Ta main se referme sur elle-même. Vide. Et tes bras retombent le long de ton corps. Ils ne t’écoutent pas. Ils n’écoutent rien. La scène est insoutenable. Elle te tord le ventre. Elle fait poindre l’angoisse dans le fond de ta gorge. Elle fait trembler tes lèvres. Tu ravales tes sanglots. Tu es fatiguée. Si fatiguée. Fatiguée par les pertes. Par la peur. Fatiguée des étoiles. Du surnaturel.
Quand tu te dis que ça ne peut pas être pire, ça le devient. Nate qui attaque Milan. Nate qui lui tire dans les jambes. De toutes les parties de son corps, les jambes. Et les tiennes qui s’activent instinctivement. Tu cours jusqu’à eux. L’inconnue qui le frappe d’un coup de pied à la tête. Si seulement elle n’avait pas Félix dans les bras. Si seulement elle n’était pas plus forte que toi. Si seulement tu avais une chance. Mais tu le sais, elle ne fera qu’une bouchée de toi.
« Tu as ce que tu es venue chercher, non ? Tu as le bébé. Qu’est-ce que tu veux de plus ? » Tu ne hausses pas le ton pourtant il s’entend, ton agacement.
Tu te sens sale, tu te sens horrible, mais tu es prête à la laisser partir avec Félix si ça vous permet de vivre encore un peu. Tu t’agenouilles près de Milan. Tu veux évaluer ses blessures. Vérifier qu’il va bien. Que le coup à la tête n’a pas causé de gros dégâts. Que les billes n’ont pas trop pénétré la peau, même si tu en doutes. Tu sais pourquoi Nate à fait ça. Tu sais qu’il a juste essayé de l’arrêter, de le protéger. Et pourtant tu ne peux t’empêcher d’être en désaccord. Mais ce n’est pas le moment de faire une réflexion. Ce n’est pas le moment de montrer vos fissures. Vous devez être unis. Pas vous taper dessus devant l’ennemie.
HRP : Elle vérifie les blessures de Milan
Elle te met hors de toi. Il te semble entrevoir un cœur en elle, et l’instant d’après, il disparaît. Tu es à court d'idées, à court d’énergie ; tu te glisses jusqu’à Milan, aidant Fubuki à vérifier ses blessures. Tu supplies quoique ce soit de plus puissant que vous pour qu’il s’en sorte indemne.
Tu ne la regardes même plus, tu arrêtes de t’imposer. Méticuleusement placé entre Fubuki, Milan et elle, tu prendras les coups pour eux s’il le faut. Tout cela ne sert à rien. Elle n’écoute pas, elle n’en fait qu’à sa tête ; tu le sais, maintenant.
– Nous ne comptons pas te retenir, et encore moins te défier. Nous avons… déjà trop perdu…
Tu fermes les yeux.
En toi, quelque chose a déjà abandonné. Tu ne peux plus rien y faire ; tu remets ta vie, et celle de tes amis, entre ses mains. Va-t-elle finalement se lasser de trois pauvres moustiques incapables de riposter ? Tu n’en as aucune idée. Et tu n’as plus la force pour y réfléchir.
Tu es décidé : tu n’es pas assez puissant pour jouer avec le destin.
Et peut-être ne vivras-tu pas assez longtemps pour…
HRP – Nate s’inquiète pour Milan, se place entre eux et l’inconnue. Il semble baisser les bras, à bout de force.
L'expression de l'inconnue se contracte dans une moue écœurée.
* Ce que je veux de plus ? Elle siffle, c'est la première fois que tu entends sa voix et elle dégouline de venin et d'ire. Je ne veux rien de plus. Vous n'avez pas idée d'à quel point vous m'avez emmerdée, vous, les humains. Je vous hais.
Elle dépose précautionneusement le petit par terre, avant d'approcher d'un pas décidé vers toi, Nate. Elle empoigne ton col pour te tirer vers elle, te faire perdre l'équilibre.
* Je m'amuse autant que je peux pendant que je le peux elle saisit ton visage entre ses doigts, t'observe en souriant. Vous n'avez pas conscience, n'est-ce pas. Les liés, les étoiles... vous êtes tous des erreurs. Je vous déteste. Vous rendez notre vie infernale. Et les chasseurs, ils sont bien mignons, mais, elle t'assène un violent coup de poing, tu manques d'être projeté en arrière mais elle te tient toujours par le col de sa main libre. ils ne font rien. Il faut toujours, elle t'attrape par les cheveux, tire un peu, observe ton visage et ton nez cassé. toujours tout faire soi-même.
Son regard se tourne vers toi, Fubuki.
* Tu comprends bien, que vous êtes des erreurs de la nature ? Ou est-ce qu'il faut que je vous le prouve un peu plus ?
Elle soupire, étend son bras pour tenir Nate loin d'elle. Elle n'a plus l'air de vouloir l'attaquer.
(Fubuki) Lui répondre.
(Fubuki) Essayer de récupérer Félix ?
(Fubuki) Attaquer l'inconnue.
(Fubuki) Aider Nate.
(Nate) Attaquer l'inconnue.
(Nate) Retourner vers Fubuki.
(Milan) Attaquer l'inconnue.
(Milan) Essayer de récupérer Félix ?
(Milan) Aider Nate.
TUER FELIX
Toute cette situation est incompréhensible, mais Milan n'a plus envie de comprendre. Il ne lui reste pratiquement plus de force pour se battre, la rage qui le consommait un instant plus tôt s'est tapie, comme un animal retourné dans son terrier.
Mais cela ne signifie pas non plus qu'il est prêt à baisser les bras.
Pas après tout ça.
Cet enfant n'a plus ses parents, mais le cercle sera sa famille. C'est tout ce à quoi il pense, la seule issue possible. Il se redresse pour observer la scène, son regard croise celui de Fubuki. Si on ne fait rien, elle pourrait tuer Nate, ou nous tuer tous peut-être. Elle en serait capable.
Il se précipite vers le bébé laissé derrière la femme-serpent pour le récupérer. C'est trop frontal, il le sait, probablement un geste désespéré. Fubuki désapprouve sûrement, et Nate aussi.
Il n'imagine pas le pire.
Il imagine la fuite,
la distance les séparant
de cette femme,
de cette maison,
et au retour du soleil.
Et puis ta vision se teint de rouge d'un coup, un coup de griffe, tes yeux sont aveugles, et puis d'un coup c'est la fin.
Un coup, deux coups, et puis trois et quatre, l'inconnue écrase la tête plusieurs fois sur le sol. La pluie ne couvre pas le bruit, et le soleil ne semble pas vouloir venir te sauver.
Lentement, affreusement lentement, Milan meurt. Lentement, comme retenu jusqu'à la dernière seconde par une force supérieure,
par pure cruauté.
Tu souffres, tu souffres, tu souffres. C'est insoutenable.
Mais tu as le cœur léger.
Comme pour t'apaiser, tu ne regrettes pas. Tu ne regrettes plus rien.
Le monde est silencieux et tu ne sens pas la pluie.
Un rayon de soleil, douce chaleur sur ton visage tu n'as plus de visage tu te meurs pourquoi as-tu voulu sauver cet enfant ?
Le fil est coupé brusquement
Milan est mort.
La pluie continue de tomber.
L'inconnue se redresse, elle est en sang, couverte du sang de Milan qui semble coller à elle malgré la pluie battante, elle tourne la tête vers vous. Ses yeux n'ont plus une trace d'humanité en eux.
(Fubuki) ???
(Nate) ???
TUER FELIX
Pourquoi n’as-tu pas pris ma main Milan ? Pourquoi n’en fais-tu qu’à ta tête ? Pourquoi dois-tu jouer les héros ? Elle a besoin de toi, Ange. Cursa. Pourquoi tu les abandonnes comme ça ? Pourquoi tu veux le sauver ce bébé ? Ce gosse de malheur qui nous a déjà tant pris. Combien d’entre nous devront mourir pour lui ? Je ne veux pas mourir moi. Je ne veux pas me sacrifier. Je ne peux pas me sacrifier. Pas pour vous. Pas pour lui. Pas pour toi. Je ne peux pas t’aider Milan. Je suis désolée. Je suis tellement désolée. Pardonne-moi pour tout. Pardonne-moi pour ça.
Sous tes yeux effrayés, il meurt. Tu souffres. Tu souffres tellement. Tu as l’impression que c’est ta vue qu’elle vient d’ôter. Que c’est ta tête qu’elle écrase. Tu ne peux pas rester là. Tu ne peux pas être la prochaine. Tu ne peux pas abandonner Graham. Minuit. Les enfants. Tes pensées ne vont qu’à eux. Égoïstement, tu veux sauver ta peau. Il n’y a plus rien que tu puisses faire. C’est déjà trop tard pour lui. Même en intervenant, tu ne pourrais plus le sauver. Alors tu attrapes Nate fermement. Tu le relèves. Et d’un geste rapide, tu pointes ta voiture avant de te mettre à courir, le traînant derrière toi. Milan s’est sacrifié pour essayer d’arracher l’enfant des griffes de l’inconnue. Et toi, tu en profites pour fuir. Tu en profites pour sauver ta peau. Ils se sont tous battus pour Félix. Toi, tu l’abandonnes. Ce n’est pas une bataille que vous pouvez gagner. Le combat n’a jamais été équitable. Mais avec un peu de chance, tu peux t’en sortir. Avec un peu de chance, Nate et toi pourrez vivre pour raconter ce qu’il s’est passé.
Les portières se déverrouillent. Elles se ferment d’un claquement à en faire descendre les vitres. Et quand tu allumes le contact, quand tu te relèves la tête vers elle, ses yeux sont fixés sur vous. Milan gît à ses pieds. Les phares l’illuminent et la vision est épouvantable. Elle est rouge du sang de votre ami. De vos amis. Tu en as la nausée. Il faut partir.
Pardonne-moi Milan. Pardonne-moi de profiter de tes derniers instants pour être lâche. Pardonne-moi Andrea. Pardonne-moi Kees. Pardonne-moi Mica.
HRP : Elle profite que Serpent soit occupée avec Milan pour entrainer Nate jusqu'à sa voiture.
Tu ne ressens plus la douleur. Ou du moins, celle-ci te paraît futile ; ces images dans ta tête ne cessent de te couper le souffle. C’est à peine si tu arrives à réfléchir.
Mais alors que son discours s’allonge, une seule pensée se répète en boucle.
Nous n’avons pas choisi notre situation.
Nous ne l’avons pas choisi.
Nous sommes peut-être des erreurs de la nature, mais nous ne l’avons pas choisi.
Pourquoi nous punir ?
On réprimande un enfant lorsqu’il est volontairement méchant.
On aide un enfant dont la méchanceté est le seul moyen d’expression.
Nous ne l’avons pas choisi.
« C’est tombé du ciel ; Cursa… où que tu sois, je ne t’en veux pas.
Tu n’as pas fait de nous des erreurs de la nature. »
Tu dissocies alors que la scène se déroule face à toi, la douleur t’achèves. Tu laisses Fubuki te relever, t’emporter, te protéger à son tour - tu t’es tant démené pour obtenir un semblant de paix. Celle à laquelle tu aspirais chaque instant.
Maintenant, tu n’as plus rien.
Alors tu te glisses sur le siège passager, le sang dégoulinant sur ton visage ; tu ne la quittes pas des yeux. Elle, et ses griffes ensanglantées. Le sang de Milan, face contre terre. Le corps de Mica, et le souvenir de Kees ; tu ne les quittes pas des yeux.
– Fubu, démarre… partons, vite, le rythme de tes paroles semble dénaturé, tu ne t’exprimes plus qu’à travers la voix d’un robot, spécialement programmé pour ne plus réagir à quoique ce soit.
HRP – Il se laisse faire par Fubuki et observe la scène, à moitié en train de comater et la presse pour démarrer.
Ses yeux brillent dans la lumière des phares, elle vous sourit - vous fait un petit signe de la main, comme pour vous souhaiter bonne route, comme pour vous souhaiter de vous éloigner, vite, avant qu'elle ne décide de revenir vous tirer de la voiture.
Et puis finalement, alors que le moteur rugit, elle se dirige vers la forêt, disparaît entre les arbres.