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Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil Empty Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil

Mar 6 Juil - 4:27
Eöl Wilwarin
Eöl Wilwarin26 ans30 juin [Cancer]Crimson City (Astéria)MécanicienCélibataire et libre comme l'air ... On est là, hein...182 cm#5A5E6BFuck, man.Eikichi Onizuka (GTO)
AlignementSincérité033%Optimisme011%Extraversion025%Sang-froid022% Mamoune Guignol Ginette HelpMoi ?

Hm… Comment l’expliquer de sorte à ce que ton petit cerveau comprenne…

EGOÏSTE. J'aide pas les papys à traverser, je donne pas l'heure, je te laisse pas passer devant moi parce que tu n'as « que » deux articles, je surveille pas les gosses, non je ne te passe pas de sucre parce qu’on est « voisins », je t'invite pas à bouffer et même si j'le fais, j'te paye pas. La charité n'a jamais rendu pleins aux as à ce que je sache. VROUM-VROUM. Accro à tout ce qui crache de la fumée, j'adore les bécanes, les bagnoles... et j'te fume un paquet par jour, facile. Je respire déjà le même air que toi, alors non, je crains pas plus que ça de crasser mes poumons. PROPRE. En général, j'aime pas trop la crasse, d’ailleurs. Ça me fait chier, je déteste. Je préfère quand tout est ordonné, rangé, propre. T’auras beau critiqué mes vêtements extra larges et extra démodés aussi, au moins ils sentent la barbapapa sept jour sur sept. Plus je rumine et plus j'me dis que c'est la faute à ma mère, névrosée de la propreté... C'en est devenu une manie de nettoyer. Je racle ma peau boursouflée à en saigner. Rien n'y fait. Pas encore femme de ménage, mais presque. En gros, je m'écarte des crades, des femmes et des enfants. Je fuis les problèmes, quoi.

Sinon, je me trouve grave sympathique… quand je réponds. Il y a juste quelques types que j'aime pas. Ceux qui se mêlent un peu trop de ce qui les regardent pas, qui me collent, qui me causent le matin, qui se garent sur deux places, ah ! ceux qui se décalent pas sur le trottoir aussi. Sinon à part ça, j'aime tout le monde. Silence. Bon, ouais sauf les gosses... et les gens qui ne se lavent pas les mains après un voyage aux chiottes, qui disent pas bonjour, qui puent de la gueule, qui ont une moustache, qui me trouvent des surnoms, qui parlent pour ne rien dire, qui rigolent pas à mes rares blagues, qui ramassent pas les crottes de leurs sales clébards...  et... Moi, RÂLEUR ? J'vois pas de quoi tu parles, Jean-Claude.  

TÊTU. J'aime pas le changement, ça me saoule. Les surprises, très peu pour moi. Le changement, c’est inquiétant. J'suis un jeune con, solidement ancré dans mes idées. N’essaye pas de me faire changer d'avis, je mords. C'est vrai. JE-M’EN-FOUTISTE. J’erre. J’attends que la vie en ai aussi marre de moi que moi d’elle. En attendant, je me laisse dérivée. Je vis au jour le jour, inconsciemment, parce que j’ai passé tout le début de ma vie à m’inquiéter pour demain, à m’inquiéter pour autrui, à vivre avec l’amour comme fil conducteur… Pour rien ? J’sais pas. SENSIBLE. Je suis un froussard refoulé. Je crains les impôts, les cris, les bruits forts et le contact humain. Étouffé sous mes airs de crapule, ma fragilité ressort quelquefois. Pas longtemps, elle a personne à qui causer. Je m'en cache pas, j'le crie pas sous tous les toits, c'est tout. Un peu couillon sur les bords, je crois facilement en les choses, moins en les gens. En gros, tu peux me faire croire que la Terre est plate, par contre, j'te croirai jamais si tu me dis que tu m'aimes. Personne ne peut aimer un chieur pareil, même ma mère a eu du mal. Puis, j’aime pas les gens qui m’aiment. En tout cas, si tu me vois vadrouiller le regard perdu, la lune comme compagne, je réfléchis peut-être à ça. Alors, casse-toi.

SUSCEPTIBLE. Tes petites remarques, tu te les garde pour toi, d’accord ? Si tu me brusques, j’enclenche le bouton "attaque" de mon cerveau. J’ai plus dix ans, c’est fini de se faire rosser. Je m'entraîne à la boxe lorsque je m'ennuie. Je m'ennuie souvent, j'préviens juste. GALANT…? Enfin… si t'es une femme, fais ce que tu veux. Dans mes bons jours, je t'insulterais que dans ma tête. Ce sera toujours moins pire que si t’avais été un mec. Galant, macho ou sexiste ? La limite est fine. FILS A MAMAN. Ma maman m'a appris à être un homme respectueux, courageux, ponctuel, poli, franc. Avec pleins d'autres trucs que je suis plus. Au moins, j'ai gardé le côté franc. GAMIN. Parenthèse. Oui, je me dévoue pour prendre la dernière part. En fait, elle est déjà en cours de mastication. Fin de la parenthèse. J'adore me moquer des p'tits qui tombent et ajouter quelques sarcasmes pour en rajouter une couche. Les plus grands aussi d'ailleurs. C'est mon humour à moi, écoutes.

INSOCIABLE. Si t'es quelqu'un d'important ou alors que je t'aime bien (cas rarissime), je t'enverrai des messages subliminaux. Du style : « Dire que je commence à six heures demain... et toi Bernadette ? », « Ma femme accouche, merde, désolé Robert ! ». C'est que je suis impatient, donc vos discussions de la pluie et du beau temps, je m'en sortirai sans. De toute manière, il y a peu de chance qu'on cause assez longtemps pour ça. MEFIANT. Si t’es un peu malin, tu constateras, à raison, que j’ai pas de femme, en effet. Bah écoutes, j'y peux rien si je mens, c’est naturel. Pire qu'un réflexe, je répondrai un : « Non, c'est faux, pourquoi tu dis ça ? » à un vulgaire : « C'est toi qu'a fait la vaisselle ? ». T'façon, qui ne ment pas ? Hypocrisies, cachotteries, tromperies, déformations... le quotidien pour le commun des mortels.


En bref, moi, j'aime mettre le lait avant les céréales, j'te réponds bonsoir même si tu m'as dis bonjour et si tu m'as pas dit bonjour ? J'vais te répéter « Bonjour ! » jusqu'à ce que tu me répondes. « C'était mieux avant ! », j'le dis aux jeunes et « Ah... vive le progrès ! », c'est pour les vieux. Je t'ordonne de porter des chaussons quand tu entres dans mon appart' ou alors des sur-chaussures jetables.

Mais au moins, j'dis pas chocolatine, moi.


+ J’ai un tatouage sur le bras gauche, parce que ça fait gansta et que j’avais besoin d’un peu d’amour-propre à mes 18 ans. Pan ! pan !
+ Un piercing à l’oreille. C’était un pari perdu avec mes frères, je comptais pas le garder. Puis, le vieux a trouvé ça affreux. Du coup, je l’ai gardé.
+ a un lapin nommé Guignol. Il prétend qu’il ne l’aime pas beaucoup, mais lui fait des massages matins et soirs « pour la circulation des papattes ». EH QUI A ECRIT ÇA ?
+ Personne m'appelle Eöl. Pas sûr que quelqu'un connaisse mon vrai prénom d'ailleurs. Partout où je vais c'est Wil. Désolé maman mais Eöl, ça donne l'impression que j'ai deux oreilles pointues et que j'travaille pour le mec qui fait Oh-oh-oh.



Driiing-driiing-driiɨng-dri-dring-driiing-dri-dri….

Je souffle. Les démons de minuit, vraiment ?

« Pas la peine de sonner comme ça Maman, les murs sont en papiers, j’entendais déjà tes talons. Et je t’ai déjà dit de pas venir, c’est danger… Mamounette ? »

Elle n’écoute rien. Sa touffe or sillonne mon misérable studio. Son manteau de fourrure s’écrase sur mon canapé en un pouf qui va parfumer au Lancôme mon salon pour 3 semaines au moins. Guignol va encore taper du pied, ce con. Dans ce genre de situation, d’habitude, la mère entre et piaille, tout en dépoussiérant, à quel point l’endroit est sale et désordonné. À la place, j’observe impuissant la table se remplir de masques, vernis, limes à ongles, crèmes, encens, parfums et pleins d’autres trucs que je ne saurais nommer. Guignol (le petit lapinou là-bas) ne perd pas de temps, je le vois foncer dans son château-fort (littéralement et ça m’a coûté la peau du cul) et s’y barricader.

« Alors ? Il est pas trop mignon mon paillasson ? Stylé, hein. Trop de la balle ! Pas vrai Guigui ? Guigui ?  Toujours aussi timide. »

Samedi, 11h03, moi et Guignol contemplons, incrédules, cette presque cinquantenaire s’initier aux langages des signes et aux vocabulaires des « wesh-wesh ». Bon dieu, qu'est-ce que mes frères lui font faire ? Week-end du tonnerre ! Un spectacle loufoque, certainement destiné à me faire oublier. Mon géniteur ne s’est, une fois de plus, pas donner la peine de me voir.

« Bon aller, week-end co-coo-ning ! » Temps de latence. « Wesh. »

Signes. Signes. Figures acrobatiques ? Signes.

...

Attends, ce serait pas un jutsu, ça ?!
Manque de confiance en soi

https://www.youtube.com/watch?v=LsB-CWgVdOg

[Le premier a perdu]

La seule réussite de ma putain de vie, c’est d’avoir atteint l’ovule en premier. Plot twist. C’en était pas une.


[L’Autre est de retour]

Regardez-moi ce petit con. Blond, yeux bleus, pleins d'énergies, bouille pas trop immonde. J'dois avoir quatre ans, ouais, c'est l'année de mes quatre ans ce jour-là.

Je suis terriblement excité ! Mon géniteur rentre à la maison. Enfin ! Mon père a toujours été un héros, le sauveur, le mythe vivant. LE Wilwarin ! Un homme décrit brave, intelligent, gentil, défiant la mort pour que nous prospérions. Bref, un soldat. À cet âge, je ne l'ai jamais connu. Les seules représentations que j'ai de lui ce sont quelques vieilles photos et les histoires de ma mère. L'imagination d'un enfant de cet âge n'est pas à sous-estimer. Pour moi, il est le sosie de Batman, en mieux. La bonne blague. Alors quand j'entends ma mère claquer ses talons dans l'entrée, je ne réfléchis pas, je fonce. Papa est arrivé, papa va me prendre dans ses bras, papa va me faire tournoyer, papa va me baiser le front, papa, papa, papa et encore papa ! Je dégringole les escaliers, j'oblique à gauche. Maman me demande d'avancer, de m'approcher. Horreur. Je ne bronche pas.

Nulle trace du héro Wilwarin, ici. La seule image que je vois, c'est celle d'un homme assis sur le fauteuil réservé à mon père. Un inconnu. Il a le bras gauche paralysé, une jambe de prothèse, le visage cramé et effrayant. Il a l’allure sombre des méchants des BD que je lis. Il n'inspire aucune sympathie si ce n'est la pitié. L’homme ouvre la bouche. Lentement, il semble souffrir. Je me cache derrière un pilier. Je déguerpis dans ma chambre en pleure. Mais juste avant, j'entends des bruits étouffés, difficilement compréhensibles.

« Fi... fisson... fiston...»


[Dites, y a que les connards pour abandonner un chien blessé ?]

Vu son état, le vieux ne peut pas travailler. À part aboyer toute la journée, il ne fait pas grand-chose. Si bien que maman a dû trouver un boulot en parallèle de ses études : surveillante dans une école ; et moi, j'ai pas encore cinq ans alors je reste avec lui toute la journée. Il passe son temps à regarder par la fenêtre, ponctuant les heures de quelques râles et ingestion de médocs, ne m'appelant que très rarement. Je ne lui sers qu'à apporter la bouffe à moitié écrasée. Ces moments sont toujours effrayants à mourir. Mon cœur bat à tout rompre, mon sang convulse, mon corps entier flageole. La peur me tiraille. Celle d'en renverser, celle d'oublier la cuillère, la bière, celle d'être trop lent... L'angoisse que ce fumier attrape sa canne et que ses coups s'abattent à nouveau sur ma chair.

Tonk, tonk, tonk.

Il frappe avec sa canne. L'écho remonte jusque mes petites oreilles de mioche apeuré. Je descends prudemment, respirant plus fort à chaque nouveau coup. Je me dirige vers la cuisine sous son regard. Lourd. Mon corps, mon cœur, ma marche, tout est lourd. Alors quand j'descends ses escaliers moisis, j'ai peur qu'ils s'écroulent. Puis, maintenant que j'y pense, se coller au mur n'est pas une super idée, déjà, le bois m'écorche, ensuite lui non plus n'a pas l'air en forme... En bas, je ramasse la ratatouille, le verre d'eau, une cuillère. J'approche de son antre. Il me jappe d'accélérer. Alors j'accélère. J'trébuche. Là, c'est la merde. Il voit rouge. Moi, je le vois tenter d'attraper sa canne et j'veux pas. Je suis rapide, moi, alors je la prends avant. Le vieux est interloqué. Il ne s'y est pas attendu. Moi non plus. Mais il reprend vite ses esprits et se jette sur son bâton. Et puis, sous l'adrénaline le p'tit Eöl, il lâche pas, il tire même et de toutes ses forces. Le géniteur, il comprend trop tard et le voilà à terre en plein milieu, sans canne, sans avoir bouffé, sans anti-douleurs. Au lieu de glapir, gémir, il continue d'aboyer alors le p'tit Eöl, il continue d'avoir peur et il s'échappe de cette bulle de haine. Donc quand l'autre a enfin fini par geindre, le p'tit Eöl est sous sa couette à se boucher les oreilles en attente du silence.


|Il court, il court, le furet...]

J'ai toujours tout fait pour rendre ma mère heureuse. Si garder son estropié lui va, ça me va. Si devenir prof lui va, ça me va. Si tomber enceinte de l'autre con lui va, ça me va. Le p'tit Eöl à sept ans, c'est le p'tit chouchou. On lui pardonne tout et rien ne doit lui arriver. En tout cas, pour sa mère. Lorsqu'elle claque la porte pour aller bosser, elle ne se doute pas que derrière, son protégé, il bosse aussi, à sa manière. J’ai volé... les estropiés, les vieux, les jeunes, les hommes... mais pas les femmes. Quand c'est joli, je donne à maman en prétextant que c'est l’Autre qui lui a offert. Quand ça l'est moins, je passe au vieux. Si j'me fait attraper, bah... on me tabasse ou on a pitié, mais la plupart du temps, je cours. Poussé par cette adrénaline qui m'emmène toujours dans des situations pas possibles. J'ai fini par l'adorer. Savourant la folie du moment, me délectant de chaque impulsion, enivré par la vitesse et la peur, entraîné par mon instinct. Fuir.


[... Il est passé par ici et il repassera pas]


Quand j'y repense ça a duré un p'tit moment quand même. Jusqu'à ce que je me fasse attraper, en fait. J'ai eu vraiment honte ce temps-là. Haha.

Avec mon cerveau de gosse de dix ans, j'ai fini par remarquer que, plus l’Autre à d'objets à revendre ou à observer toute la journée, moins il s'énerve. Mais maman, elle sait toujours pas. Elle m'a inscrit dans son école, elle veut que j'ai des bonnes notes (chose que j’accomplis). Sauf qu'elle a oublié d'ajouter à l'équation le fait que je suis con. J'préfère le vol, moi. C'est drôle, c'en est presque devenu une activité extra-scolaire normal. Logiquement, un truc amusant, tu veux le faire plus souvent. J'augmente les fréquences, j'en ramène plus, je fais des réserves. Des montres, des portefeuilles, des médaillons, des colliers que j'ai de la chance... Couillon va. Bien sûr que je me suis fait chopper. Un jour, je n'ai pas vu le policier, rond comme un ballon pourtant. La fatigue ou ma stupidité. Honnêtement, je penche pour la deuxième proposition. Ma main est à peine entrée dans la poche que j'entends un beuglement. Ce que je retiens de cette histoire c'est la tête de ma mère à la vue de son fils, assis dans un poste de police médiocre, accompagné d'un homme de l'ordre et d'un grand gaillard en veston classe. Pendant qu'elle tient fermement le petit dernier dans ses bras et que mon frère cadet est caché derrière ses jupons, on lui explique l'affaire. Qu'est-ce que je fais, moi ? Je chiale. Les adultes, ils me lancent à peine un caillou. Au final, quelques excuses, des sous, une rouste de plus de l’Autre et on en parle plus. On cause plus du tout même. Deux... trois mois ? C'est le temps durant lequel ma mère ne m'a presque pas adressé la parole sauf pour me sortir des phrases du genre : « Ne touches pas cela avec tes mains de voleurs ! », « Dire que je nourris un délinquant, un voyou... » ou encore à mes frères :

« Arrête tes bêtises ou tu vas finir comme ton frère : un bon-à-rien. »

J'savais pas qu'elle était devin.


[Le blanc c’est censé être jolie]


Le blanc, c’est la pureté, non ? C’est la colombe qui s’envole au-dessus des têtes, c’est l’ange qui déploie ses ailes, c’est le signe qui se transforme en jolie princesse, c’est le lapin qui te perd dans un monde merveilleux, c’est la plume qui oscille dans l’air ; c’est tout ça et bien des choses le blanc. Alors, vous m’excuserez (ou pas je m’en fou), j’vois pas du tout comment une Peste peut s’orner du mot « blanche ».  

Au bout de plusieurs essais ratés, c’est-à-dire moi et mes deux frangins, maman a réussi. Elle a eu une fille. Ça lui aura pris quatorze ans, tout de même. C’est long quatorze autant à écrire, à dire et à passé. Du coup, elle l’a cajolé sa fille à coup de cadeau, de câlins, de bisous et j’en passe. Les deux autres étaient un peu jaloux même s’ils ne voulaient pas l’avouer. C’est pas à sept et cinq ans qu’on veut se séparer de sa maman, hein. J’avoue, sa petite tête innocente, ses grosses joues, son corps si frêle m’insupportaient et m’attendrissaient à la fois. À peine ses premiers pas effectués qu’on l’embêtait à lui piquer ses jouets, la pincer, la perdre, jouer à cache-cache sans jamais revenir la chercher… Cependant, comme un p’tit chiot, elle revenait. Elle nous suivait toujours dans nos conneries et, la plupart du temps, on lui refilait l’intégralité des fautes. Mais, ça lui allait. Elle avait à peine deux ans et s’en fichait.

Personne sait comment elle l’a attrapée. Personne sait jamais rien t’façon. En tous cas, elle a commencé à courir moins longtemps, se fatiguer plus vite, maigrir… On a mis cela sur le compte de sa fragilité naturelle. Puis ça a continué par de la fièvre. Résultat : bloquée au lit. Nous ? Interdit d’aller la faire chier, donc on a fait autre chose et on l’envie, aussi, de sécher l’école. Un jour, deux jours, trois jours…  Au bout du cinquième, maman s’inquiète vraiment, surtout que l’état n’a fait qu’empirer. La nuit, toute la maison se réveille à l’entente de sa toux de plus en plus virulente. On est toujours interdit de monter, mais là, c’est parce que ça a l’air compliqué… Les adultes en blouses et sans blouses rentrent, sortent, discutent, rentrent encore. Ils parlent d’hospitalisation, de patience, d’isolement. Moi, je capte juste qu’ils sont en train d’emmener ma petite sœur, que ma mère sanglote et l’Inconnu hurle. Et pendant qu’elle part, en tant qu’aîné, je me suis donné la mission de discrètement la rassurer… « T’inquiète, on jouera à cache-cache bientôt ! » que j’lui ai dit. Après quoi, nous aussi on doit se barrer apparemment « juste un petit moment » qu’ils disent. C’est vrai, on est rentré après.

Pas elle.


[De gland…]

« T’es moche. »

C’est la première chose que je lui ai dite à Anna. Culotté au vu de ma puberté ratée, du haut de mes quinze ans, je ressemble à une ficelle. J’ai le visage caillassé de pustules, des pantalons baggys, une oreille percée, un casque fluo autour du cou et une casquette à l’envers qui cache une magnifique crête, badigeonné de gel à en détruire des immeubles. Bref, dans ma tête, je suis trop swag, man. Mais bon, pas que l’affirmation ai été fausse non plus, loin de là, vous m’excuserez (ou pas j’m’en branle fiche). Avec ses deux dents de lapins, sa large corpulence, ses cheveux de suies revêches et son air méchant, « belle » n’est pas l’adjectif qui vous vient tout de suite en observant Anna. Elle m’a ensuite répondu : « Tu t’es vu ? Tu ressembles à un gland et je parle pas du fruit, sale merde. » et ç’a été le coup de foudre. 'Fin d'abord on s'est battu et après on s'est aimé. Puis, quand j’ai eu ma Ginette (mon fidèle scooter) on s’est imaginé parcourant des kilomètres, l’amour pour seul carburant, loin de l’école, loin de nos parents, loin de la société, loin de nos soucis… En tout cas, des soucis qu’on croit rencontrer à seize ans.


[… à glandeur]

Anna et moi, on s’est amusée à fumer notre jeunesse sous des ciels étoilés. C’était marrant pour le temps que ça a duré. Mais Anna… c’est une femme, la tête leur revient sur les épaules plus vite. Je saurais pas trop quoi dire sur cette période, il y a comme un film par-dessus. Je passais mes journées sur Dofus, à regarder le foot, traîner avec les copains, faire des tours avec Ginette. Je me levais le matin, observais nos photos accrochées au mur, souriais, ouvrais le frigo, mangeais, buvais, nettoyais, rotais, ronflais. Je dérivais. Tandis qu’elle… Elle, elle se démenait pour subvenir aux besoins du foyer avec son misérable salaire de secrétaire. La situation s’est enlisée, jusqu’au point de nous retour. J’ai réalisé la merde dans laquelle j’étais une fois mes valises posées dans mon ancienne chambre d’ados à vingt-trois ans, sans diplôme, sans études, sans emploi…

Sans Anna.


[Lamentable]

« PUTAIN ! GROUILLE TOI LE CUL, WIL’ ! T’AS TOUJOURS PAS FINI AVEC LA BAGNOLE ?! »

Je maugrée un pauvre « si, patron » et claque le capot du véhicule. Le propriétaire attend depuis plusieurs heures et je le sens agacés en reprenant ses clefs. Pauvre mec. Mais le dernier. Je range, nettoie, astique, de sorte à pouvoir admirer ma face de clodo dans le reflet de la clef à molette. Je me casse du garage, chatouille le moteur de Ginette et bifurque dans ma rue. Tout est gris et froid. L’atmosphère est enfumée, brumeuse. Les trottoirs sont éclairés par le rougeoiement des cigarettes et les luminaires de bars à moitié mort, leurs grésillements ressemblant à des râles plaintifs. J’me gare. Pulsion. Je dégaine ma drogue. Tchik. Tchik. Tchik. Tchik.  Merde, foutu briquet. Soupir. Je lève la tête vers mon immeuble miteux. Le petit garage où j’ai trouvé un taff, me permet à peine de payer mon loyer au CDC et mes clopes. En entendant le cliquetis de la serrure, je note que si un dilemme se présente un jour entre les deux, je choisirais les clopes. Ce constat, camarade, rend ma vie encore plus pitoyable. J’essuie mes baskets usés sur le nouveau paillasson à fleur que maman m’a donné, range ma veste, caresse Guignol et fais bouillir de l’eau pour le luxe d’une douche chaude. Mon canapé-lit hurle sous mon poids mes muscles saillants. Il en a pour trois mois, pas plus.

Soupir. Gratte. Gratte. Réseaux sociaux. James se prélasse aux Maldives avec Sabrine. Voulez-vous bloquer Jajazz34 ? Oui. Un chien qui tombe dans une piscine. Il fait une drôle de tête. Like. Mes frères en boîte, hier. Like. Un mec qui jette une bouteille de coca et mentos dans sa piscine. Je viens de perdre trente-quatre secondes de ma vie. Swipe. Marc et son plat de frittes au Delicioso ! Qui prend des frites au restau, mec ?  Swipe. Swipe. Swipe. Like. Swipe. Like. Swipe... Anna et un mec… Je me replace, gêné. Il est tagué. Afficher le profil de Nianh206. Surfeur.  Blond. Plus cliché, non ? Le fi-fils à son papounet. Voyageur. Voyageur mon cul ! T’as vu deux dauphins et un pauvre gnou en cambrousse, puis le soir, retour dans tes hôtels de luxe. Beurk, photo torse nu à la plage. Pathétique, huh. Oh, merde, l’eau débor-… Anna a commenté ?

« Héhé ^W^, dsl les filles, il est à moi celui-là  ;)  < 3 ! »

On est en 2021, Anna, sers-toi… sers-toi de foutus smileys, putain… Putain. L’eau … déborde. Y’en a partout. Partout. Tout autour de moi, jusque mes poumons.

Les étoiles, ça vous parle ?
C’est beau à regarder à travers la fumée, accroupi sur Ginette.

Croyez-vous au destin ?
Essayons déjà de croire en soi, hein.

Une créature vous guette;
Que faites-vous ?

Satané bestiole. J'aime pas les trucs à poils, à écaille, à plumes. Me regarde pas dans les yeux sales bêtes !  Putain. Tu vas dégager, oui ?! Oh. Tu veux ma photo ? Bon.


T’as faim ?  J’ai des gâteaux.

Êtes-vous redevable ?
Bon, toujours des questions, des questions…  c’est bon, quoi. T’es qui, toi ?  Je te dois des sous ou quoi ?


*recule suspicieusement*

Je te dois des sous… ? Parce qu'on est au milieu du mois, tu vois...
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Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil Empty Re: Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil

Mar 6 Juil - 4:54
j'ai lu que le cara mais BON SANG JE L'AIME (même s'il me croira pas). Vraiment, la description me fait beaucoup rire, y a trop de bonnes quotes pour n'en sortir qu'une. Il est super attachant même s'il est clairement insupportable. J'ai hâte de m'attaquer à son histoire pour découvrir ses nuances.

Bref, bienvenue ici Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 3655898158
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Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil Empty Re: Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil

Mar 6 Juil - 7:17
omg il a clairement du caractère le monsieur Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 3315781863
c'est incroyable à lire, j'ai également hâte de découvrir ces nuances et voir ce qui l'a mené là, bienvenue par ici et bon courage pour la suite de ta fiche ! Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 1268039092
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Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil Empty Re: Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil

Mar 6 Juil - 14:24
@Milan Winter-Greaves

Merci Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 151711488!

Un pitchoune pas facile à vivre, mais c'est un bon acolyte en vrai. (je crois ?). En tout cas je ne peux que respecter quelqu'un qui a choisi la tête de mon mari notre sensei préféré à tous.

@Daryna Derevianko
Aïe aïe aïe, un perso qui ferait bien d'écouter le conseil du titre de SA fiche quelque fois... Mais il est gentil.

À l'intérieur.
Hego Gregorovitch
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Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil Empty Re: Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil

Mar 6 Juil - 14:35
Alors, de ce que j'en ai lu, il me semble bien original ce bonhomme là ! 👀
Puis... Ce début d'anecdote... Les Démons de Minuit... je m'y attendais tellement pas jpp Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 2530158981

Bienvenue ici en tout cas ! Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 151711488
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Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil Empty Re: Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil

Mar 6 Juil - 14:54
@Hego Gregorovitch

Tente de dire à Mamoune que c'est une époque révolue pour voir tiens...
En tout cas, merci ! Hâte de lui faire une petite place ici !
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Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil Empty Re: Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil

Mar 6 Juil - 15:31
pq le fait qu'il soit cancer et que onizuka x les clopes ça me......termine.......
et l'anecdote pTDRRRRR merci pour ce moment, enfin merci pour toute la fiche de manière générale pcq g ricané tout du long et ça c bo

bienvenue à toi en tout cas Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 3655898158
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Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil Empty Re: Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil

Mar 6 Juil - 19:30
wouh, ça faisait une éternité que j'avais pas vu ce fc sur un forum Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 271474744
bienvenue parmi nous, bon courage pour la suite de cette fiche Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 151711488
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Jeu 8 Juil - 22:58
Si j'ai réussi à te faire rire Reynir, j'ai réussi ma mission !

Onizuka mérite plus de recognition Karel Des fois quand tu parles... Tais-toi. | Wil 1828849175
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