Ils parlent. Et parlent encore. Ils parlent de choses que tu ne comprends pas. De personnes que tu ne connais pas. Tu as arrêté d’écouter. Tu n’y fais plus attention. Tu marches. C’est tout. Tu marches pour sortir d’ici. Tu n’as pas confiance en eux et c’est peut-être pour ça que tu es à l’arrière du wagon. Tu fermes la marche.Tu ne sais pas de quoi ils sont capables. Tu ne tiens pas à la découvrir. Tu te dis qu’ainsi, derrière eux, s’ils décident de t’attaquer, tu as une petite chance de t’échapper. Une petite chance de ne pas être prise par surprise. Non ? Toi ou eux. Toi ou eux. Ils doivent le savoir sans doute. Ils doivent attendre le bon moment. T’en sais rien. Tu cogites et tu flippes.

"Éliminez-les." Tu te figes. Ton sang se glace. Tu ne peux pas. Tu ne peux pas. Tu ne peux pas. C’était juste un réflexe. Un truc tout coup. Prendre son portable. L’allumer. Voir un message. Le regarder. Pendant un instant, tu as oublié. Tu as oublié qui tu étais. Où tu étais. Et tu as lu. Tu as lu ce que tu n’avais pas envie de lire. Tes mains tremblent. La nausée monte. Tu ne peux pas.

Tu sers les dents. Ton regard reste inexorablement braqué sur Kees, mais tu comprends bien qu'il n'apportera pas plus de réponse … tu ne connais pas ses raisons, Leith, seulement, plus ça va, et plus tu acquiert cette conviction qu'il est arrivé quelque chose de grave, et que ça ne les concerne pas eux seulement. Tu finiras par savoir, tu t'assureras de savoir quand le moment sera plus propice mais pour l'heure, tu n'es pas assez idiot pour continuer de tous vous ralentir avec des questions qui, surement, peuvent attendre.

Alors oui, ce regard que tu appliques sur l'artiste en dit long, il est probablement bien loin du regard bienveillant que tu t'acharnes à poser sur chacun des membres de ce cercle en règle générale, mais tu abandonnes assez vite. « Ça va. » Tu viens confirmer, après les paroles de Milan. Il n'y a plus le moindre mal, grâce à cette fille qui vous suit toujours, mieux éviter de débattre de ce qui a pu arriver précédemment dans ces galeries … « Continuons. On ne devrait pas s'attarder ici, peu importe ce qui se passe. »

((choix 6))

Les étoiles sont égoïstes. Les étoiles vous condamnent. Tu n’en as rencontrée aucune pourtant. Pas besoin. La situation dans laquelle tu es, dans laquelle vous êtes tous manifestement, le montre bien. Eliminez-les. Un ordre que l’on t’a donné. Un ordre que tu n’as jamais voulu. Tu te retrouves impliquée dans des choses qui te dépassent, des choses que tu ne comprends pas et que tu ne comprendras jamais sans doute. Des choses qui ne te regardent pas. On t’a enlevée à ta vie. On t’a enlevée à ton confort. Tout ça par égoïsme.

Ta gorge se noue et tes mains tremblent. Es-tu seulement capable de faire une telle chose ? Si tu n’as rien demandé, c’est pareil pour eux, n’est-ce pas ? Le doute emplit ton cœur. Le doute le fait déborder. Et puis les yeux d’Andrea. Ce regard auquel tu t’accroches comme à une bouée de sauvetage en pleine mer. La pression qui redescend un peu. Juste un peu. Il n’y a plus de questions, plus d’incertitudes. Elle est comme toi. Tu accélères le pas, rattrapes le groupe qui a déjà commencé à te distancer de peu pendant que tu regardais ce message qui te hantera encore longtemps. Power off. Tu éteins complètement ton téléphone. « … Merci. » Un murmure à l'italienne. Et un faible, oh si faible, sourire sur tes lèvres. Merci d’être là. Merci de me rassurer. Merci de bazarder une partie de mes peurs.

Avancer. Continuer. Ça se rapproche. L'espoir gonfle, doucement. Tu sens sa présence, tu mettrais ta main à couper et si ça ne te calme pas complètement, ça a au moins le don de t'apaiser un peu, de te pousser en avant et de te forcer à lâcher prise. Tu quittes Kees du regard, et tu fixes tes yeux droit devant comme un objectif à atteindre. Vous allez vous en tirer. Tous. Pour le reste, vous aurez tout le temps de vous en inquiéter ensuite.

((choix 1 : dé 18.))