son dos, le soleil se lève.
Je respire un petit peu mieux, tout à coup.
Ces quelques mois ont été si long, sans lui.
J'espère que Fubuki va bien.
HRP - Rejoindre Minuit.
Le soleil se lève, timidement, sereinement, cruellement, vous vous rappelez qu'il vous a abandonné toute la nuit.
Procyon a perdu connaissance, dans les bras de son frère, frère qui, bientôt, vous annonce qu'il vous guidera jusqu'à la ville. Tous les mots sont coincés en travers de vos gorges, trop sèches, malgré l'humidité ambiante.
Vous êtes vivants.