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The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Mar 26 Avr - 22:12
J’arrive pas à mettre le doigt sur ce que je ressens. C’est un mélange ultra confus de malaise, d’angoisse, de panique, de tristesse, d’appréhension, de joie, d’excitation… C’est… Je sais pas. Ingérable, en fait, à l’échelle de ma petite personne.
J’aurais préféré que ça se passe différemment. Je veux dire, pas dans ce contexte-là. Ça fait un moment que j’ai envie de la (re)voir, Gentiana. Il faut dire que la première fois qu’on – que je l’ai vue, c’était à cette fête super bizarre, et j’ai pas osé l’aborder. On a continué à discuter par message et… eeet…
Coup de poing donné sur mon genou. J’essaie de calmer son mouvement continu. C’est plus fort que moi ; quand je suis un peu – un peu, haha… – sur les nerfs, je peux pas m’empêcher de gigoter. Je regarde l’heure sur ma montre : elle m’a dit « dans une demi-heure ». Putain, mais quelle idée de lui avoir dit, aussi ?...
Est-ce que tu aurais voulu lui mentir ?
Non.
Alors t’as fait ce qu’il fallait.
Ouais…
Et dire que ça partait d’une simple prise de nouvelles. Innocemment, elle m’a demandé comment s’était passée la séance de cinéma, si le film était bien. J’ai pas eu cœur à lui raconter des salades, alors je lui ai dit qu’on avait eu un empêchement. Naturellement, elle m’a demandé s’il n’y avait rien eu de grave, quelque chose de cet acabit. Sur le moment, j’ai répondu que non. Le message suivant, je lui disais que ma sœur était morte. Les habituelles condoléances ont suivi. J’ai bien cru que ça s’arrêterait là – pas comme si elle pouvait y faire grand-chose, et moi non-plus. Mais elle m’a dit que je pouvais lui parler. Libérer mon sac.
Et là, elle m’a dit qu’elle pouvait me rendre visite, si j’avais besoin de quelqu’un.
J’vais pas vous mentir, sur le moment j’ai un peu freeze. Pour une fois depuis un moment, y’a quelque chose d’agréable qui s’est éveillé en moi. Avec Gentiana, on n’a fait qu’échanger par SMS et les seules fois où je lui ai proposé de venir manger à la maison, elle a refusé en étant honnête avec moi sur le fait qu’elle préférait s’en tenir à notre « relation à distance ». Normal. Alors quand elle m’a dit ça, outre ma putain de naïveté, j’ai compris que je n’étais pas qu’une espèce de correspondante à qui elle appréciait parler de temps en temps. Même si c’est infime, je crois qu’elle tient à moi ?... Et bordel, ça fait du bien. Un bien fou.
Mais comme j’suis un peu conne sur les bords, j’ai d’abord refusé. Puis j’ai accepté. Et là, j’ai l’impression d’avoir fait une connerie en prenant une décision trop rapide. Il faut que je me change les idées. Il faut que j’arrête de stresser. Il faut que j’arrête de penser à lui, à elle, à la lueur de son pistolet sur la tempe de mon cheval. J’ai besoin de parler à quelqu’un, j’ai besoin d’une présence, j’ai besoin d’--
L’interphone sonne.
J’aurais préféré que ça se passe différemment. Je veux dire, pas dans ce contexte-là. Ça fait un moment que j’ai envie de la (re)voir, Gentiana. Il faut dire que la première fois qu’on – que je l’ai vue, c’était à cette fête super bizarre, et j’ai pas osé l’aborder. On a continué à discuter par message et… eeet…
Coup de poing donné sur mon genou. J’essaie de calmer son mouvement continu. C’est plus fort que moi ; quand je suis un peu – un peu, haha… – sur les nerfs, je peux pas m’empêcher de gigoter. Je regarde l’heure sur ma montre : elle m’a dit « dans une demi-heure ». Putain, mais quelle idée de lui avoir dit, aussi ?...
Est-ce que tu aurais voulu lui mentir ?
Non.
Alors t’as fait ce qu’il fallait.
Ouais…
Et dire que ça partait d’une simple prise de nouvelles. Innocemment, elle m’a demandé comment s’était passée la séance de cinéma, si le film était bien. J’ai pas eu cœur à lui raconter des salades, alors je lui ai dit qu’on avait eu un empêchement. Naturellement, elle m’a demandé s’il n’y avait rien eu de grave, quelque chose de cet acabit. Sur le moment, j’ai répondu que non. Le message suivant, je lui disais que ma sœur était morte. Les habituelles condoléances ont suivi. J’ai bien cru que ça s’arrêterait là – pas comme si elle pouvait y faire grand-chose, et moi non-plus. Mais elle m’a dit que je pouvais lui parler. Libérer mon sac.
Et là, elle m’a dit qu’elle pouvait me rendre visite, si j’avais besoin de quelqu’un.
J’vais pas vous mentir, sur le moment j’ai un peu freeze. Pour une fois depuis un moment, y’a quelque chose d’agréable qui s’est éveillé en moi. Avec Gentiana, on n’a fait qu’échanger par SMS et les seules fois où je lui ai proposé de venir manger à la maison, elle a refusé en étant honnête avec moi sur le fait qu’elle préférait s’en tenir à notre « relation à distance ». Normal. Alors quand elle m’a dit ça, outre ma putain de naïveté, j’ai compris que je n’étais pas qu’une espèce de correspondante à qui elle appréciait parler de temps en temps. Même si c’est infime, je crois qu’elle tient à moi ?... Et bordel, ça fait du bien. Un bien fou.
Mais comme j’suis un peu conne sur les bords, j’ai d’abord refusé. Puis j’ai accepté. Et là, j’ai l’impression d’avoir fait une connerie en prenant une décision trop rapide. Il faut que je me change les idées. Il faut que j’arrête de stresser. Il faut que j’arrête de penser à lui, à elle, à la lueur de son pistolet sur la tempe de mon cheval. J’ai besoin de parler à quelqu’un, j’ai besoin d’une présence, j’ai besoin d’--
L’interphone sonne.
Gentiana Giesler
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Mer 27 Avr - 18:42
A payload to mellow you out
Qu’est ce qu’elle était en train de faire ?
Quelque chose de bien. Une gigantesque erreur. Un saut dans le vide.
Au volant de sa voiture, à cette époque où ses mains ne lui brûlaient pas encore, Gentiana cherchait dans les rues de Polaris l’adresse transmise par Hope en grinçant des dents. Une fois arrivée, elle trouverait au mieux une jeune femme effondrée, au pire une personne malveillante... Et la prudence était de mise, surtout ces temps-ci.
(La disparition de Cérès ne lui avait-elle donc rien appris ?)
Elle secoua la tête pour chasser ces idées. Elle n’était prête ni pour l’un, ni pour l’autre, jugeait qu’au demeurant elle serait de terrible compagnie pour quelqu’un dont la fratrie venait de se réduire de cette façon, sans prévenir. Elle n’était pas comme Leah, avec toujours le bon mot, les bras chaleureux - empathique oui, mais sans jamais savoir quoi faire de la douleur vécue des autres.
Son bon sens lui disait qu’il fallait qu’elle soit là pour Hope, sans parvenir à lui définir ce que ça impliquait - dans le doute elle avait pris la chose très littéralement mais n’avait elle-même jamais vécu une perte aussi brutale.
Sauf la fois où… Certes. L’overdose.
Mais son frère s’était réveillé. Il était revenu à la vie. Les longues, longues minutes à attendre les secours en tenant sa main froide ne s’apparentaient pas à un deuil, à peine une de ses étapes. Le choc, la tristesse, oui, bien sûr, la colère aussi. Du reste, elle ne connaissait rien de l’expérience.
Et Cérès, ah, Cérès,
Cérès avait simplement disparu.
Elle arrivait. Songeant que ce n’était pas en ces circonstances qu’elle s’imaginait rencontrer Hope pour la première fois, elle ralentit et sa gara prudemment. Elle préférait prendre son temps avec ces choses là, ces rencontres, quitte à refuser des repas qui promettaient d’être merveilleux - mais une urgence était une urgence, et une tragédie, eh bien, impossible à ignorer, il fallait croire.
En sortant de sa voiture, Gentiana prit ses clés, son sac, et le revolver dans sa boîte à gants. Ça valait la peine d’être répété : la prudence était de mise. En tant que fille d’un lobbyiste enthousiaste des armes à feu, c’en était là son idée. Elle glissa l'arme de poing dans le holster de sa ceinture et rabattit les pans de son pull par-dessus avant de se diriger vers l’immeuble.
Une fois devant sa porte, Gentiana posa son doigt sur l’interphone, hésita, puis appuya longuement. Lorsqu’un grésillement caractéristique se fit entendre, elle dit :
— C’est Gentiana. Je suis là.
Sa voix était douce. En dépit de sa réserve toute naturelle, elle se trouvait étonnement calme. Portée par l’urgence, sans doute. Et puis elle avait le nécessaire pour se défendre en cas de danger, et ne craignait pas la réaction de Hope lorsqu’elle poserait les yeux sur elle : elle l’avait prévenu en amont de la tâche de naissance sur son visage, pour s’épargner des yeux écarquillés.
Hope Ashcroft
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Mer 27 Avr - 20:59
J’observe le petit boitier de l'interphone comme on découvre quelque chose qui ne devrait initialement pas se trouver là. C’est pas faute de l’entendre sonner souvent : pas que je reçoive beaucoup de monde – hormis Iorek et… ma sœur, je crois que personne d’autre n’a mis les pieds dans mon appartement – mais livreurs et postiers font partie de ceux et celles qui en font le plus usage. Seulement, ce grésillement familier prend un sens tout particulier à mes oreilles quand il se manifeste ce soir-là.
Comme avec Iorek, j’hésite une ultime fois. Décrocher ? Pas décrocher ? « Oups, je me suis endormie » ; « oh dommage, je suis sortie acheter quelque chose… » T’es vraiment con, Hope. Elle fait le chemin pour toi et toi, tu envisages la possibilité de la planter en bas de ton immeuble ? À cette pensée, mon cœur se serre. Si j'osais faire ça, je sais que je le regretterais. Amèrement. Alors j’appuie sur le bouton permettant de déverrouiller l’accès à l’immeuble. J’hésite à dire quelque chose mais en entendant le bruit caractéristique d’une porte qu’on ouvre, je me ravise. Bon. Ça me laisse un peu de temps pour remettre de l’ordre dans mes pensées. Un rapide coup d’œil vers l’appartement pour être sûre de ne rien avoir laissé traîner et je me poste dans le couloir de l’entrée comme – pas flatteur, certes mais – un animal qui attend impatiemment le retour imminent de son maître. Sauf que l’animal, il a envie de détaler. Prendre la tangente et disparaître.
J’entends des pas résonner au deuxième étage – mon étage. Je m’éclaircis la voix en me demandant comment je suis supposée accueillir quelqu’un que je n’ai (officiellement) jamais vu dans des conditions aussi pourraves que celles qui sont les miennes. Par quoi je suis censée commencer ?...
Les pas s’arrêtent. Ils sont tout proche. Je retiens mon souffle. Un rire moqueur s’immisce dans ma tête. Une voix me susurre que j’ai décidément le don de ne prendre que des mauvaises décisions.
Ça toque.
Je ne laisse pas l’occasion à la voix de continuer à m’accabler. D’un geste déterminé – fébrile –, j’ouvre la porte. Et comme ce jour où j’ai découvert que contrairement à ce que j’imaginais, Gentiana n’était pas une petite mamie de soixante-cinq ans, adepte de crochets et loin d’être au fait des modes d’internet (bon ça, si), je suis frappée par la douceur qui se dégage de sa personne. Par son visage que je suis loin de trouver repoussant – bien au contraire – ; par sa taille aussi, moi qui dois faire une bonne tête de moins.
À l’instar du jour où Iorek est venu me réconforter, je sens la culpabilité me gagner en réalisant qu’elle est bel et bien là, en face de moi. Elle a clairement mieux à faire qu’être ici. Alors pourquoi j’ai accepté son offre ? D’autant plus qu’elle a dû la faire par politesse, parce qu’elle ne trouvait rien d'autre à dire pour m’apaiser. Ça l’emmerde sûrement que j’aie accepté. Oui, franchement… Ça nous allait très bien, les échanges de SMS. Non ?
Dans un petit tressaillement, mes mains quittent enfin les poches de mon sweat à capuche pour l’accueillir.
« Ah, eh… Salut… Gentiana. Entre, si tu veux. »
Si tu veux. T’es vraiment pas possible, Hope. Je libère le palier pour la laisser s'avancer.
Comme avec Iorek, j’hésite une ultime fois. Décrocher ? Pas décrocher ? « Oups, je me suis endormie » ; « oh dommage, je suis sortie acheter quelque chose… » T’es vraiment con, Hope. Elle fait le chemin pour toi et toi, tu envisages la possibilité de la planter en bas de ton immeuble ? À cette pensée, mon cœur se serre. Si j'osais faire ça, je sais que je le regretterais. Amèrement. Alors j’appuie sur le bouton permettant de déverrouiller l’accès à l’immeuble. J’hésite à dire quelque chose mais en entendant le bruit caractéristique d’une porte qu’on ouvre, je me ravise. Bon. Ça me laisse un peu de temps pour remettre de l’ordre dans mes pensées. Un rapide coup d’œil vers l’appartement pour être sûre de ne rien avoir laissé traîner et je me poste dans le couloir de l’entrée comme – pas flatteur, certes mais – un animal qui attend impatiemment le retour imminent de son maître. Sauf que l’animal, il a envie de détaler. Prendre la tangente et disparaître.
J’entends des pas résonner au deuxième étage – mon étage. Je m’éclaircis la voix en me demandant comment je suis supposée accueillir quelqu’un que je n’ai (officiellement) jamais vu dans des conditions aussi pourraves que celles qui sont les miennes. Par quoi je suis censée commencer ?...
Les pas s’arrêtent. Ils sont tout proche. Je retiens mon souffle. Un rire moqueur s’immisce dans ma tête. Une voix me susurre que j’ai décidément le don de ne prendre que des mauvaises décisions.
Ça toque.
Je ne laisse pas l’occasion à la voix de continuer à m’accabler. D’un geste déterminé – fébrile –, j’ouvre la porte. Et comme ce jour où j’ai découvert que contrairement à ce que j’imaginais, Gentiana n’était pas une petite mamie de soixante-cinq ans, adepte de crochets et loin d’être au fait des modes d’internet (bon ça, si), je suis frappée par la douceur qui se dégage de sa personne. Par son visage que je suis loin de trouver repoussant – bien au contraire – ; par sa taille aussi, moi qui dois faire une bonne tête de moins.
À l’instar du jour où Iorek est venu me réconforter, je sens la culpabilité me gagner en réalisant qu’elle est bel et bien là, en face de moi. Elle a clairement mieux à faire qu’être ici. Alors pourquoi j’ai accepté son offre ? D’autant plus qu’elle a dû la faire par politesse, parce qu’elle ne trouvait rien d'autre à dire pour m’apaiser. Ça l’emmerde sûrement que j’aie accepté. Oui, franchement… Ça nous allait très bien, les échanges de SMS. Non ?
Dans un petit tressaillement, mes mains quittent enfin les poches de mon sweat à capuche pour l’accueillir.
« Ah, eh… Salut… Gentiana. Entre, si tu veux. »
Si tu veux. T’es vraiment pas possible, Hope. Je libère le palier pour la laisser s'avancer.
Gentiana Giesler
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Jeu 12 Mai - 17:32
When there is nothing left to show
Pas de réponse. Mais sans même lui laisser le temps de vérifier qu’elle avait cherché à joindre le bon numéro d’appartement, la porte sonna pour l’inviter à ouvrir. Gentiana tira celle-ci d’une main hésitante, jetant un dernier coup d’oeil à l’interphone silencieux avant d’entrer à l'intérieur.
Direction le deuxième étage, donc.
Elle gravit les marches jusqu’à lui en songeant à ce qu’elle faisait, seigneur, mais qu’est-ce qu’elle était en train de faire ? Une pensée lointaine et sévère, de celles qui l’habitaient souvent, de celles qui lui donnaient ensuite l’impression de n’avoir pensé à rien.
Une fois à bonne destination, juste là, devant l’entrée, elle parut se surprendre d’y être arrivée si vite. Car maintenant quoi ? En assumant qu’un quelconque danger ne l’attendait pas de l’autre côté du mur, que ferait-elle alors ? Les formules d’usage, les bonjour, comment vous portez-vous ? sur lesquels elle avait pris l’habitude de se rabattre, jamais elle ne commettrait l’injure de les poser à Hope alors que sa soeur venait de mourir.
En dépit de cela, elle se trouvait très mauvaise avec les mots certes, mais pire encore lorsqu’il s’agissait des silences. Après tout ses parents lui répétaient de parler plus fort, de s’exprimer enfin, elle a bien une bouche non alors qu’elle dise ce qu’elle pense (mais pas comme ça, pas de cette façon, pas en ces termes).
Puis la porte s’ouvre.
Gentiana reste le poing suspendu dans l’air, elle qui s’apprêtait à toquer, avant de timidement l’abaisser et se tenir droite comme la justice. Hope est là. Elle n’imaginait rien d’elle, ça n'avait jamais été son fort de toute façon, mais lorsqu’elle pose les yeux sur elle, c’est avec l’impression qu’il n’aurait pu s’agir de personne d’autre.
— ... Bonjour.
Elle la regarde sans pitié, mais toujours avec cette faiblesse qu’elle a souvent au fond des yeux.
Dans d’autres circonstances, la formule de la jeune femme l’aurait amusé mais l’heure ne se prêtait pas à de pareilles expressions. En fait, Gentiana ne sait pas à quoi elle se prête du tout, cette heure, et reste figée un instant alors que la jeune femme se décale pour la laisser rentrer.
À quoi pensait-elle, déjà, à cette autre époque ? Assise sur ce lit miteux des CDC, à guetter l’alarme de l’ambulance au coin de la rue. En tenant la main froide de son frère, qu’avait-elle souhaité ? Ce qu’il lui avait manqué, à ce moment là, c'était…
Elle fixa ses mains, celles qui ne brûlaient pas encore, craignant de trop s’avancer, mais choisit de s’y risquer tout de même. Avec l’air un peu désolé, désolé de sa maladresse, désolé de s’y prendre si mal, désolé que ce soit elle qui soit venue et pas quelqu’un de meilleur, elle ouvrit les bras en une invitation silencieuse.
Hope Ashcroft
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Ven 13 Mai - 22:10
Gentiana ne bouge pas. Gentiana ne bouge pas, et je sens mon appréhension monter d’un degré. J’aurais pourtant cru qu’elle se serait apaisée une fois face à elle. Une tonne de questions se bousculent aux portes de mon esprit : est-ce que j’ai quelque chose sur la tronche ? Est-ce que je lui rappelle un mauvais souvenir ? Est-ce qu’elle s’attendait à mieux ? Est-ce que…
Elle ouvre les bras. Je me demande d’abord s'il s'agit d'une manière un peu théâtrale de se présenter. Puis je percute, à la façon dont elle me regarde – à cette lueur que j’ai appris à identifier dans les yeux de tous ceux qui me côtoient depuis qu’Elle est partie – que ce n’est pas ça. Je l’observe un instant, hébétée. Qu’elle propose de venir me supporter est une chose, qu’elle m’offre un câlin en est une autre, à mille lieues de ce que mon esprit pouvait concevoir.
Je me sens bête. Je suis bête. Et ce geste si inattendu brouille mon esprit autant que ma vue.
Comme je m’évertue à rester sur place, mon instinct prend l’initiative d’une action. D’une impulsion de jambes, je me projette vers l’avant, aux frontières de mon appartement et du couloir froid. Mon bon sens aurait voulu que je la fasse entrer avant toute chose mais j’accepte ce geste à mon égard, ce geste qui – je suppose ? – lui coûte à faire, elle qui semble d'un naturel si… distante ?
Contrairement à ce jour où j’ai littéralement fondu dans les bras du pauvre Iorek, tenant à peine sur mes jambes, je parviens un tant soit peu à contrôler mes émotions. En réalité, je suis surtout touchée. Touchée qu’elle ait fait le déplacement jusque là pour moi, touchée qu’elle ait surmonté ce que je crois être une espèce de méfiance de l’inconnu pour sonner à ma porte. Touchée de compter pour quelqu’un.
Je sais - je me rends maintenant compte - que je ne suis pas seule. Depuis le début, j’ai eu de la chance d’avoir de la famille, des amis pour me pousser à cesser de me morfondre. Même des inconnus, parfois ; je repense à cette rencontre incongrue avec Isak au Planetbucks, et à ses propos qui m’ont marqué plus profondément que je ne le prétends. « T’as l’air d’être plutôt chouette comme nana. » Sourire désabusé.
C’est un claquement de porte à l’autre bout du couloir qui me fait tressaillir et me pousse à mettre fin à l’étreinte. C’est (presque) à contrecœur que je recule d’un pas. Je serais bien restée encore un moment, comme ça. J’ai soudainement l’impression que mes bras sont devenus quelque outil encombrant dont je ne sais que faire. Je les « range » contre mon buste, croisés l’un contre l’autre. Un frisson me parcourt l’échine.
« Tu vas bien, toi ?... »
Je me risque un petit sourire en coin, un sourire qui prend une teinte navrée malgré moi. Allez Hope, secoue-toi les puces…
« Viens, restes pas au frais. »
Pas qu’il fasse particulièrement froid mais le couloir du deuxième étage est loin d’être l’endroit le plus accueillant de l’immeuble. J’ouvre la marche, lui laissant le soin de refermer derrière elle.
Elle ouvre les bras. Je me demande d’abord s'il s'agit d'une manière un peu théâtrale de se présenter. Puis je percute, à la façon dont elle me regarde – à cette lueur que j’ai appris à identifier dans les yeux de tous ceux qui me côtoient depuis qu’Elle est partie – que ce n’est pas ça. Je l’observe un instant, hébétée. Qu’elle propose de venir me supporter est une chose, qu’elle m’offre un câlin en est une autre, à mille lieues de ce que mon esprit pouvait concevoir.
Je me sens bête. Je suis bête. Et ce geste si inattendu brouille mon esprit autant que ma vue.
Comme je m’évertue à rester sur place, mon instinct prend l’initiative d’une action. D’une impulsion de jambes, je me projette vers l’avant, aux frontières de mon appartement et du couloir froid. Mon bon sens aurait voulu que je la fasse entrer avant toute chose mais j’accepte ce geste à mon égard, ce geste qui – je suppose ? – lui coûte à faire, elle qui semble d'un naturel si… distante ?
Contrairement à ce jour où j’ai littéralement fondu dans les bras du pauvre Iorek, tenant à peine sur mes jambes, je parviens un tant soit peu à contrôler mes émotions. En réalité, je suis surtout touchée. Touchée qu’elle ait fait le déplacement jusque là pour moi, touchée qu’elle ait surmonté ce que je crois être une espèce de méfiance de l’inconnu pour sonner à ma porte. Touchée de compter pour quelqu’un.
Je sais - je me rends maintenant compte - que je ne suis pas seule. Depuis le début, j’ai eu de la chance d’avoir de la famille, des amis pour me pousser à cesser de me morfondre. Même des inconnus, parfois ; je repense à cette rencontre incongrue avec Isak au Planetbucks, et à ses propos qui m’ont marqué plus profondément que je ne le prétends. « T’as l’air d’être plutôt chouette comme nana. » Sourire désabusé.
C’est un claquement de porte à l’autre bout du couloir qui me fait tressaillir et me pousse à mettre fin à l’étreinte. C’est (presque) à contrecœur que je recule d’un pas. Je serais bien restée encore un moment, comme ça. J’ai soudainement l’impression que mes bras sont devenus quelque outil encombrant dont je ne sais que faire. Je les « range » contre mon buste, croisés l’un contre l’autre. Un frisson me parcourt l’échine.
« Tu vas bien, toi ?... »
Je me risque un petit sourire en coin, un sourire qui prend une teinte navrée malgré moi. Allez Hope, secoue-toi les puces…
« Viens, restes pas au frais. »
Pas qu’il fasse particulièrement froid mais le couloir du deuxième étage est loin d’être l’endroit le plus accueillant de l’immeuble. J’ouvre la marche, lui laissant le soin de refermer derrière elle.
Gentiana Giesler
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Jeu 19 Mai - 16:49
When you cross that line
Était-ce une autre de ces choses, de celles qu’il ne fallait pas faire ? Hope ne bougeait pas. Pire encore : la lumière baignait dans ses yeux lilas, attirée là par un début de larmes - et oh c’était tout ce qu’elle ne voulait pas, Gentiana, de la faire pleurer. Elle panique un peu, fait un pas en avant sans même savoir ce qui suit ensuite, de quelle piètre autre façon elle cherchera à réconforter Hope, mais voilà qu’on s’élance dans ses bras.
Elle les referme par réflexe.
Tu es ici en sécurité.
(Avec moi, tu -)
(Tu auras toujours un endroit où rentrer.)
Le silence se fait. De toute façon, il n’y a pas grand chose à dire. Elle a dû en recevoir une paire, de condoléances, à ne plus savoir quoi en faire. Alors Gentiana espère seulement que la main lente qu’elle fait glisser dans son dos sera d’un plus grand réconfort que tous les mots qu’on a pu lui offrir.
Elle la laisse partir doucement quand une porte claque à l’autre bout du couloir, les ramène toutes les deux à la réalité. Les sons qui s'étaient effacés reviennent en vague, et Gentiana sourit maladroitement à la question d’Hope, maintenant qu’il lui faut parler.
— Ça va.
Et si ça n’avait pas été le cas, hé bien, la réponse aurait été la même. Son frère, au moins, vivait encore. Ce genre de douleur exquise, ça avait le mérite de tout remettre à plat.
Elle s’avançe et referme la porte prudemment, observant dans un silence révérencieux l’intérieur. Le plus dur, c'était de trouver quoi dire maintenant. Le regard qu’elle jette à la montre sur son poignet l’inspire, et elle demande :
— Tu as déjà mangé ? On peut commander quelque chose, si tu veux.
Hope Ashcroft
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Jeu 19 Mai - 23:19
Étant donné le quartier dans lequel vit Hope, la taille et la modernité de l’appartement n’ont rien de très étonnant. Non, ce qui est étonnant, c’est qu’une fille comme elle vive dedans. C’est bien trop grand pour quelqu’un de son « genre ». Sûrement bien trop cher également.
L’habitation est bien rangée (ça n’était pas le cas il y a encore quelques jours) mais tristement impersonnelle. En tout cas, le couloir et la salle à vivre dans laquelle elles rentrent le sont. Seul le synthétiseur poussiéreux posé sur le bureau, à côté d’un PC portable, fait office d’objet personnel ici.
Je traîne des pattes jusqu’au comptoir de la cuisine pour laisser le temps à mon imagination de trouver un sujet de discussion. Bon sang ! Ce n’est pourtant pas si compliqué par SMS… C’est même devenu naturel ! Alors pourquoi faut-il que je galère, là, maintenant, alors que j’ai l’opportunité de lui parler, de la voir, de la serrer dans mes bras, de lui montrer que je ne suis pas une meuf un peu bizarre qu’il ne vaut mieux pas fréquenter ? Je maudis mon absence d’initiative et mes difficultés à débuter une conversation correctement. C’est devenu pire depuis qu’Elle n’est plus là. Je n’en suis pas au point à me demander comment sociabiliser mais avec Gentiana, je ne sais pas. Je ne sais pas comment m’y prendre. Je pèse le moindre de mes mots, comme si une bourde pouvait tout foutre en l’air. C’est bizarre ?
Je suis soulagée lorsque j’entends sa voix briser le silence. Encore plus soulagée par ce qu’elle me propose. Inconsciemment, elle vient de me permettre de rebondir sur le genre de terrain que je sais pratiquer : l’autodérision.
« Ah, t’as pas oublié que je savais faire que des pâtes… »
Regard dans sa direction, sourire navré. Vraiment, il faudrait que j’apprenne à faire autre chose que de la cuisine rapide et basique, ne serait-ce que pour accueillir des gens sans avoir honte de mon incompétence.
« Mais ouais, y’a quoi qui te tente ? Je peux peut-être te proposer quelque chose à boire en attendant ? »
Rapide inventaire mental de ce que j’ai dans mes placards : eh… Pas grand-chose. Il doit me rester un fond de Vodka, quelques bières ; le genre de trucs que l’on trouve à côté des sachets de pâtes de trois kilos, quoi. Je dégaine mon téléphone, ouvre l’application de service de livraison et, en lui tendant, je réalise combien j’ai du mal à la regarder dans les yeux.
Hope ? Tu fous quoi là ?
Les engrenages se mettent à tourner à toute allure dans ma caboche. Je manquais de sujets de discussion il y a à peine quelques secondes et voilà que maintenant, j’en ai une poignée qui me viennent à l’esprit. Mon esprit essaie de me divertir.
« Ça a l’air d’aller mieux, ton nez… Tu sais, par rapport à ce que tu me disais, l’autre fois. Le gars, au stand de tir. »
Ben oui, andouille, il s’est passé plus d’un mois depuis ; heureusement que ça s’est soigné ! Je me demande si elle est allée consulter d’ailleurs… Je me pince les lèvres. Quelque chose me dit que je ne devrais pas déterrer davantage le sujet.
« Enfin désolée, tu veux peut-être pas en parler. »
Et si tu lui laissais l’occasion d’en caser une, crétine ?
L’habitation est bien rangée (ça n’était pas le cas il y a encore quelques jours) mais tristement impersonnelle. En tout cas, le couloir et la salle à vivre dans laquelle elles rentrent le sont. Seul le synthétiseur poussiéreux posé sur le bureau, à côté d’un PC portable, fait office d’objet personnel ici.
Je traîne des pattes jusqu’au comptoir de la cuisine pour laisser le temps à mon imagination de trouver un sujet de discussion. Bon sang ! Ce n’est pourtant pas si compliqué par SMS… C’est même devenu naturel ! Alors pourquoi faut-il que je galère, là, maintenant, alors que j’ai l’opportunité de lui parler, de la voir, de la serrer dans mes bras, de lui montrer que je ne suis pas une meuf un peu bizarre qu’il ne vaut mieux pas fréquenter ? Je maudis mon absence d’initiative et mes difficultés à débuter une conversation correctement. C’est devenu pire depuis qu’Elle n’est plus là. Je n’en suis pas au point à me demander comment sociabiliser mais avec Gentiana, je ne sais pas. Je ne sais pas comment m’y prendre. Je pèse le moindre de mes mots, comme si une bourde pouvait tout foutre en l’air. C’est bizarre ?
Je suis soulagée lorsque j’entends sa voix briser le silence. Encore plus soulagée par ce qu’elle me propose. Inconsciemment, elle vient de me permettre de rebondir sur le genre de terrain que je sais pratiquer : l’autodérision.
« Ah, t’as pas oublié que je savais faire que des pâtes… »
Regard dans sa direction, sourire navré. Vraiment, il faudrait que j’apprenne à faire autre chose que de la cuisine rapide et basique, ne serait-ce que pour accueillir des gens sans avoir honte de mon incompétence.
« Mais ouais, y’a quoi qui te tente ? Je peux peut-être te proposer quelque chose à boire en attendant ? »
Rapide inventaire mental de ce que j’ai dans mes placards : eh… Pas grand-chose. Il doit me rester un fond de Vodka, quelques bières ; le genre de trucs que l’on trouve à côté des sachets de pâtes de trois kilos, quoi. Je dégaine mon téléphone, ouvre l’application de service de livraison et, en lui tendant, je réalise combien j’ai du mal à la regarder dans les yeux.
Hope ? Tu fous quoi là ?
Les engrenages se mettent à tourner à toute allure dans ma caboche. Je manquais de sujets de discussion il y a à peine quelques secondes et voilà que maintenant, j’en ai une poignée qui me viennent à l’esprit. Mon esprit essaie de me divertir.
« Ça a l’air d’aller mieux, ton nez… Tu sais, par rapport à ce que tu me disais, l’autre fois. Le gars, au stand de tir. »
Ben oui, andouille, il s’est passé plus d’un mois depuis ; heureusement que ça s’est soigné ! Je me demande si elle est allée consulter d’ailleurs… Je me pince les lèvres. Quelque chose me dit que je ne devrais pas déterrer davantage le sujet.
« Enfin désolée, tu veux peut-être pas en parler. »
Et si tu lui laissais l’occasion d’en caser une, crétine ?
Gentiana Giesler
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Mer 29 Juin - 15:29
won't somebody tell me why
Elle a un de ses énièmes sourires un peu désolés et penche doucement la tête - ce n’était certainement pas l’intention de Gentiana de se moquer des capacités culinaires de son amie mais voilà qu’elle n’ose pas la contredire. Ce qu’elle s’imaginait était tout de même préférable à lui avouer que la vérité : qu’elle supposait seulement qu’elle n’aurait pas la tête à cuisiner après une nouvelle si terrible. Comme n’importe qui dans pareille situation, elle n’osait plus toucher le sujet de la mort et se contenter de danser autour, sans oser la nommer de peur de l’inviter une nouvelle fois dans leurs vies.
Au demeurant Hope n’était pas réticente à l’idée. Tant mieux. Les choses seraient tout de même plus conviviales, ou en tout cas moins tristes, autour d’un bon repas. Prenant prudemment son téléphone, comme si on venait de lui confier la porcelaine la plus onéreuse du continent, Gentiana fit défiler les services clairement embarrassée qu’on lui délègue ce choix.
Il y avait tout de même beaucoup de possibilités.
Elle les analysait tour à tour comme si commander sushi plutôt que kebab pouvait conduire à la fin du monde.
— Hum... Pas… d’allergie à considérer ?
Tiens, c’était marrant, il y avait tout juste le nombre de S et de O dans sa phrase pour épeler SOS.
Que les choses étaient bien faites.
— De régime alimentaire… Particulier ?
Et ce restaurant là avait 4,6 étoiles… Mais celui 4,7… Alors peut être que…
Fort heureusement Hope vint à son secours avec sa question. Gentiana releva les yeux (franchement désespérés), puis acquiesça lentement, ne sachant pas trop où elle voulait en venir.
— Ah, euh, oui. Ce n’était pas très grave de toute façon. Plus de peur que de mal ?
Et puis ça faisait quelques temps - même si elle avait la peau sensible et le corps qui marquait facilement, Gentiana espérait tout de même ne pas avoir une nouvelle trace indélébile sur le nez tout ça parce qu’un idiot au sale caractère n’acceptait pas qu’on lui dise non.
— Ça va, la rassura-t-elle quand Hope se pinça les lèvres. C’est même plutôt cocasse en rétrospective. Ça donne une histoire à raconter.
Voilà au fond ce qu'étaient les tragédies : des blagues tuées dans l'œuf.
— Ça te va, pizza pour ce soir ? Ça mettait tout le monde d’accord, non ? Elle lui tendit son téléphone. Enfin on peut parfaitement commander autre chose. C’est comme tu préfères.
Hope Ashcroft
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Sam 2 Juil - 21:01
Pas de réponse, au sujet d’une éventuelle boisson ou d’un apéritif improvisé. Je me sens un peu con devant mon placard là, à faire mine de chercher quelque chose alors que les trois pauvres bouteilles que je possède sont juste sous mon nez. Non, à la place d’une réponse, j’ai le droit à une floppée d’interrogations sur un potentiel régime ou une allergie quelconque.
« Non non, tout va bien de ce côté. »
Pourquoi « de ce côté » ? Parce que la santé, c’est à peu près la seule chose qui va en ce moment, imbécile. Encore que, avec le peu que j’ai mangé ces derniers temps… Même pas sûre que je puisse ingurgiter deux parts de pizza sans avoir à lutter contre une envie soudaine de les rejeter. Je vais faire de mon mieux.
« Bah, quand même… »
Il t’a éclaté le nez, quoi, Gentiana. C’était peut-être plus de peur que de mal mais vu le message, le mal était quand même bien là. Je referme le placard avec un peu plus de fermeté qu’escompté.
« Et du coup, tu l’as dit à tes collègues ? Je me souviens que t’étais genre… Réticente à l’idée de leur dire la vérité. »
Et de quoi je me mêle, Hope ? Putain, même pas dix minutes qu’elle est là que tu plonges tête la première dans sa vie privée ! Ouais mais… Quelque part, est-ce que c’est mal que je m’intéresse à elle ? Que je m’intéresse à elle…
…
…
Oh putain. Non ? T’es pas en train de me faire ce que je pense, Hope Ashcroft ?
« Ah, euh, ouais, c’est ok pour la pizza. »
Je reprends le téléphone qui m’est tendu en clignant des yeux. Petit regard vers Gentiana. J’abaisse aussitôt les yeux sur l’écran du téléphone, comme si l’observer plus longtemps risquait de déclencher une catastrophe naturelle.
« Ah, faut juste me dire laquelle tu veux. Ou si tu veux qu’on en prenne une pour deux. ‘fin je suis pas compliquée, alors prends ce qui te fais envie, c’est bibi qui régale. »
Franchement, si quelqu’un nous observe à cet instant précis, il doit bien se foutre de notre gueule. Je crois que Gentiana comme moi sommes aussi peu à l’aise et, franchement, ça me fait chier. J’aimerais qu’elle se sente bien ici.
« Désolée si… Désolée. Ça fait un moment que je reçois personne, tu te doutes… »
Regard profondément navré. Vraiment, j’espère que mes qualités d’hôte se révéleront au cours de la soirée…
« Non non, tout va bien de ce côté. »
Pourquoi « de ce côté » ? Parce que la santé, c’est à peu près la seule chose qui va en ce moment, imbécile. Encore que, avec le peu que j’ai mangé ces derniers temps… Même pas sûre que je puisse ingurgiter deux parts de pizza sans avoir à lutter contre une envie soudaine de les rejeter. Je vais faire de mon mieux.
« Bah, quand même… »
Il t’a éclaté le nez, quoi, Gentiana. C’était peut-être plus de peur que de mal mais vu le message, le mal était quand même bien là. Je referme le placard avec un peu plus de fermeté qu’escompté.
« Et du coup, tu l’as dit à tes collègues ? Je me souviens que t’étais genre… Réticente à l’idée de leur dire la vérité. »
Et de quoi je me mêle, Hope ? Putain, même pas dix minutes qu’elle est là que tu plonges tête la première dans sa vie privée ! Ouais mais… Quelque part, est-ce que c’est mal que je m’intéresse à elle ? Que je m’intéresse à elle…
…
…
Oh putain. Non ? T’es pas en train de me faire ce que je pense, Hope Ashcroft ?
« Ah, euh, ouais, c’est ok pour la pizza. »
Je reprends le téléphone qui m’est tendu en clignant des yeux. Petit regard vers Gentiana. J’abaisse aussitôt les yeux sur l’écran du téléphone, comme si l’observer plus longtemps risquait de déclencher une catastrophe naturelle.
« Ah, faut juste me dire laquelle tu veux. Ou si tu veux qu’on en prenne une pour deux. ‘fin je suis pas compliquée, alors prends ce qui te fais envie, c’est bibi qui régale. »
Franchement, si quelqu’un nous observe à cet instant précis, il doit bien se foutre de notre gueule. Je crois que Gentiana comme moi sommes aussi peu à l’aise et, franchement, ça me fait chier. J’aimerais qu’elle se sente bien ici.
« Désolée si… Désolée. Ça fait un moment que je reçois personne, tu te doutes… »
Regard profondément navré. Vraiment, j’espère que mes qualités d’hôte se révéleront au cours de la soirée…
Gentiana Giesler
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Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Lun 4 Juil - 20:48
i want the teeth of the enchanter on me
“De ce côté”…
Gentiana manqua de grimacer - venait-elle rappeler à Hope cette même chose qu’elle espérait tant lui faire oublier, ne serait-ce que pour un soir ? Dans le doute, elle sourit maladroitement puis reprit sa douloureuse étude de marché de tous les restaurants de Polaris pour s’éviter de tomber encore plus dans l'embarras.
La question sur ses collègues l’en déconcentra promptement.
— Une histoire à raconter, certes, mais pas à n’importe qui.
Elle dit la chose lentement, avec la douceur qu’on retrouvait dans toutes ses phrases, mais son amertume transparut tout de même..
— Disons qu’ils ont connaissance des grosses lignes…
Qu’il y avait une personne pas tout à fait saine d’esprit au stand de tir et qu’elle était au mauvais endroit au mauvais moment - un mensonge par omission, les seuls qu’elle s’autorisait, avec ceux qu’elle se racontait à elle-même.
Ça la tracassait déjà suffisamment qu’Hope et Richard puissent avoir connaissance de son tempérament, inutile de mettre tout le pôle juridique d’Aether Lab au courant, voir même tout l’étage vu la vitesse à laquelle se propageaient les ragots et les rumeurs à son travail.
Finalement, elle eut un autre sourire, presque complice, et conclut plus légère :
— Tu peux te considérer comme privilégiée, d’une certaine façon…
De quoi exactement ? Au parfum de son sale caractère, là, juste à la surface de ses minauderies aimables ? De la colère et du dégoût qui la poussaient à mordre et griffer sous la surprise de ses derniers retranchements ?
Peu importait au fond.
Ou plutôt : il y avait plus immédiat.
Hope validait sa suggestion certes, mais sans grand enthousiasme.
En guise de réponse, Gentiana la fixa un instant, les yeux plissés, avant de les détourner pour se laisser un peu réfléchir. Est-ce qu’elle préférait manger asiatique, finalement ? Est-ce que, en dépit de sa remarque que bien sûr, pizza n’était qu’une suggestion, son amie n’osait pas proposer autre chose de peur de la froisser ? À cause de ce même tempérament qu’elle venait de lui découvrir ?
Elle s’efforçait, au mieux de son habilité (franchement nulle), de se conforter dans sa décision mais voilà que le cauchemar reprenait de plus belle : deux nouveaux choix à faire au sujet de la pizza, son goût et sa quantité.
— O-Oh. Oui, oui, bien sûr.
La main qu’elle tendit pour recevoir le téléphone était aussi assurée que si on lui confiait une bombe. Tandis qu’elle faisait défiler les pizzas sous son index, Gentiana constata non sans horreur que le nombre de propositions était encore plus massif que celui des différents établissements où commander.
— …
Si ça n’avait tenu qu’à elle, peut-être bien qu’elle n’aurait tout simplement pas mangé. Mais hors de question de laisser Hope s’endormir le ventre vide
— Une… Margherita… Je suppose ?
Sobrement intitulé “la basique” par le restaurant. À raison, non ? C’était comme les blouses blanches ou les cols roulés, parfaitement indémodables. Pour la suite, il suffisait d’être logique : elle n’avait pas très faim, Hope non plus sans doute ? Une pizza pour deux suffirait largement, dès lors, probablement ?
— Une seule pour nous deux, ça devrait suffire ? Elle plissa les yeux, cherchant la moindre trace de déception sur les traits de son amie. E-En grande ?
Elle glissa le tout dans le panier et rendit le téléphone à bout de souffle.
Cela vint sans dire que lorsqu’Hope s’excusa promptement, Gentiana peina à comprendre de quoi elle pouvait bien être coupable avant que cette dernière ne le précise. D’eux deux, Gentiana donnerait plutôt la palme du pénible à celle qui avait échappé de peu à la dépression nerveuse juste parce qu’on lui avait confié l’impossible tâche de choisir quoi manger ce soir.
— Quoi ? Oh, Hope… Ne t’inquiètes pas pour ça, c’est moi qui suit… Geste hasardeux avec ses mains. Toujours aussi éloquente, hein ? Enfin, j’ai bien conscience que je ne suis pas quelqu’un de très facile à fréquenter.
Et pourtant si elle en croyait la quantité de message que lui avait envoyé la jeune femme depuis leur premier échange, ça ne la dérangeait pas outre mesure, ses horribles, horribles capacités sociales.
Hope Ashcroft
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Assoupie ?
Re: The shadows on my wall don't sleep (ft. Gentiana)
Mar 5 Juil - 21:35
Évidemment qu’elle s’est contentée de ne dire que le strict nécessaire. Je me souviens de sa réaction lorsqu’elle s’est plantée de destinataire et que le message initialement destiné à son frère a fini chez moi : même à travers ses messages formels, je sentais bien que ça l’emmerdait que je sois mêlée à ça. Enfin mêlée, de loin. Que je sois au courant, quoi. Comme si ce qui lui était arrivé était de son fait et qu’elle s’en tenait complètement responsable…
« Tu peux te considérer comme privilégiée, d’une certaine façon… »
Je ne peux m’empêcher de lever les yeux pour observer son visage. Outre ce qu’elle prononce, c’est la pointe de complicité que j’entends dans sa voix – influencée par son sourire, peut-être ? – qui m’interpelle. Et, conne que je suis, je me mets à rougir. Entre l’option une, qui consiste à me frapper les joues pour en justifier la couleur et l’option deux – me rabattre sur la pizza et en valider avec un peu trop d’engouement le choix –, je préfère la deuxième.
« O-oui une Margherita c’est très bien ! (grand hochement de tête) Simple, au goût de tout le monde, assez grande pour deux et… Oui, en grande. Oui. »
Oui. Je récupère le téléphone avec une certaine maladresse – j’essaie de ne pas toucher Gentiana au passage, comme si elle pouvait exploser à mon contact (???) – et valide la commande. Hop, ça, c’est fait…
Et voilà qu’après mes excuses, c’est elle qui présente les siennes. J’ai envie de lui donner tort – je devrais le faire, non ? – mais je n’arrive pas à trouver les termes pour le faire sans paraître faux-cul et creuse. Il y a peut-être une part de vérité dans ce qu’elle déclare mais je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle est « difficile à fréquenter ». Elle a bien voulu continuer à me parler alors que nos premiers messages sont nés d’une malheureuse erreur de numéro dans un moment critique, alors bon… Mais qu’est-ce que j’en sais dans le fond ? Je ne l’ai jamais vraiment fréquentée.
Ça ne m’empêche pas d’avoir envie. De la fréquenter. De la voir plus souvent. Qu’elle reste un peu ici. Autant qu’elle le voudra.
Je secoue la tête en laissant un sourire quelque peu nerveux s’emparer de moi, le regard fuyard.
« Bah… Je crois surtout que t’es un peu méfiante sur les bords. Mais c’est pas un mal avec les temps qui courent. »
Le sourire se transforme en quelque chose de plus triste, je le sens.
Et ça sort, comme une évidence, comme si le moment était venu d'en parler.
« Un type m’a menacé avec une arme, pas plus tard qu’y’a une semaine. »
« Tu peux te considérer comme privilégiée, d’une certaine façon… »
Je ne peux m’empêcher de lever les yeux pour observer son visage. Outre ce qu’elle prononce, c’est la pointe de complicité que j’entends dans sa voix – influencée par son sourire, peut-être ? – qui m’interpelle. Et, conne que je suis, je me mets à rougir. Entre l’option une, qui consiste à me frapper les joues pour en justifier la couleur et l’option deux – me rabattre sur la pizza et en valider avec un peu trop d’engouement le choix –, je préfère la deuxième.
« O-oui une Margherita c’est très bien ! (grand hochement de tête) Simple, au goût de tout le monde, assez grande pour deux et… Oui, en grande. Oui. »
Oui. Je récupère le téléphone avec une certaine maladresse – j’essaie de ne pas toucher Gentiana au passage, comme si elle pouvait exploser à mon contact (???) – et valide la commande. Hop, ça, c’est fait…
Et voilà qu’après mes excuses, c’est elle qui présente les siennes. J’ai envie de lui donner tort – je devrais le faire, non ? – mais je n’arrive pas à trouver les termes pour le faire sans paraître faux-cul et creuse. Il y a peut-être une part de vérité dans ce qu’elle déclare mais je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle est « difficile à fréquenter ». Elle a bien voulu continuer à me parler alors que nos premiers messages sont nés d’une malheureuse erreur de numéro dans un moment critique, alors bon… Mais qu’est-ce que j’en sais dans le fond ? Je ne l’ai jamais vraiment fréquentée.
Ça ne m’empêche pas d’avoir envie. De la fréquenter. De la voir plus souvent. Qu’elle reste un peu ici. Autant qu’elle le voudra.
Je secoue la tête en laissant un sourire quelque peu nerveux s’emparer de moi, le regard fuyard.
« Bah… Je crois surtout que t’es un peu méfiante sur les bords. Mais c’est pas un mal avec les temps qui courent. »
Le sourire se transforme en quelque chose de plus triste, je le sens.
Et ça sort, comme une évidence, comme si le moment était venu d'en parler.
« Un type m’a menacé avec une arme, pas plus tard qu’y’a une semaine. »