Tu as tout vu.
Spectateur depuis le début de la tragédie, tu as toujours une vision sur le corps de Mica - tu ne l’as pas quitté des yeux, depuis tout ce temps. Son cadavre refroidi à vue d’oeil, sa peau blêmit. Tu ne l'oublies pas. Tu ne l'oublieras pas.

Tu as vu Kees se faire emporter par quelque chose que tu ne serais pas capable de décrire.
Observé la rage de son pouvoir.
Les cris d’Andrea.

À leurs côtés, où qu’ils soient, ton cœur a trouvé sa place.
Car tu ne sembles pas le sentir battre au creux de ta poitrine.

Quelque chose en toi a disparu.
Ta voix intérieure s’est stoppée depuis longtemps.
Il n’y a plus que ce silence impénétrable, ainsi qu’une douce pensée pour ceux que tu chérissais comme ta propre famille.

Une douce pensée qui dessine un dernier sourire bienveillant, détruit, aux coins de tes lèvres rosées.

Mica t’avait prévenu. Et tu t’y étais préparé.
Mais était-ce assez ?

Tu n’as plus qu’une envie : vivre. Vivre pour faire perdurer le souvenir de ton cercle, de tes amis. Vivre pour honorer leur mémoire. Vivre pour leur prouver qu’ils ne se sont pas sacrifiés en vain. Vivre pour protéger Milan et Fubuki, pour qui, toi aussi, tu donnerais ta vie s’il le fallait - car si tu meurs maintenant, qui le ferait ?

Vivre pour imiter Mica, Kees, Andrea. Être à la hauteur, périr authentique.

Alors, tu lèves la tête et plonge tes prunelles dans le regard de l’inconnue. Avec peine, tu te relèves doucement, une main sur le mur.

– Attends… s’il te plaît, ta voix se fait si douce, si frêle, si sincère qu’elle fait ruisseler de nouvelles perles de douleur sur tes joues. Tremblante, cette même voix reprend : dis-moi juste… Pourquoi tout ça ?

Une si grande violence se doit d’être justifiée. Tu veux tant savoir pourquoi tes amis sont morts, pourquoi il a fallu en venir jusqu’ici ; pourquoi n’a-t-elle pas discuté ? Pourquoi n’a-t-elle pas cherché à nous expliquer la raison de sa venue ? Que se passe-t-il, bon sang ?

Finalement, tu auras toujours cherché à comprendre.

HRP – Nate se redresse difficilement et décide de parler afin de comprendre ses intentions, ainsi que la raison de la mort de ses compagnons

Des images que même les mots ne sauraient exprimer ; mots dont tu te retrouves privé à tout jamais. Le chaos s’installe dans ton esprit, et voilà qu’elle te vole ton éternel sourire. Plus jamais. Plus… jamais, rien, plus rien. Ton visage s’éteint. Ton cœur se noie. Tu n’es plus. Tu ne seras plus, jamais.

Plus rien n’a d’importance.
Tu es mort.

Tu combats les nausées, tu te bats contre toi-même ; abandonne.
Ou peut-être pas encore.
Mais serait-ce plus judicieux ?

Tu te retrouves vide, incapable de réfléchir.
À tout vouloir comprendre, tu t’es tué.
Ou peut-être pas encore. Mais serait-ce plus judicieux ?

Pourtant, une pensée rémanente : Milan. Fubuki. La seule chose à laquelle tu peux encore t’accrocher - tu t’en persuades si fort.
Encore un peu.

Tu fais un pas sur le côté, pour te retrouver pile dans le champ de vision de l’inconnue ; entre Milan et elle, tu la fixes intensément, le regard VIDE. La voix qui résonne ensuite semble différente ; est-ce vraiment la tienne ?

Tu chuchotes, de sorte à ce que Milan ne t’entende pas ; rien qu’à elle, tu lui murmures ton vœu le plus cher. Le dernier vœu d’un homme détruit.

Tu penses à Mica, tu penses à Kees, à Andrea ; tu affrontes le même regard, le dernier qu’a entrevu Mica ; tu penses à tout ce qui tourne en boucle dans ta tête. Tu cherches désespérément à faire taire ces horreurs ; tu dois les protéger, les protéger d’eux-mêmes. C’est la seule solution.

Alors, sans même attendre une réponse de sa part, tu te tournes vers Milan. Tu fais un pas, puis deux, avant de t’écrouler à genoux devant lui (90), les mains agrippant son haut, la tête basse ; et tu le supplies, si fort, d’une voix… si faible.

– Milan… je t’en prie, tu es brisé, ta propre voix tombe en lambeaux.

Tu n’as plus de larmes à dépenser.
Tu n’as plus de force pour te battre.
Rien qu’une ultime lueur à trouver, à partager.
Pour les protéger d’eux-mêmes.

HRP – Nate chuchote quelque chose à l’inconnue avant de s’écrouler devant Milan. Dans un ultime effort, il use de son pouvoir pour l’empêcher de faire quoique ce soit. (75)

Pour la première fois de ta vie, tu ressens l’envie de tuer de tes propres mains.
Pour la première fois de ta vie, de la rancune s’installe dans ta poitrine.
Tu ne connais pas ces émotions négatives, ces pourritures qui grondent sous ta chair.

L’arrivée de Fubuki te fait bouillir ; c’est du suicide, il le sait, il ne raisonne plus, il met tout le monde en danger. Il ne réfléchit pas. Cette fois-ci, ce n’est pas une supplication qui sort de ta gorge, mais le silence total, amené par une rage sans nom ; une colère indescriptible.

Milan.
Arrête.
Arrête.
ARRÊTE.

Tu ne te reconnais pas.

Tu ne reconnais pas les jambes qui, dans une détresse que l’on ne soupçonnait pas assez, se redressent brutalement.
Tu ne reconnais pas les bras qui viennent arracher Milan de l’inconnue pour le jeter au sol, derrière toi (2). Et encore moins ces bras, qui viennent dégainer ces deux revolvers et planter une bille à bout portant dans chaque jambe de Milan. (11)

Une carcasse vide qu’est la tienne, qui continue de se mouvoir malgré la douleur. Malgré ces cris dans ta tête, ces visions d’horreur, visions d’enfer qui te mutilent une à une. Car elles ne sont pas terminées, et tu doutes qu'elles se terminent un jour.

Un dernier regard vers l’inconnu.
Une supplication, une dernière tentative de réaliser ton vœu.
Tu as tenu ta part du marché et pries pour qu’elle fasse de même.

– s’il te plaît, murmures-tu une dernière fois ; pourquoi reste-t-elle là, bien sagement ?

C’est un supplice bien trop lent pour toi. Tu n’en peux plus. Et ces jambes, qui te soulèvent par miracle, subissent le poids de la rage qui s’estompe aussi vite qu’elle est arrivée. Tu t’accroches, encore un peu, à son regard.
C’est pour son bien, pour le vôtre. Encore un peu.

HRP – Nate > ERROR 404 (attaque Milan).