Il a des amies dangereuses, on dirait...
Raph fait le maximum pour ignorer les loups et les créatures, se contentant d'un "mh-hm" poli comme si elle comprenait parfaitement la situation. Elle commence à se demander comment ils ont fait pour rester en vie depuis tout ce temps.

— J'imagine qu'on fera de notre mieux pour... Surveiller vos arrières en retour ? C'est bien cela qu'est supposé faire un lié, d'après Margaret, pas vrai ? Après tout, j'ai un redoutable flash d'appareil photo avec moi.

La jeune femme tapote l'appareil qu'elle porte en bandoulière depuis le début et qui, heureusement, ne craint pas la pluie. Elle ne se sent pas l'âme d'une guerrière, mais elle peut essayer.
D'un geste elle réajuste la sangle sur son épaule, prête à se mettre en route.

Hm. Tu n'as pas envie de te méfier, et puis tu te dis que ce serait peu correct de poser plus de questions. Alors tu te tais, mais le silence te paraît long, alors tu réfléchis à ce que tu pourrais lui dire.
Et du coup, euh... on y va ? voilà tout ce que tu trouves à dire.

Tu fais semblant de ne pas remarquer le sang qui macule son manteau.

Elle regarde ses pieds, elle regarde les arbres, elle regarde Fray et parfois elle regarde son étoile. L'incompréhension demeure, mais la peur a cédé la place à un sentiment agréable d'être en sécurité. Que la situation était sous contrôle. La seule chose qui la met encore vraiment mal à l'aise, c'est de s'apercevoir qu'elle peut être si froidement détachée, si parfaitement calme, simplement parce qu'un inconnu est à proximité.
Raph a l'impression d'être sous l'emprise d'un anesthésiant léger. Pour l'instant c'est agréable, mais il faudra bien que les effets se dissipent...

— C'est tout de même un peu injuste que vous ayez prévenu uniquement Fray, pour le lac. Je n'aurais pas été contre un petit avertissement et des consignes de sécurité. D'ailleurs, pourquoi le lac ? Si vous pouvez vous déplacer en forêt et même nous y protéger, qu'est-ce qui se trouve au lac de particulier ?

Elle ne mentionne pas le fait qu'il soit étrange que leur étoile ait su à l'avance ce qui allait arriver et où ils allaient se réveiller. Tout ce qu'elle espère, c'était qu'il avait aussi prévu que la seule personne de son cercle à qui avait donné des instructions soit justement aux côtés d'une autre liée.

Tu lèves les yeux au ciel.

Oui, bon, je suis désolé, on reste des humains normaux. On a pas de radar spécial pour trouver le lac de nuit, sous la pluie comme ça. Partagez votre secret, dites-nous comment vous faites, tu ajoutes, sur le ton du défi.

Tu oses espérer que cet homme ne se vexe pas de ton insolence.

Elle pince les lèvres et fronce les sourcils. La mimique typique de l’enfant qui a l’habitude de se taire lorsqu’elle se fait gronder pour ne pas laisser échapper de remarque insolente.

Pas foutus de trouver le lac… Pour se la jouer parent moralisateur, il faut au moins avoir essayé de prendre soin de ses enfants. Or Raphaëlle se sent plus comme une gamine abandonnée, ce qui la rend peu encline à accepter les remontrances.

Même celles faites en riant.
Mais Raph est une gentille fille, alors elle ferme son clapet.
Elle ne veut pas fâcher papa.

Si elle doit jouer les grandes sœurs bien élevées, Fray est le parfait petit frère qui ne sait pas quand se taire. Elle profite de se trouver près de lui pour lui envoyer un coup de coude dans l’épaule et lui faire des gros yeux.

“Ferme-la, t’es mal placé pour parler, c’est toi qui as foncé dans n’importe quelle direction !”

Malgré les meilleurs efforts subtils pour te faire taire, tu n'as pas fini de parler, Fray. Tu observes l'homme un moment, pensif. Tu as beaucoup de questions, et tu as la forte impression que tu possèdes de moins en moins de temps pour toutes les poser - malgré son assurance quant à votre sûreté. Vous nous avez jamais donné votre nom, tu lui fais remarquer.

Rien ne peut faire taire Fray, apparemment.
Mais leur étoile doit être de bonne humeur, elle ne semble pas s'agacer. Ou alors ils ne sont pas capables de discerner les signes de son agacement...
Cela dit, la question n'est pas bête. Ça peut être pratique de savoir son nom. Et aussi

— Si on est en plein milieu d'une chasse, ça veut dire que c'est nous le gibier ? Ou est-ce qu'on est juste des dégâts collatéraux ?

Bon, finalement c'est trop difficile de se taire.

Tu as son nom, cela te convient. Ou ses noms, mais... enfin. Tu n'oseras pas lui en inventer un nouveau, tu supposes que vous l'avez beaucoup surnommé, toi et Raphaëlle, quand vous étiez en train d'essayer de l'appeler, tout à l'heure. Tu préfères avancer en silence, pour l'instant, peut-être choqué par la vision du sang sur son manteau.

Tu l'observes d'un oeil, tu balances entre affection et méfiance. Tu ne sais pas quoi penser de lui. Tu es perdu, et, tu dois bien l'avouer, tu as peur. Tu penses à ses mots sur la pluie, sur la supposée fin du monde, sur la chasse. Tu penses à ses mots.

Je vous suis dans tous les cas. Après, bon, s'il est plus débrouillard que nous il devrait s'en sortir pour vous retrouver, et puis la barre est pas bien haute..., tu bougonnes.

Elle ne croit pas vraiment aux auras, aux âmes réincarnées ou aux vies antérieures, mais il faut dire que depuis qu'elle est liée, elle s'oblige à faire preuve d'un peu plus d'ouverture d'esprit. Va pour l'explication des auras, donc.
Ah, encore un ou une amie qui se trouve dans cette forêt ? Quelle chance de tomber sur autant de personnes qui sont, à priori, dans le camp de leur étoile... Raphaëlle lance un regard en coin à Fray lorsqu'il répond et enchaîne :

— Si on pouvait en terminer rapidement avec cette randonnée sous la pluie, ça serait bien.  Donc peu importe, tant qu'on ne devient pas des dommages collatéraux et qu'on ne succombe pas à un mauvais rhume.

C'est facile d'oublier le froid quand on est trop occupé à poser des questions ou à chercher à comprendre ce qui se passe. Mais la sensation finie toujours par vous rattraper et Raph commence à sentir ses doigts s'engourdir.