10h20, au même café que d'habitude ?

10h20 - L'Octant.
café sur l'avenue commerçante @Benjamin Baldwin

Aujourd’hui, c’est une belle matinée de fin d’été qui se dessine dehors. Le type exact de matinée qui rappelle que bientôt, c’est la fin des vacances. Hego a beau avoir quitté le cursus scolaire depuis quelques années maintenant, généralement, cette période lui donne toujours un coup de blues. Mais… Pas cette année. Disons qu’il a autre chose en tête, Hego. Autre chose qui lui prend trop d’énergie - et de réflexions aussi - pour qu’il puisse être véritablement focalisé sur ce qu’il se passe réellement autour de lui. C’est un peu difficile à expliquer, c’est encore très flou dans son esprit. C’est pour ça que la veille, quand on lui avait proposé une petite sortie à un café, il n’a guère pris de temps à accepter, Hego. Il ferait n’importe quoi pour se changer les idées, pour trouver un moyen de se rattacher à la réalité.

Il s’agit donc là de la raison au pourquoi Hego marche, ce matin, dans les rues de l’Octant, en direction d’un petit café, dont il a, par le passé, eu l’habitude d’aller. D’ailleurs, la veille, Hego n’avait pas spécialement porté plus attention que ça ; mais maintenant qu’il y réfléchit… Il ignore totalement comment ce rendez-vous va se passer. Et ça le turlupine un peu. Un peu plus qu’il ne voudrait vraiment l’admettre, en réalité. Parce que Hego n’aime pas avancer dans le flou, qu’il préfère toujours savoir ce vers quoi il va… Bref, il pense trop. Et justement, à la base, s’il avait sauté sur la première occasion pour sortir, c’était justement pour arrêter de trop penser, et essayer de retrouver un semblant de vie normale. Enfin, une vie normale… Disons, simplement, la vie qu’il pouvait avoir il y a un an. La vie qu’il avait quand il n’avait jamais entendu une seule fois le mot Alcyone être prononcé. Parce que c’est bien depuis que Alcyone est dans sa vie que tout se retrouve un peu chamboulé. Il soupire, Hego. Stop, il faut arrêter de penser à ça. Au moins pour aujourd’hui. Au moins pour une heure.

C’est en tournant dans la rue du café que Hego jette un rapide coup d'œil à sa montre. Il est en retard. Enfin, pas encore, théoriquement, mais comme il a plus de la moitié de la rue à remonter, à moins de taper un sprint, il sera en retard. Et comme Hego n’a strictement aucune envie de taper un sprint - ce qui est d’ailleurs fortement étrange, dans une rue animée comme celle-ci, soit dit en passant - il arrivera avec deux ou trois - ou quatre - minutes de retard. Mais bon, ça l’embête un peu, à Hego, alors quand même, il presse le pas. Pour finalement arriver au café avec… trois minutes de retard. Une grimace vient se dessiner sur les traits de son visage lorsque Hego se rend compte de la chose ; oh, il le savait depuis le début, mais ce n’est au final jamais agréable que de le vivre. Mais bon, qu’importe… Un soupir lui permet de vaguement chasser cette idée. Il l’aperçoit ensuite, sur une table à une quinzaine de pas de l’endroit où il se trouve actuellement. Je suis là ! Pile à l’heure… Enfin, avec un décalage de trois minutes.. C’est qu’il se retrouve quand même un tout petit peu gêné, Hego. Il soupire légèrement, avant de reprendre. J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre, en tout cas.. Ce qui est très sincère, c’est qu’il s’en voudrait si tel est le cas. Hego prend ensuite place à la table, faisant face à Benjamin. J’en oublie le plus important, sinon, tu vas bien ? Ah, et je m’installe comme ça moi, mais, tu veux que j’aille nous commander quelque chose, où… ?. Où, ça a déjà été fait ? Honnêtement, ça ne surprendrait pas Hego, si Benjamin avait déjà commandé, mais au cas où...

10h20, au même café que d'habitude ?

10h20 - L'Octant.
café sur l'avenue commerçante @Benjamin Baldwin

C’est avec un long soupir que Hego accueille la petite plaisanterie de Benjamin. Mais pas le mauvais soupir, plus celui qui est accompagné d’un sourire. Parce qu’au final, il se retrouve quand même un peu content, Hego, que d’être accueilli de cette manière. Et que de toute façon, il aurait bien été incapable de prendre mal n’importe quelle phrase qu’il aurait pu lui dire - plaisanterie ou non - alors à partir de là… Ok, celle-là, tu ne l'as pas volée, je m’avoue vaincu.. Hego prend ensuite place à la petite table ; et comme à son habitude depuis un moment maintenant, il évite à tout prix de croiser le regard de Benjamin. Enfin, même le regard de n’importe qui d’autre, hein, mais à l’heure actuelle, c’était surtout celui de l’homme qui lui faisait face. Il appréhende toujours ce… pouvoir, il a toujours cette hantise qu’il se déclenche au mauvais moment, sur une personne qui n’a rien demandé, de ne rien pouvoir contrôler. Oh, Hego il sait bien qu’il va devoir s’entraîner - et donc, ça risque de potentiellement inclure une ou deux victimes collatérales - mais pas maintenant. Surtout pas sur quelqu’un qu’il connaît. Et donc, comme il est impossible de vivre les yeux bandés, Hego opte pour la solution de ne surtout jamais croiser le regard de quelqu’un.

Lorsque Hego obtient la réponse de comme quoi, les boissons ont été commandées, il se laisse s’adosser contre la chaise. Il avait beau s’en être douté, c’était juste au cas où. Et suite à la proposition, Hego attrape le menu, qu’il feuillette très rapidement. Il ne s’attarde sur rien en particulier - en réalité, il ne le lit pas vraiment. Tu sais quoi ?, tout en disant ces quelques mots, il repose le papier plastifié à sa place, en plein milieu de la table, Je vais prendre la même chose que toi, y a un peu trop de choix, et on y est encore demain si je devais me décider à choisir… Et puis, ça sera plus facile à commander, on dira qu’on prend deux fois la même chose et ça ira.. L’art de justifier sa flemme de faire un choix. C’est aussi simple que ça.

Un serveur vient peu de temps après apporter leur commande ; il pose une tasse de café face à Hego. Café qu’il laisse poser un instant, Hego. Il a beau ne plus trop pouvoir se passer de cette boisson - encore plus dernièrement - il est ce genre de personne à les préférer quand ils ne sont pas brûlants, tiède à la limite du froid lui convient totalement, à Hego. Et sucré aussi. Sinon, c’est trop amer. Bref, c’est pour ça qu’il attrape la petite dosette de sucre, et qu’il s’y amuse un instant en la secouant, histoire de faire descendre tout le sucre vers un seul et même côté. Et le rire qu’à Benjamin est plutôt communicatif, Hego esquisse d’un petit sourire, lui aussi. Je ne dirais pas que tu es incorrigible… Où alors, si, un peu, tu l’es. Mais c’est ce qui fait que tu es toi.. Il a le sourire qui s’élargit un peu plus, Hego. Et puis, il se concentre sur sa tasse à café, et sur la dosette de sucre qu’il est en train de verser en même temps qu’il parle - tout ça pour occuper son regard à une tâche bien particulière. Et pour te répondre, oui ça va. En réalité, c’est un peu flou, mais soit rassuré, ça va.. Le disait-il vraiment pour rassurer Benjamin, où pour se persuader à lui ? Peut-être un peu des deux. Certainement un peu des deux. Un peu des deux. Un jour, peut-être, Hego lui en parlerait. Peut-être. S’il parvient déjà à y voir clair lui-même. S’il sait que c’est sans danger autant pour l’un que pour l’autre. Peut-être. Parce qu’au final, ce qu’il vit est assez… Fou ? Irréaliste ? Non, il n’y a pas de mot pour le décrire ; il y a fort à parier qu’il ne le croit pas - Hego lui-même a déjà du mal à y croire alors qu’il a les deux pieds dedans - mais tant pis. Peut-être. Il soupire Hego. Et chasse de sa main un insecte invisible, geste cherchant plus à chasser ses propres pensées qu’autre chose…

Il se redresse, Hego, et prend un ton plus enjoué. Il avait dit qu’il n’allait pas penser à tout ça, en arrivant ici, et voilà qu’au bout de cinq minutes, il a déjà échoué, ça va pas. Alors il se ressaisit - un peu. Enfin, bon ! Sache que je suis aussi heureux de te revoir, et c’est moi qui devrais te remercier de m’avoir invité. Mais, on ne va pas se renvoyer la balle pour savoir qui doit plus remercier l’autre, sinon, tu peux être sûr que je ferais tout pour avoir le dernier mot.. Ce qui est vrai, Hego pouvant totalement être du genre très borné. Trop parfois. Tu avais peut-être quelque chose en particulier à me dire ? Parce que, je vais te dire honnêtement, hier quand tu m’as proposé ce café, je me suis juste arrêté au fait d’aller au café, et je t’avoue que j’ai pas été des plus attentifs…. La manie d’être un peu trop honnête, de Hego. Mais totalement vrai, ça lui avait fait tellement du bien de savoir qu’il allait prendre l’air, qu’il en avait un peu oublié le reste, Hego...

10h20, au même café que d'habitude ?

10h20 - L'Octant.
café sur l'avenue commerçante @Benjamin Baldwin

C’est qu’il se retrouve piqué au vif, Hego, lorsque Benjamin reprend la parole après avoir commandé… Un truc dont Hego n’est pas certain de vraiment connaître la composition exacte ; enfin, il s’en doute un peu, il y a le mot English dedans, donc on ne peut pas trop se tromper sur la composition ; et de toute façon, Hego fait largement confiance à Benjamin pour ce coup-là. Il écoute alors, intrigué, ce qu’on lui raconte. Et ça ne commence pas forcément par quelque chose de joyeux… L’air interrogatif, Hego répond à cette première remarque, évidemment, il n’est pas certain que Benjamin attendait déjà une réponse, mais c’est un peu instinctif, chez Hego, que de sortir quelques mots. «Oui. J’en ai entendu parler. Ce n’est pas vraiment passé inaperçu.. Cette étudiante agressée, oui, ça avait fait le tour de Polaris. Et même si ça commence maintenant à remonter un petit peu, Hego s’en souvient relativement bien. Sans doute aussi parce que Morgan lui en avait pas mal parlé…

Mais c’est néanmoins la suite, qui rend Hego plus… Disons un peu plus méfiant. Pas forcément envers Benjamin, non. Plutôt envers lui. Oh, il n’en a pas grand-chose à faire qu’un professeur ait disparu ; mais par contre, les disparitions inquiétantes de juillet, c’est là un peu différent. Il le sait Hego, qu’il se retrouve avec un certain rapport avec tout ça. Pas directement, bien sûr que non… Mais… Les histoires de cercle, de Danaé, d’Alcyone… S’il avait rencontré Danaé en juillet, c’était bien à la suite de ces fameuses disparitions - qui au final ne sont pas des disparitions mais plutôt des morts. Il le sait, Hego. C’était bien là, la cause du mal-être qu’il avait ressenti, la disparition d’un lié - comme Danaé avait dit, Hego n’est toujours pas certain d’exactement bien comprendre ce terme. Et tout ceci, ça le rend un peu nerveux, à Hego. Et ce n’est pas dans ses habitudes que d’être nerveux, à Hego. Il espère que ce n’est pas trop visible. Parce qu’il aurait du mal à expliquer. Par chance, un serveur apporte leur commande au même instant. Ça le distrait un instant, lui fait penser à autre chose. Tant mieux.

Il se passe une main sur la nuque, Hego. Il met aussi un peu de temps avant de reprendre la parole. Pour une fois, il réfléchit soigneusement à chacun de ses mots. Il ne veut pas se lancer dans une flopée de mots dont il perdrait un peu le contrôle, comme à chaque fois. Il ne voudrait pas inclure quelqu’un dans des histoires dans lesquelles ils ne devraient pas être inclus. Certes, Hego il est au courant qu’il y a d’autres… Liés - il ne s’est toujours pas fait avec ce mot - mais il n’est pas capable de les distinguer. Existe-t-il un moyen, peut-être ? Un peu comme avec Danaé ? La fois où, il avait marché jusqu’aux parcs des Clématis, un peu comme attiré là-bas sans le vouloir ; lui suffisait-il de vouloir faire la même chose ? Il essaye, Hego. Il force un peu son esprit, voir s’il ressent cette même chose en Benjamin. Mais rien. Alors à défaut d’avoir une réponse certaine… Ne t’en fais pas, merci de m’avoir prévenu de tout ça.. Il est sincère, Hego. Il est toujours sincère. Même s’il a le regard toujours fuyant qui pourrait vaguement vouloir dire le contraire - quel tare ce pouvoir, en plus d’être un poil anxiogène pour Hego… Je te retourne aussi les mots. Fais attention à toi..

Mais Hego, il ne peut s’en tenir à si peu de mots, surtout quand il a tant de choses en tête. C’est vraiment sincère, Benjamin… Je… j’aimerai te le dire en face, mais je ne peux pas. Mais vraiment, je n’ai pas non plus envie qu’il t’arrive quelque chose. Quoi que ce soit…. Comme… Une étoile qui lui tombe dessus. Par exemple. Ce n’est qu’un exemple. Ce n’est… Il soupire Hego, il aurait mieux fait de se taire. Il espère que Benjamin ne tiendra pas rigueur de cette dernière phrase. Il parle trop Hego, mais c’est parce qu’il tient vraiment à Benjamin, et qu’il ne peut qu’être trop honnête avec lui. Même si maintenant, il se sent mal, Hego.

10h20, au même café que d'habitude ?

10h20 - L'Octant.
café sur l'avenue commerçante @Benjamin Baldwin

Rares sont les fois où Hego ne se confie pas aux autres. En fait, ces fois sont rares, parce que généralement, il le fait spontanément ; les mots sortent sans qu’il ne s’en aperçoive, à tel point qu’il s’en retrouve surpris, par moment. Mais là, dans l’actuellement des choses, c’est qu’il aurait vraiment aimé se confier à coeur ouvert. Juste au moins une fois, mais il ne pouvait pas. Il ne voulait pas, Hego. Alors, il a ce pincement au cœur, Hego. Qui s’amplifie quand il sent la main de Benjamin venir prendre la sienne. Il pousse un soupir, Hego. Vraiment, il aurait donné cher pour ne serait-ce juste poser, pendant une seconde, ses yeux dans ceux de Benjamin… Je sais, Benjamin, je sais…. Un nouveau soupir, Hego. C’est pareil pour toi, je serai toujours là, si tu as besoin…. Et si je le peux ; mais ça, Hego, il ne le dit pas.

Mais il se redresse, Hego. Il ne se laisse pas abattre, jamais. Il est bien trop… Vivant. Et puis, ce n’est pas en se laissant abattre qu’il changera quelque chose, n’est-ce-pas ? Enfin, même s’il n’a aucune idée de déjà comment changer les choses, il sait qu’en se refermant sur lui-même, ce n’est pas une solution. Normalement ? Oui, on va dire oui. Mais tu as raison, oui. Faisons un sort à ce brunch. Je dois t’avouer, je n’ai pas beaucoup mangé ce matin… Et même hier soir aussi, si je me souviens bien ; alors c’est avec grand plaisir !. Il retrouve alors son expression habituelle, Hego. Peut-être un peu faussée par la vague d’émotions qu’il a pu avoir juste avant, mais… Rah, c’est un peu sa manière de revenir sur Terre, que de reprendre une attitude normale - un peu comme pour se persuader d’être lui-même.

Rapidement, la discussion tourne, plus joyeuse, plus tranquille, plus… Plus normale, en fait. Oh, ça ne dérange pas Hego, presque au contraire ; il se sent… plus à l’aise. Il a moins de choses à cacher, moins de choses à ne pas dire. Plus naturel, plus spontané. Bref, ce qu’il a toujours été, Hego.

… On parle de Morgan. Forcément qu’il a été au courant. Je te rappelle qu’il est très souvent au courant avant moi de choses qui se déroulent dans ma vie…. Ce qui est vrai. Sauf pour une chose. Et heureusement.