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HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
Y a un moment, le bail ça devient un acte criminel. Le café est dégueulasse et vu la tête de la bouffe, leur hot dog gratiné à dix balles a toutes les chances de t'envoyer direct aux urgences. Mais ça encore, à la limite, je peux pardonner, ça fait partie de l'expérience, du folklore, on vient rarement à l'hosto pour se taper un gueuleton. Non, le vrai crime de haine ici, c'est la déco. La putain de déco. Déjà, un thème Léonard de Vinci. Pourquoi. On est à Polaris, pas en Toscane, je sais pas si vous êtes au courant. C'est quoi la justif? Il était anatomiste? Alors affichez ses dessins techniques de dissection humaine, histoire qu'on soit dans le thème jusqu'au bout. Le choix des œuvres, parlons-en. Les mecs. Les frérots. La cohérence, elle est où. Vous pouvez pas me foutre une Joconde dans le plus pur style du maître à côté de sa Madone à l'œillet de jeunesse, encore toute empâtée de l'influence de Verrocchio et de Lorenzo di Credi. Et puis bordel, c'est quoi ces images imprimées avec une résolution de micro-ondes?
Vous savez quoi? Allez vous faire foutre.
Graham a intérêt à avoir une putain de bonne raison de m'avoir fait subir ça.
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
bark bark putain
On est dans la turbo mouise.
Est-ce que le terme "turbo" s'employait encore ? Ou est-ce qu'il devenait genre, vraiment vieux ? Vieux et has-been.
...
Est-ce que "has-been" s'employait encore, au moins ?
Est-ce qu'il pouvait décemment le demander à Sunny, ou est-ce qu'il allait se moquer de lui ?
C'est tout ce que réussissait à penser Graham en arpentant le couloir, une silhouette collée aux talons. Sa blouse de médecin volait derrière lui au rythme de son pas rapide, et lui avait décidé de se concentrer sur la terminologie de son vocabulaire de daron pour ne pas penser à tout ce qu'impliquait cette... situation, comme il l'avait simplement résumée à Ruben.
Il l'avait sentie avant de la voir, d'assez loin, d'ailleurs, elle était aux urgences et lui à l'étage où se trouvait le service réanimation, comme d'habitude, et puis quelque chose dans l'air avait changé. Il avait plus ou moins compris sa sensibilité au lien qui le liait aux autres membres du Cercle, il les ressentait assez fort (au niveau du cœur, toujours au niveau du cœur), mais là, il avait été totalement pris par surprise.
Ce n'était pas un lien qu'il connaissait, et c'était alarmant.
Il avait descendu les marches quatre à quatre, et il l'avait vue, aucun doute, et quand il a croisé son regard il en avait eu la certitude.
Il avait sagement attendu qu'elle se fasse soigner (en trépignant intérieurement d'impatience), appelant Ruben à la rescousse, parce qu'il ne se sentait pas capable de s'occuper ce ça tout seul.
Ça. Le nouvel éveil.
Historia.
La dernière liée du Cercle de Procyon.
Ça voulait dire qu'il était toujours dans les parages, et qu'il s'était mis à lier n'importe comment.
Oh, putain.
Oh. Putain.
Il déboula dans la cafétéria avec une détermination assez bruyante pour faire sursauter une vieille dame (à qui il s'excusa platement), et se détendit automatiquement en apercevant Ruben.
Ruben qui était plus qu'un allié, peut-être pas loin d'un ami, Ruben, un sacré phénomène à qui il s'était tout de suite attaché, par la force des choses, un dogsitting parfaitement raté. Ruben qui avait accouru sans poser de questions.
C'était lui qu'il voulait à ses côtés maintenant, et personne d'autre.
Qui, de toute façon ? Niels ? Pfouah, quelle horreur.
(double lien qui tiraille, il se retient de justesse de se mordre le bras pour lui faire mal par procuration)
- Hey, lâcha-t-il avec soulagement. Merci d'être venu aussi vite, vraiment, je crois qu'on a un problème ? Je suis pas sûr. Peut-être. J'arrive pas à me décider.
Il leva une main et se tu, réalisant qu'il était en train de s'embrouiller tout seul et que ça n'avançait à rien, absolument rien. Il s'effaça sur le côté, désignant la jeune femme qui était, jusque là, dans son dos.
- Ruben, je te présente Historia. Il baissa un eu la voix, pour n'être entendu que d'eux deux. Il ne serait pas difficile pour Ruben de lire la légère détresse dans son rzgard ; il n'essayait pas de la cacher. C'est une nouvelle liée de Brocyon. Voilà.
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
Historia pousse les portes des urgences. Elle fait montre d’un calme si particulier qu’on lui demande de patienter. Elle le fait, sans rechigner. Elle voit bien qu’ils sont tous débordés, et son cas ne devrait pas s’aggraver.
Quand vient son tour d’être prise en charge, on lui demande ce qu’il lui arrive. Sous le regard médusé des internes, elle présente un bras en sang, imprimé d’une mâchoire de chien. La bestiole ne l’a clairement pas loupée. On lui demande si elle peut bouger ; c’est douloureux, mais ça va. On lui dit de patienter encore un peu. Elle acquiesce, se rassoit.
C’est là, en dépit de la douleur qui lancine son bras, qu’elle le ressent. C’est d’abord infime, comme une lumière qui vient de s’éveiller dans son esprit. Puis ça devient plus fort, toujours plus fort, et son cœur s’intensifie en rythme. Instinctivement, elle lève le nez en direction d’une porte à l’opposé du siège sur lequel elle est assise. Cette porte est poussée – presque bousculée – par un homme en blouse. Elle ne le connaît pas, mais elle le connaît. C’est bizarre. Elle pourrait presque distinguer le lien qui les raccroche l’un à l’autre, comme une corde matérielle qui les pousse à ne pas trop s’éloigner.
Elle n’a pas le temps de lui demander qui il est, et pourquoi il lui paraît aussi familier. Elle est emmenée en salle d’opération. Elle écope de quelques points de suture au niveau des morsures les plus profondes et d’un beau pansement qu’il va lui falloir changer quotidiennement. Elle remercie les médecins et infirmiers, retourne dans la grande salle où attendent toujours plus de nouveaux patients, où s’agitent des employés dépassés… et où se tient toujours ce type, cette drôle de présence familière.
Ils n’échangent pas grand-chose, à peine leur nom. Graham, Historia. Historia, Graham. Apparemment, ils sont attendus ? Puisque ça lui paraît être la meilleure chose à faire, elle le suit sans poser davantage de questions. Ils descendent à la cafétéria, et la Maître-Chien note d’un plissement le nez la décoration un peu exotique du lieu. Le « hey » de Graham la pousse à darder son regard sur un blond, assis là. Le premier évoque un « problème », qui n’en est peut-être pas un. C’est d’elle qu’il parle ? Confuse, Historia fronce un brin des sourcils. Pour le moment, elle se contente d’écouter… Jusqu’à ce qu’on l’introduise.
« Enchantée ; Historia… »
Si la jeune femme tient à la politesse, le contexte l’incite à ne pas trop s’étendre en formalités.
« Liée… Brocyon ? Est-ce que vous parlez du garçon sauvage ? »
Brocyon. Historia ne saisit pas la blague. En voilà un bien drôle de nom… Elle tire une chaise et y cale son auguste postérieur. Elle jette un regard rapide à son bandage, devant, derrière.
« J’imagine que vous êtes aussi ce que vous appelez… des liés ? C’est… À cause de cette espèce de lien entre nous ? Je ne comprends pas vraiment ce qu’il se passe et… »
Elle s’interrompt, faute d’une suite digne d’intérêt à prononcer. Elle espère sincèrement qu’elle pourra y voir plus clair, grâce à eux. Elle a la sensation qu’ils sont là pour ça.
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
L'agacement laisse place à la peur. Procyon a blessé quelqu'un, ou il s'est blessé lui-même. Peut-être pire? Niels et Graham m'ont parlé de la douleur quand l'hôte précédent s'est fait buter et j'ai rien ressenti de particulier mais je sais pas comment ça marche moi, tous ces bails d'étoiles et de liens et de pouvoirs et de cercles à la con, j'ai rien demandé, on m'a balancé là-dedans sans explication. Procyon, mon Brocyon comme j'ai fini par l'appeler, je l'aime bien, j'ai fini par m'attacher à lui et en même temps, depuis qu'il s'est barré, je peux reprendre une vie normale – aussi normale que possible quand on est obligé de porter des gants H24 pour éviter de tout transformer en or. Bosser au CRUX, renouer avec Numa, le rapprivoiser, sans être obligé de disparaître pour aller me terrer des semaines dans un trou paumé de la périphérie, dans une maison de vacances qu'on squattait en espérant que les proprios se pointent pas à l'improviste.
– Graham. S'passe quoi?
Et là seulement je remarque la rouquine qui le suit. Et je percute, ou plutôt je sens – ce même élan qui m'attire vers Graham ou Niels, cette sorte de conscience périphérique de leur existence, de leur proximité, de leurs émotions. Oh.
– Ruben. Oh putain…
Échange de regards avec Graham, puis avec la dénommée Historia, puis retour à Graham. On patauge tous les deux. Top. Génial. C'est la sauce.
– Bon, déjà. Quand tu dis garçon sauvage… Petit blondinet aux yeux bleus, haut comme ça, parle en aboyant et se comporte comme un chien mal élevé? Si oui, tu l'as vu où? Et y a combien de temps?
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
bark bark putain
Graham acquiesça lentement, le visage assombri d'une expression si grave que c'en était presque amusant. Ruben avait compris tout de suite, bien sûr, il était loin d'être bête et c'était également pour ça que Graham avait fait appel à lui pour venir le soutenir dans la lourde tâche d'expliquer à Historia que... hé bien, sa vie, à présent, c'était un peu de la merde.
- Tu as les bonnes bases, répondit-il. Je vais t'expliquer, mais assieds-toi, ça pourrait prendre un peu de temps.
Il tira une des chaises de la table, ajoutant geste à la parole. Ce n'est pas que ça pourrait prendre, du temps, c'était surtout que pour qu'elle comprenne quoi que ce soit, il n'avait pas le choix que de lui faire l'exposé long. Et ça le faisait chier autant que ça faisait chier Ruben, lui aussi avait des trucs à faire, à la base, genre s'occuper de ses patients, mais il allait prendre le temps nécessaire pour raconter ce qu'il savait à Historia, tout simplement parce qu'il aurait détesté être perdu, comme ça, lâché dans le vide avec un lien bizarre à cinq autres personnes et un homme-chien.
Il résista difficilement à l'envie de commencer son histoire par "il était une fois", déformation professionnelle (la profession étant ici, père de famille) (et encore)
- Il y a des Étoiles qui s'incarnent sur terre, à Polaris plus précisément. Combien, je sais pas. On s'en fout, c'est pas vraiment important. Ces Étoiles, elles choisissent un hôte humain pour tranquillement prendre possession de leur corps, et lient à elles des gens pour la protéger. Enfin, de ce que j'ai compris. Nous, par exemple, on a été jusque huit personnes liées en même temps à la même Étoile. Brocyon, du coup. Le petit blond que tu as rencontré.
Il jeta un coup d’œil à Ruben, pour voir s'il était d'accord, jusque-là. Graham avait la fâcheuse tendance à parler beaucoup, oublier encore plus, et s’emmêler les pinceaux.
- Ta situation est un peu particulière parce que l'Étoile a pris le dessus sur la conscience de l'hôte. Sauf que notre Brocyon c'est, heu, un chien. Tu as croisé la route d'un mec avec une conscience de chien. Il a dû te lier par erreur, ou alors...
Il regarda le pansement sur son bras, et se passa une main sur le visage, fatigué, soudain, par cet abruti de chien fugueur.
- ... tu travailles avec des animaux, par hasard ? Il tourna le visage vers Ruben, las. J'en ai marre. Si on le retrouve, je te jure que je vais avoir du mal à rester calme. Ah oui, il s'est enfui sous ma garde, on l'a perdu, ajouta-t-il en reportant son attention sur Historia. On le cherche, du coup effectivement si tu as la moindre indication, ce serait d'un grand aide. Parce que, je suis très heureux que tu nous rejoignes, je dis pas, mais c'est pas du tout une bonne nouvelle pour nous qu'il se soit mis à lier du beau monde comme ça. C'était déjà dangereux à la base, là c'est juste le bordel.
Il préféra passer sous silence le fait que sa vie, dès à présent, était en danger.
Il décida d'attendre encore un peu avant de lui parler de la Chasse, de la mort de leur hôte précédent, de la mort de trois de leurs liés, putain, ça faisait beaucoup de morts, tout ça...
Il essaya de ne pas songer non plus au danger qu'ils courraient tous, au fait que sa famille avait dû partir de la maison qu'ils aimaient, juste pour être sûrs d'avoir la vie sauve.
Les dangers étaient nombreux à Polaris, de base ; c'était normal, c'était une grande capitale, et ça comportait de base son lot de personnes louches, de coups de couteau dans les ruelles, de quartiers sombres et mal fréquentés.
Mais depuis qu'ils étaient liés, ils devaient prendre en compte en plus les Cercles ennemis, les gens qui voulaient tout simplement les tuer, et leurs propres pouvoirs qui n'étaient, généralement, pas franchement innocents.
- Et il y a encore un milliard de choses à dire mais j'imagine que tu dois avoir un tas de questions, alors déjà si tu en as on va y répondre, ça te va ? Vous voulez du mauvais café ?
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
« Il faisait nuit mais ouais, il était petit et blond, il ne parlait pas et aboyait. Il m’a juste… euh… fait la fête avant de s’éclipser ? C’est un peu bizarre. »
Historia tâche de creuser davantage dans sa mémoire pour se souvenir, si ce n’est du lieu qu’elle connaît bien, du moment de leur rencontre. Elle s’accroche à un événement en particulier : celui de la disparition inexpliquée de cet homme qui semble s’être volatilisé depuis son appartement.
« C’était début février. Il rôdait vers le commissariat de police. »
Les informations ne semblent pas soulager ses deux interlocuteurs. Inconsciemment, Historia se crispe ; la douleur de son avant-bras se réveille, elle serre la mâchoire. Elle sent la tension monter d’un cran et ce lien si particulier continuer d’affluer des uns aux autres. Historia, Graham, Ruben… et d’autres, elle le sait. Comment ? Elle l’ignore. Elle ressent simplement leur présence, leur existence.
C’est Graham qui se lance et qui lui expose la situation. Tout au long de son récit, la Maître-Chien se tait. Les questions, pourtant, s’accumulent dans son esprit confus et aux portes de ses lèvres. Elle se mord l’intérieur de la joue pour ne pas l’interrompre. Elle a l’intime conviction que si elle le fait, elle risque de passer à côté de quelque chose d’important.
À présent, Historia sait qu’elle a bien fait de s’assoir. Elle canalise son désarroi en crispant ses doigts autour de ses accoudoirs. Ses interrogations patienteront encore un peu : elle n’a pas cœur à retarder les réponses que Graham semble attendre de sa part.
« Précisément… Je suis Maître-Chien. »
Elle lève son bras blessé comme pour prouver l’information. Une belle coïncidence que voilà, si tant est qu’il s’en agit d’une. Là encore, Historia a la désagréable sensation que non.
« C’est une partie de mon boulot de traquer des individus. Je garderai l’œil ouvert… »
Maintenant que la « voie » est libre, elle n’a soudainement plus envie de les interroger. Sans qu’ils n’aient eu à le dire, elle a conscience qu’elle s’est fourrée dans quelque chose de pas net. Enfin, elle… On ne lui a pas vraiment laissé le choix. Elle cligne des yeux, l’air de vouloir reprendre pied avec la réalité.
« OK, si je résume… Une étoile… a pris possession d’un garçon, qui l’a « transformé » - elle mime les guillemets avec ses doigts – en chien, et notre rôle à nous c’est de le protéger, sauf qu’il s’est fait la malle… »
Elle marque une pause pour s’assurer que jusque-là, elle a juste.
« De quoi est-on supposés le protéger ? Et en quoi c’est dangereux d’être lié à lui ? »
Historia réagit rétrospectivement à ses propres paroles. Une étoile… incarnée sur terre… qui prend possession d’un être humain… C’est si ridicule, alors pourquoi y croit-elle ?
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
bark bark putain
Mais c'était sûr, en fait.
Graham se fit une promesse mentale, de lui à lui : s'il retrouvait Procyon un jour, ce dont il commençait presque à douter, il l'étranglerait de ses propres mains. Il avait déjà vécu la mort d'un hôte, pas de soucis, il savait ce qu'il en était, et ce petit clébard à la con ne perdait rien pour attendre.
Parce que lier des gens par intérêt, quand on leur explique la situation, quand on les met au courant, même par sms, bon. Ça passe. Hazel avait ses défauts, bien sûr, comme par exemple celui de mourir, mais au moins il ne les avait pas laissés dans leur jus. Enfin, en tout cas pas totalement. Ils étaient arrivés dans le bordel avec une légère idée de ce qui les attendait, quelques infos sur le pourquoi du comment.
Historia, en revanche... ça faisait combien de temps qu'elle avait été liée, déjà ? Combien de temps qu'elle se baladait en rue avec la sensation désagréable d'être observée sans savoir pourquoi, sans savoir qu'elle était maintenant reliée à une flanquée de gens qui ne vivaient pas spécialement mieux la situation ?
Avec un pouvoir dont elle ne savait rien ?
... oh mon dieu, et quel pouvoir, en fait ??
Maître-chien.
C'est bien ce qui lui semblait.
Il avait aperçu la morsure
la douleur
et il ne fallait pas être un grand génie pour comprendre.
Procyon n'était qu'un sale chien mal élevé, et toute occasion était bonne.
Il hocha la tête au résumé d'Historia, un peu peiné par tout ce qu'elle racontait, parce que cette histoire n'avait pas le moindre sens, et pourtant... pourtant c'était la leur. Leur enfer personnel, ces Étoiles qui décidaient de tomber du ciel, justement dans la capitale qu'ils habitaient.
C'était trop compliqué d'aller plus loin ? Vraiment ?
De les laisser tranquille ?
Ça le tenait éveillé la nuit ; il en ruminait de colère.
- On doit le protéger des gens qui veulent sa mort, globalement. Même si je suis pas bien sûr de qui c'est. D'autres Étoiles, entre autre. Des gens extérieurs ? Oh et puis, vu que c'est un chien, maintenant, globalement le protéger de lui-même. Vu qu'il est super con. Il se mordilla la lèvre pensivement, cherchant comment formuler la suite de sa réponse le plus délicatement que possible.
Il ne trouva pas comment faire.
Bon.
- On a eu un hôte avant ça. Un avocat. Il est mort, et si tu veux tout savoir, on l'a ressenti comme si on mourrait nous-même. Et je suppose que ce n'est qu'un avant goût de ce qui pourrait se passer. Il prit une courte pause, pour ne pas tout déballer d'un coup. Certains membres du Cercle sont morts, aussi. Tués. Je veux que tu comprennes que tu risques réellement ta vie, d'accord ? Sois prudente, parce que ce n'est pas quelque chose à laquelle tu peux échapper.
Oh, il avait tant de choses à lui dire, et aucune d'entre elle n'était réjouissante.
En plus, il ne pouvait même pas lui promettre un accueil chaleureux et un Cercle aimant et soudé. Il ne connaissait pas la plupart des Liés, et les relations étaient pour le moins... tendues avec la moitié de ceux qu'il connaissait.
Tout allait bien sous le soleil, leur Étoile était en cavale, il était lié à l'homme le plus détestable qu'il lui ait été donné de connaitre et Graham pleurait littéralement de l'acide avec une certaine régularité.
Globalement, que du fun en perspective.
- Tiens, dernière question pour moi, mais... est-ce que tu as développé, hm... une capacité spéciale, depuis ton éveil ?
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
Mais non.
La suite de l’histoire arrive, non-moins étrange mais plus sinistre aux yeux d’Historia. Pourquoi diable quelqu’un voudrait-il s’en prendre à une étoile, qu’elle arbore la forme d’un astre dans le ciel ou d’un garçon sauvage ? Elle adopte cette position si particulière des situations d’alerte : elle se redresse, pose ses mains sur ses genoux, les doigts serrés contre ses rotules.
Elle n’est pas au bout de ses peines. D’autres étoiles ? Vraiment ? Il s’agit de quoi, d’une guerre de territoire ? L’espace n’est-il pas assez grand pour qu’elles cohabitent ensemble ? La Maître-Chien prend un air excédé – les paupières qui papillonnent brièvement, la tête qui va doucement de droite à gauche. Il y a quelque chose qui gronde en son for intérieur. Elle se met à secouer frénétiquement sa jambe en priant son besoin de bouger de patienter encore un peu.
L’histoire, évidemment, ne s’arrête pas là. Après avoir appris qu’elle est liée à une étoile dont on veut la mort, on lui informe que sa propre vie est en jeu. C’est logique, quand on y pense… Si les liés sont supposés se dresser face aux menaces, ils sont finalement les plus exposés. Historia n’est pas sûre de vouloir ça – de vouloir protéger une soi-disant étoile nichée dans le corps d’un gamin qui aboie. Et pourtant, et pourtant… Dès lors qu’elle effleure ne serait-ce que l’idée de se défiler, elle ressent une pointe de culpabilité poindre en elle. Non, c’est pire que ça : c’est comme si son affection pour Brocyon s’éveillait et l’empêchait de l’envisager. Et merde…
Historia porte son attention sur Ruben alors qu’elle réfléchit à la question pour le moins surprenante de Graham. Une capacité spéciale, dit-il ? Si ce n’est celle de sentir la présence de ceux qu’il appelle les liés…
« J’ai l’impression de pouvoir savoir où vous êtes. Je veux dire, quand Brocyon est parti cette nuit-là, il y avait comme des… Je ne sais pas définir. Des choses ? Qui m’appelaient. »
En observant le visage de ses interlocuteurs, Historia devine que ce n’est pas exactement la réponse à laquelle ils s’attendaient. Elle s’efforce de fouiller plus en avant dans ses souvenirs. Elle repasse le fil des quelques mois passés depuis son éveil, jusqu’à… Jusqu’à.
« … Je ne suis pas sûre que ce soit lié. Mais un jour j’ai oublié ce que je venais de faire. Pas du genre « mince, où j’ai posé mes clefs » mais plutôt… Tiens, comment je suis arrivée là, à plus de vingt kilomètres de chez moi. Et en faisant demi-tour, il y avait des… trous ? Dans quasiment tous les arbres. Peut-être tous, je ne me souviens plus. … »
Elle se rappelle avoir jeté un coup d’œil à ses phalanges. Elles ne lui faisaient pas mal mais elles étaient sacrément égratignées. Elle avait naïvement et jusque-là espéré qu’il ne s’agisse que d’une coïncidence mais elle était forcée d’admettre que c’était bien trop pour que ça en soit une.
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
Historia tient le coup. Elle écoute tout, comprend vite, encaisse bien, pose les bonne questions, donne des réponses claires et concises. Pendant tout le temps que dure leur conversation – et elle dure longtemps, parce qu'il y a beaucoup à dire et que Graham ne sait pas faire court – je reste silencieux, les bras croisés, en essayant de retenir les détails importants. Liée début février, près du commissariat. Maître-chien. Un pouvoir que je ne suis pas sûr de comprendre encore, mais qui semble lui donner une endurance et une force hors du commun.
– Graham peut produire de l'acide. Moi, je transforme ce que je touche avec mes mains en or.
Je lève lesdites mains en question, bien au chaud dans leurs gants spéciaux. Pas très envie de lui faire une démonstration ici et maintenant, surtout que mon pouvoir est aléatoire au possible.
– Merci pour les explications, Graham. Si tu dois retourner bosser, vas-y. Je peux prendre la relève.
Un soupir. Bordel.
– Enfin, si t'as des trucs à faire Historia, je ne veux pas te retenir. Mais je sais que ça fait beaucoup d'un coup. Dans tous les cas, notre priorité, c'est de retrouver Brocyon. Peut-être de rencontrer les autres liés pour leur demander de l'aide. On a zéro idées des dangers auxquels on doit se préparer.
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
bark bark putain
Graham l'écouta leur faire part de ses aventures avec grande attention. Lui non plus ne comprenait pas vraiment le pouvoir de leur nouvelle recrue, si ce n'était qu'il semblait lui donner une force immense. La perte de mémoire, cependant, il ne la plaçait pas. Ah, s'il avait eu le temps de rencontrer Amy-Lou, il aurait sans doute reconnu son pouvoir à elle... mais il n'était pas possible de revenir en arrière, et Graham n'en saurait jamais rien. Alors il ne pu que s'interroger silencieusement sur ce qu'elle pouvait bien cacher, comme capacité.
Il aurait le temps de cogiter ça plus tard ; l'heure tournait, et ils avaient tous trois des choses à faire.
Il regarda en effet sa montre et grimaça. Une opération était prévue ce soir et il en était l'anesthésiste ; il était temps pour lui d'aller se préparer, et son patient avec.
Effectivement, je vais devoir écourter l'entrevue, mais restez ici autant de temps que vous voulez, this is a free country et un hôpital public. Si vous avez faim je vous en conjure ne prenez pas l'omelette aux champignons.
Il se leva et posa son regard sur ses deux liés, l'air las. La fatigue, toujours, qui guettait du coin de l’œil pour l'envelopper de ses ailes immenses. Mais il n'était jamais l'heure de se reposer. Jamais.
Ruben, merci d'être venu malgré tes obligations, je pense qu'on va se revoir bientôt, hein ? Historia, hé ben... bienvenue dans le Cercle, je suppose. Voilà mon numéro, ajouta-t-il en griffonnant sur une serviette, qu'il lui tendit. N'hésite jamais à m'appeler, ou à passer ici directement, je suis très souvent là. Si tu as la moindre question, Ruben peut commencer à y répondre maintenant, et sinon je reste disponible. Et du coup, heu...
Il était toujours planté là devant la table, un peu embêté. Qu'est-ce qu'il fallait dire de plus ? Qu'est-ce qu'il y avait à ajouter ? Tant de choses, et il s'en voulait de partir comme un voleur, alors que c'était lui qui avait forcé de rendez-vous.
Je suis navré de revenir encore une fois avec mes conseils de papa, mais sois prudente, d'accord ? Avec ton pouvoir, avec... tout le reste. Je n'ai pas envie de perdre encore quelqu'un, ajouta-t-il très sérieusement, trop sérieusement, peut-être, les sourcils froncés d'inquiétude.
La mort de ceux qu'il ne connaissait pas avait déjà été douloureuse ; perdre Historia, qu'il avait rencontrée et qu'il commençait à apprécier, serait insoutenable. Sa sensibilité au lien marchait comme ça.
Prenez soin de vous. On se revoit vite, j'en ai peur.
Sur ces quelques mots, il tourna les talons, en leur adressant un dernier geste de la main, avant de passer les portes de la cafétéria, sa blouse blanche volant dans son sillage.
Re: HÉTIMASIE ♛ GRAHAM & HISTORIA
Sauf ce jour-là. La gamine. Son père…
Ce n’était pas qu’un hasard, oui.
Son poing se ferme avec force. On entendrait presque ses phalanges craquer. Et maintenant ? Le départ de Graham est imminent et, aussi gentil Ruben a-t-il l’air, il semble tout aussi ébranlé qu’Historia – à ceci près qu’ils n’en partagent pas les mêmes raisons. Pas tout à fait.
« Merci pour toutes ces informations, Graham… »
Bien qu’elles prennent des teintes de malédiction.
« Courage, pour le reste. »
La jeune femme se tourne vers Ruben. Les contrecoups de sa blessure, des soins effectués et de sa nouvelle condition de liée retombent comme une brique sur son crâne. Elle porte sa main à sa tempe pour la masser. Elle n’a rien à faire, non. Rien en dehors de comprendre un peu mieux ce qui lui arrive, dans quoi elle a été embarquée malgré elle. Peut-être devrait-elle se reposer, mais Historia reste ce qu’elle est : une âme acharnée que l’on ne peut arrêter si elle n’en a pas décidé autrement.
« Je peux sûrement faire quelque chose pour Brocyon. Pour le retrouver, je veux dire. C’est littéralement mon job, et maintenant que je suis impliquée là-dedans… »
Il lui faudrait seulement une piste. Un échantillon de quelque chose lui ayant appartenu, un lieu dans lequel il se rendrait souvent…
« Si tu as un truc à lui, ou si tu sais où je pourrais trouver des info’, un endroit où commencer les recherches, je suis preneuse. »
Historia glisse sa main dans sa poche, celle-là même qui contient désormais le (précieux) numéro de Graham, pour en tirer son téléphone. Elle tourne l'écran vers Ruben pour lui montrer son propre numéro.
« On se tient au courant. On peut se dire qu’on se recontacte dans quelques jours… avec les autres liés, si tu penses que c’est une bonne idée. »
Elle repense brusquement aux derniers mots de Graham. « Je n’ai pas envie de perdre encore quelqu’un ».
Et, tout à coup, le rassemblement du Cercle auquel elle appartient désormais lui apparaît primordial.